Embrouille-moi si tu peux est un atelier destiné d'abord aux jeunes des maisons de quartier et centres socio-culturels de la Ville de Lausanne et qui sera disponible plus largement ensuite. Il vise à entraîner les participant·e·s à mener une enquête et se poser des questions à plusieurs sur la désinformation, le complotisme, ou les contenus avancés par les influenceurs et influenceuses sur internet et les réseaux sociaux. Le jeu est composé de trois épisodes distincts, Fact checking, Manipulation et Controverse. Il est disponible gratuitement depuis septembre 2024 auprès d'Atelier Sémaphore.
Embrouille-moi si tu peux est le résultat de l'union de savoirs du terrain socio-éducatif, de connaissances sociologiques, et d'expertise en médiation. Il a bénéficié de la participation de membres du Conseil des Jeunes de la Ville de Lausanne qui l'ont testé et amélioré et de la Maison de quartier des Faverges où il a été joué, permettant d'obtenir la preuve que le concept marche. Il est un bon exemple de recherche-action participative.
Au départ, trois défis majeurs ont été identifiés comme des conditions de succès du projet:
1. Développer une animation percutante capable de retenir l’attention des jeunes de 12 à 20 ans. Hors contexte scolaire, ces derniers∙ères sont en effet libres de ne pas participer et s'en aller si ils et elles n’y trouvent pas leur compte.
2. Fournir un jeu clé en main aux animateurs et animatrices socio-culturels qui ne savent pas toujours comment faire face aux questions des jeunes sur ce qu'ils et elles découvrent sur leur téléphone ou leur ordinateur (l'atelier répond clairement à un besoin).
3. Développer une animation aussi proche que possible de la réalité et des préoccupations des jeunes et qui soit formulé dans un vocabulaire qui leur est accessible.
La démarche a été initiée par le Bureau lausannois pour les immigrés (BLI) et de son directeur Bashkim Iseni, ancien étudiant et docteur de l'UNIL, et de Laura Regev, collaboratrice du BLI. Elle a reçu le soutien de la Police fédérale dans le cadre de son programme de prévention de la violence. Le jeu a été conçu avec le concours décisif du Délégué à la Jeunesse Tanguy Ausloos et de travailleurs et travailleuses socio-éducatifs de la Permanence Jeune Bordre (PJB), ainsi qu'avec celui de Caterina Martini et de son équipe d'Atelier Sémaphore.
Le rôle de l'UNIL a été de réunir l'expertise pertinente, avec la collaboration d'Olivier Glassey, de Sybille Rouiller et de Marc Audétat, de fournir des idées et de permettre de battre en brèche écueils et préjugés, comme par exemple le fait que les jeunes ne sont pas plus naïfs et perméables aux théories complotistes et aux infox qu'ils et elles croisent sur les réseaux que les autres générations, plutôt le contraire, ou que l'autorité scientifique ne suffit pas à convaincre.
Embrouille-moi si tu peux est jeu ouvert: il ne comporte pas de vérité préprogrammée. Il est collaboratif: il incite à ne pas rester seul·e devant son écran et les informations douteuses mais à enquêter et à les discuter. Le jeu est également compétitif: des équipes peuvent être mises en parallèle, qui marquent des points à chaque info correcte trouvée ou argument dévoilé. Le dernier volet du jeu montre que le débat vaut mieux que l'invective, même si on n’est pas d'accord. NB: il ne doit pas être joué sur des téléphones ou des ordinateurs individuels mais sur des machines ad-hoc qui sont ensuite nettoyées des traces numériques laissées par les pages consultées.