Configuration EthoSpatiale (projet FNS)

Pour une nouvelle histoire littéraire subsaharienne de langue française

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Présentation

Cette recherche réévalue, dans le champ de l’histoire littéraire, les classifications et périodisations qui délimitent la catégorie "littérature subsaharienne de langue française". Cet ensemble qui se déploie depuis le début du XXe siècle est encore souvent décrit en recourant à des repères dont la présence est induite par une attache forte à l’histoire européenne et l’histoire littéraire française. Il s’agit de renouveler l’approche de ce corpus transnational, pour explorer de façon alternative ce qui lie une première esthétique culturaliste, dans un temps colonial, et celle de notre temps contemporain qui récuse les assignations identitaires. Le projet a une double dimension : une proposition théorique et la constitution de corpus. Cette mise à l’épreuve pourra conduire à son application à d’autres espaces culturels.

Contenu et objectifs du travail de recherche

La méthodologie articule la contextualisation historique et l’interprétation critique, pour configurer un siècle de création ne pouvant se réduire à un essentialisme auctorial ; le siècle est une entité contenant les "voix" multiples de la fiction aux rapports différenciés au continent africain et au monde : l’élaboration des corpus repose donc sur une proposition formelle, et non sur l’axe linéaire du siècle dont les dates désignent la perpétuation d’une domination structurelle. Le postulat théorique permet dans un premier temps le regroupement de textes et dans un second temps s’effectue la prise en compte de contextes de production et réception, ainsi que du statut de l’auteur. Les corpus constitués expriment une relation au monde "via l’Afrique", portée par une voix de la scène énonciative, aux formes plurielles dans son expressivité et sa désignation. L’ethos donné par le texte comme africain a un lien avec le continent, concret ou symbolique, ou se situe par rapport à un ailleurs.

Contexte scientifique et social du projet de recherche

Le projet de recherche s’inscrit au cœur d’un renouvellement de l’histoire littéraire de langue française. Le but est de renouveler l’identification de la catégorie "littérature subsaharienne de langue française", à partir de critères formels qui offrent une alternative à des essentialismes contestés, en faisant de la voix africaine dominante dans le texte, humaine ou non-humaine, et de sa relation à l’espace, l’élément nécessaire à la cohérence critique d’un siècle de création. Ce projet s’inscrit dans les débats contemporains visant une décolonialité de la recherche, avec des partenaires majoritairement en Afrique.

Travaux préalables

Depuis plusieurs années, Christine Le Quellec Cottier aborde dans ses recherches les enjeux de cette réécriture de l'histoire littéraire d'Afrique subsaharienne à partir de la notion d'ethos : voir en particulier l'article "Poétique et histoire littéraire : quand l'ethos donne le ton" (2017).

Mots-clefs
Littérature subsaharienne de langue française – histoire littéraire – ethos – espace – configuration ethospatiale – décolonialité

Équipe

Equipe du projet

Sous la supervision de Christine Le Quellec Cottier, le projet est porté par deux doctorant·e·s, un·e post-doctorant·e et 1 PAT chargé du suivi et de l'actualisation de la base de données. L'ensemble de l'équipe sera engagée dès la rentrée académique 2024.


Partenaires académiques du projet

  •  Yvette Abouga / Université de Yaoundé I, Cameroun : Gender studies, littérature de la migration, francophonie subsaharienne et des Antilles, territorialité et esthétique
    Maître de Conférences au Département de français de la FALSH, Y. Abouga, docteure de l’Université de Poitiers, est auteure de plusieurs contributions scientifiques dans les domaines des littératures francophones (Caraïbes, Afrique subsaharienne, Océan Indien), des théories postcoloniales, études féminines francophones, poétiques des frontières et du nomadisme. Elle est co-auteure de l’ouvrage collectif Francophonies nomades. Déterritorialisation, reterritorialisation et enracinerrance (Paris, L’Harmattan, 2021) et a participé au volume Africana (« Dialogue des corps ou l’érotisme au féminin. Du mutisme à la parole transgressive », 2022). Elle travaille à un essai intitulé : Insularités subversives. Les auteures antillaises de 1990 à 2020.
     
  • Markus Arnold / Université de Cape Town, Afrique du Sud : études postcoloniales, francophonie de l’Océan Indien, bande dessinée, Ecotones-configurations spatiales
    Professeur associé en études françaises et francophones, M. Arnold est titulaire d’un doctorat binational franco-allemand sur la littérature comparée/francophone, a enseigné à l’ENS Lyon, à l’ESA Réunion et à l’Université Réunion où il est chercheur associé (LCF EA4549). Ses activités de recherche portent sur les littératures et cultures francophones et anglophones (notamment Océan Indien et Global South), la théorie postcoloniale, la bande dessinée et le cinéma contemporain. Auteurs de nombreux articles et éditeur de plusieurs volumes collectifs, il a publié en 2017 la monographie La Littérature mauricienne contemporaine : un espace de création postcolonial entre revendications identitaires et ouvertures interculturelles (Berlin, Lit.). En 2020, il a co-dirigé Borders and Ecotones in the Indian Ocean. Cultural and Literary Pespectives (Montpellier, PUM) et prépare dans ce prolongement : Ecotones#7. Reconfiguring. Repurposing the city: urban ecotones in the Global South (2023).
     
