Les chercheuses d’aujourd’hui : Innovatrices de demain

Des parcours différents, une même passion

Sofie se compare à une exploratrice : "La science, c'est apprendre pour la société, découvrir des territoires inconnus." Après un doctorat sur le métabolisme des cellules cancéreuses, elle s'est spécialisée dans l'optimisation des réponses immunitaires contre le cancer.

Delphine, aujourd'hui postdoctorante, avoue qu'elle n'avait pas prévu cette trajectoire. "Je voulais être vétérinaire, mais après avoir échoué à l'examen, j'ai suivi les opportunités qui se présentaient à moi." Ce parcours fait d'imprévus ne l'empêche pas d'aimer son métier : "Il n'y a jamais deux jours identiques !".

Romane, quant à elle, a su très tôt qu'elle voulait devenir chercheuse. "Quand j'étais en primaire, mon médecin m'a parlé de la vaccination, et ça m'a fascinée !" Aujourd'hui, elle travaille sur le rôle des cellules T dans le cancer, avec une énergie et une créativité sans bornes.

Femmes et science : des avancées, mais encore du chemin à parcourir

Notre département se distingue par une représentation féminine bien au-dessus de la moyenne. En effet, 50 % de nos chercheur-se-s principal-aux sont des femmes, un chiffre qui reflète un engagement fort pour l’égalité des sexes et l’inclusion en milieu scientifique. Cet équilibre témoigne des efforts continus pour offrir des opportunités équitables et encourager les talents féminins dans la recherche.

Si ces chercheuses incarnent une nouvelle génération de scientifiques, elles sont aussi confrontées à des réalités encore difficiles. Les progrès en matière d'égalité des sexes dans le domaine scientifique sont visibles, mais parfois insuffisants.

Les trois chercheuses s'accordent à dire que la situation des femmes en science s'améliore, mais que des inégalités persistent. "On voit plus de femmes scientifiques, mais beaucoup abandonnent avant de devenir chercheuses principales, surtout celles qui fondent une famille", explique Sofie.

Romane reconnaît que des efforts sont faits mais estime que "l'égalité est un objectif encore lointain". Delphine, de son côté, pense que le manque de confiance en soi freine beaucoup de jeunes chercheuses.

Sortir du labo pour mieux avancer

L'isolement peut parfois être un frein à l'épanouissement des scientifiques. C'est pourquoi la mise en place d'événements favorisant les échanges entre chercheur-se-s est essentielle.

Toutes trois sont impliquées dans l'organisation d'un "Departmental Retreat", un événement destiné à favoriser les rencontres et collaborations entre tous les membres du Département d’oncologie fondamentale. "Notre département est divisé en plusieurs sites, et il est dommage que tant de scientifiques ne se connaissent pas !" explique Delphine. Romane espère que "cet événement permettra à chacun de mieux comprendre les travaux des autres". Toutes espèrent que cet évènement permettra de créer du lien et de renforcer les collaborations.

Quels leviers pour favoriser l'inclusion des femmes en science ?

Au-delà des initiatives individuelles, des dispositifs institutionnels sont nécessaires pour encourager l'accès des femmes aux carrières scientifiques.

L'une des solutions pour réduire les écarts est le mentorat. En Suisse, plusieurs programmes accompagnent les jeunes chercheuses, comme le Réseau romand de mentoring pour femmes. Ces initiatives offrent des conseils, du soutien et des opportunités de réseautage pour favoriser l'émergence de femmes leaders en science.

Un exemple inspirant est celui de Katalin Karikó, qui a partagé le Prix Nobel de physiologie ou médecine 2023 avec Drew Weissman pour leurs découvertes sur les modifications des bases nucléosidiques permettant le développement de vaccins à ARNm efficaces contre la COVID-19. Son parcours illustre à quel point la persévérance et l’innovation des femmes en science peuvent avoir un impact mondial.

Conseils à la jeune génération

Les chercheuses interrogées insistent sur l'importance de la persévérance et du réseau pour réussir dans le milieu scientifique.

Que diraient-elles à une jeune fille qui rêve de science ? "Poursuivre une carrière scientifique est un marathon", prévient Romane. Sofie insiste sur l'importance du travail d'équipe : "Travailler avec des collègues qu'on apprécie rend tout tellement plus motivant !" Quant à Delphine, elle rappelle qu'il y a toujours d'autres chemins possibles : "Si un projet échoue, d'autres belles opportunités vous attendent."

Si les femmes sont de plus en plus nombreuses à embrasser des carrières scientifiques, leur présence reste insuffisante aux plus hauts niveaux. Encourager les jeunes filles à poursuivre des études en sciences, mettre en place des politiques d’égalité et promouvoir le mentorat sont autant de leviers pour assurer une recherche plus inclusive et innovante. Car, comme le rappelle Delphine : "Il n'y a jamais deux jours identiques en science, et c'est ce qui rend ce métier si passionnant !"

Ressources et liens utiles

Réseau romand de mentoring pour femmes : unifr.ch/f-mentoring

Égalité femmes-hommes UNIL:  Égalité femmes-hommes - 

Women in Science Switzerland: https://wis-swiss.weebly.com/about-us.html

Livre: Women in Science Now | Columbia University Press

Article: Closing the scissor-shaped curve: Strategies to promote gender equality in academia

Compte à suivre: Women First