Le Nebelspalter zurichois (1875-1921). Au coeur de l'Europe des revues et des arts
Livre et PDF: Librairie Droz
Le Nebelspalter zurichois (1875-1921). Au coeur de l'Europe des revues et des arts
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Publiée de façon ininterrompue depuis 1875, le Nebelspalter, littéralement « (celui) qui fend le brouillard », est à présent la plus ancienne revue satirique au monde. De tout temps, et malgré une fortune changeante, son rayonnement a été considérable. Le périodique connait cependant des mutations qui en font un objet polymorphe, difficile à appréhender dans son entier. En 1922, la revue entame ainsi une deuxième phase de son existence. Le Nebelspalter, dont Ernst Löpfe-Benz reprend la direction après un demi-siècle de parution, est exsangue depuis la Première Guerre mondiale, et sa survie menacée. La nouvelle rédaction, désormais basée à Rorschach dans le canton de Saint-Gall, parvient à reconquérir un lectorat à l’aide d’une maquette épurée, de dessins incisifs, d’une forte implication dans les questions sociétales, d’un usage opportuniste du dialecte ainsi que d’une ligne éditoriale affirmée. Celle-ci est très agressive face au communisme, au fascisme et au nazisme, mais aussi à l’endroit des tentations hégémoniques des États-Unis. Cette stratégie, fondée sur un compromis entre rupture et continuité, est préservée jusqu’en 1953, où la revue bascule vers sa forme actuelle de magazine. À ce moment, le discours sur la guerre froide est calibré. Pendant toute cette période, le Nebelspalter s’assure une place singulière dans le champ culturel suisse, rivalise avec les grandes revues de l’espace germanique, participe à la circulation des modèles ainsi qu’à des réseaux électifs, et soutient un certain point de vue sur l’art. La revue présente ainsi une esthétique et un discours singuliers dans un univers européen des revues illustrées entièrement rénové après la Première Guerre mondiale.
Ce projet mené par Laurence Danguy, sous la direction de Philippe Kaenel, a pour but l’étude de la seconde phase historique du Nebelspalter de 1922 à 1953. Financé par le Fonds national Suisse pour une durée de quatre ans (2019-2023), il est rattaché à la section d’histoire de l’art ainsi qu’au Centre des sciences historiques de la culture de l’Unil. Il prend la suite d’un premier projet FNS/Unil consacré à l’étude de la phase fondatrice du Nebelspalter (1875-1921), dont les résultats ont été synthétisés dans une monographie publiée chez Droz en 2018.