  • Guillaume Bridet / Université Sorbonne nouvelle, Paris, France : histoire littéraire, francophonie subsaharienne, études postcoloniales, orientalisme
    Guillaume Bridet est professeur de littérature de langue française des XXe et XXIe siècles, membre de l’UMR THALIM et président de la SELF XX-XXI. D’abord spécialiste des avant-gardes françaises du premier vingtième siècle dans leur relation à la politique et aux discours de savoir, il inscrit depuis plusieurs années ses recherches dans le cadre des études postcoloniales et de la théorie de l’histoire littéraire. Il a ainsi récemment dirigé ou co-dirigé les ouvrages collectifs Passeurs, alliés et transfuges à l’époque coloniale (Paris-Pondichéry, Kailash, 2019), Décentrer le cosmopolitisme : enjeux politiques et sociaux dans la littérature (Dijon, EUD, 2019), Dynamiques actuelles des littératures africaines : panafricanisme, cosmopolitisme, afropolitanisme (Paris, Karthala, 2018), ainsi que le n° 194 de Littérature, "Le contexte en question" (juin 2019).
     
  • Adama Coulibaly / Université Houphouët-Boigny, Abidjan, Côte d’Ivoire : littératures migrantes, postmodernisme, périodisation, littérature et cinéma
    A. Coulibaly a soutenu son doctorat d’État ès Lettres et Sciences humaines à Abidjan en 2007 et pour ses recherches sur l’œuvre de T. Monénembo, il a été boursier de l’AUF au Canada (2005 et 2010). Professeur titulaire de Lettres modernes (CAMES dès 2013) et Doyen de l’UFR Langues Littératures et Civilisations depuis 2016, il a été directeur du GRATHEL (Groupe de Recherche en Analyses et Théories littéraires, 2013-21) et il est membre du LLITEC. Auteur de nombreux articles en peer-review (Europe, Amérique du Nord Afrique francophone), il a aussi publié Des Techniques aux stratégies d’écriture dans la création romanesque de Tierno Monénembo (2011) et Le Postmodernisme et sa pratique chez les romanciers francophones en Afrique noire (2017). Dans la Revue des Lettres Modernes a paru son dossier « Routes et dé-routes dans les fictions francophones subsahariennes » (2023).
     
  • Claire Ducournau / Université Paul Valéry-Montpellier 3 et IUF : littérature et médias, réception, sociologie de la littérature et histoire littéraire
    Claire Ducournau est membre junior de l’Institut universitaire de France, sociologue et maîtresse de conférences dans le département de lettres modernes de l’Université Paul-Valéry - Montpellier 3. Membre du centre de recherches RIRRA21 (EA4209), elle est une ancienne élève de l’ENS de Lyon, agrégée de lettres modernes, docteure de l’EHESS. Elle mène ses recherches sur les littératures et les médias d’Afrique (production, réception et reconnaissance), au prisme des rapports sociaux de sexe, de race et de classe. Autrice de La Fabrique des classiques africains. Écrivains d’Afrique subsaharienne francophone (1960-2012) (CNRS éditions, 2017), elle a dirigé plusieurs dossiers de Études littéraires africaines, consacrés aux liens "presse et littérature" (47,48 et 51), et avec G. Sapiro et T. Leperlier, "La littérature au-delà des nations", un hommage à Pascale Casanova (COnTEXTES, n°28).
     
  • Fernand Nouwligbèto / Université d’Abomey-Calavi, Bénin : genre théâtral ; histoire littéraire ; champs littéraires
    Chef du Département des Lettres Modernes à la FLLAC, F. Nouwligbèto est maître de conférences des Universités du CAMES, option études théâtrales, et auteur de plusieurs articles parus dans des revues scientifiques, tant au Bénin qu’au niveau international. En 2016, il publie Théâtre béninois : logiques marchandes et enjeux esthétiques (CIREF, Cotonou). En 2021 paraît à Cotonou A chaque jour suffit son théâtre (essai biographique sur Lazare Houétin : de la brousse africaine aux gratte-ciels d’Amérique) et il est le co-éditeur scientifique de Écritures, sociétés et imaginaires (Cotonou, éd. des Diasporas, 2021). Lauréat de plusieurs prix en littérature et en journalisme, il a également publié des œuvres de fiction.
     
  • Bacary Sarr / UCAD-Dakar, Sénégal : histoire littéraire ; littérature belge ; forme romanesque ; études postcoloniales
    Maître de conférences en Littérature comparée et Francophonie, B. Sarr est aussi Directeur des études de l’Institut Supérieur des Arts et des Cultures, associé à l’UCAD. Ses recherches sur les littératures francophones (Afrique subsaharienne, Belgique, Suisse romande) ciblent les imaginaires en contexte de marginalisation. Parmi ses publications : "Le sujet intellectuel africain dans la traversée des savoirs africains locaux et occidentaux : […]", Africa Nko. La bibliothèque coloniale en question/Debating the colonial library (Présence Africaine, 2022, p. 839-857) ; "L’intellectuel africain, un carrefour de savoirs dynamiques. Des préfaces de Jean-Paul Sartre à ‘la bibliothèque coloniale’ de Mudimbé. Repenser les hybridités épistémologiques des imaginaires dans l’Afrique en devenir", Cahiers du Séminaire d’Esthétique, PUD, n° 3, 2019, p. 169-184) et Imaginaire de l’insolite et problématique identitaire dans les lettres belges francophones. Un nouveau fantastique ? (Liège, PUL, 2021).
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Poste au concours

Dans le cadre du projet, la Section de français de la Faculté des lettres de l’Université de Lausanne met au concours un poste de doctorant·e FNS.

Responsable :
Christine Le Quellec Cottier
Entrée en fonction :
1er septembre 2024
Durée du contrat : 1 an, renouvelable pour 3 ans
Taux d’activité : 100%

Délai de postulation : 19 avril 2024

Postulations en ligne via le descriptif du poste.

Contact

Christine Le Quellec Cottier
Anthropole, bureau 3177
Tél. +41 (0)21 692 29 45
peall@unil.ch

CV académique 2024  (299 Ko)

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