PRESENTATION
Cette correspondance est un document d’histoire littéraire de premier plan. Il fournit d’une part de précieuses informations sur la vie des années 1940 à 1975 en Suisse romande, et suscite d’autre part réflexion en matière de littérature, notamment sur le lien entre cette « province française qui n’en est pas une » (Ramuz) et ce qui se joue à Paris. Il soulève enfin des questions culturelles à plus large échelle, d’ordre économique et social. Nous avons là ce que les historiens appellent des « archives de la vie privée ». Apprenant par exemple le choix de Corinna Bille de vivre seule, en 1944, à Lausanne pour la naissance du premier enfant alors qu’elle est toujours mariée ailleurs, le lecteur découvre comment une femme démunie peut rester coquette et suivre les conférences savantes de Charles Albert Cingria sur la musique médiévale ; puis, mère au foyer de trois enfants en Valais, région de tradition très catholique, comment elle parvient à se ménager une fenêtre dans sa journée pour écrire. Les différends entre les deux époux au sujet de l’alimentation et de l’éducation sont d’autres éléments aussi passionnants.
Elle, Corinna, rêve d’une « chambre à soi » (selon l’expression de Virginia Woolf) mais aussi de voyages lointains. Lui, Maurice, toujours sur la route, passe de périodes de grande vitalité à des moments d’abattement et de mélancolie. La lettre devient une méditation qui lui permet de s’expliquer. Ce qui frappe, c’est la continuité et la longévité dans l’attachement.
A l’interface de la vie privée et publique, le genre de la correspondance se lit autant comme un documentaire que comme une fiction romanesque, en tout cas pour ce qui est de cette exceptionnelle saga conjugale.
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PRESENTATION
Que se passe-t-il quand les écrivains (et les artistes en général) sont appelés à se produire «en personne» devant un public? Quel est l’impact sur le champ littéraire de la tendance à une spectacularité généralisée, à l’ère médiatique moderne? Quel impact ces formes d’incarnation des auteurs ont-elles sur la lecture? Comment, dans un tel dispositif, redéfinir la complexité de la notion d’«auteur»? Enfin, quel enjeu y a-t-il à envisager la littérature comme une activité, plutôt que comme un corpus inerte de «textes»? À travers des figures aussi diverses qu’Arthur Cravan, Henri Calet, L.-F. Céline, Michel Houellebecq, Annie Ernaux, Gaston Cherpillod, Richard Millet, Jean d’Ormesson, Jean-Philippe Toussaint, Noëlle Revaz, Edouard Louis, Jean-Pierre Rochat ainsi que celles de slameurs contemporains, cet essai examine l’activité littéraire et son dispositif complexe, l’exposition médiatique des auteurs et leur statut de «marque» éditoriale.
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Parcourant les écrits de Jean-Jacques Rousseau, Jules Vallès, Louis-Ferdinand Céline, C. F. Ramuz, Vercors et Annie Ernaux, La Fabrique des singularités ajoute un second volet aux Postures littéraires (2007). Le premier volume a ouvert un important terrain de recherches et donné lieu à des colloques, des traductions ainsi qu'à des publications en France, Belgique et au Québec. De nouvelles études de cas enrichissent et précisent les modes de singularisation des auteurs, en observant le déploiement de leur discours sur la scène littéraire. Plusieurs biais d'interrogation traversent cet ouvrage, au gré d'articles réunis et de textes inédits: Quels sont les cadres qui régissent l'énonciation littéraire dans la modernité? Comment les auteurs se singularisent-ils au sein des discours littéraires? Quel est l'impact de la médiatisation des écrivains sur leurs pratiques et leur rapport aux publics? De quelle manière le traitement des genres et des styles participe-t-il de la pluralité des postures auctoriales? En quoi le corps physique des écrivains est-il engagé dans leur présentation de soi?
PRESENTATION
Dans la modernité émerge et s'individualise la figure de l'auteur, livré à la curiosité biographique d'un public croissant. Présent sur la scène littéraire, décrit et jugé par ses pairs comme par des anonymes, l'auteur assume désormais une présentation de soi qui constitue ce que nous nommons sa posture. Systématisée dans les recherches de Jérôme Meizoz depuis plusieurs années, reprise et discutée depuis par plusieurs spécialistes, cette notion s'avère stimulante pour comprendre non seulement le statut et les représentations de l'auteur moderne mais aussi les transformations de ceux-ci et leur impact sur l'ensemble de la pratique littéraire.
Qui rend publics ses écrits impose une image de soi qui s'écarte souvent de ses coordonnées civiles, comme en témoigne le recours au pseudonyme chez L.-F. Céline, Julien Gracq, Romain Gary ou San-Antonio. Le pseudonyme marque une nouvelle identité énonciative, dont la validité et l'efficace se jouent sur la scène littéraire.
En dix chapitres, cet ouvrage de sociologie littéraire propose une réflexion sur l'auteur et ses diverses postures. Diverses études de cas sont proposées, de Rousseau à Stendhal, de Péguy à Ramuz et Giono, de L.-F. Céline à Cingria et Aragon sans négliger plusieurs ouvertures vers des écrivains contemporains comme Pierre Michon ou Michel Houellebecq.