De la quête des règles au discours sur les fins

Les mutations des discours sur l'art en France dans la seconde moitié du XVIIIe siècle

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la théorie de l'art telle qu'elle s'était constituée autour des milieux académiques connaît une remise en cause, ou plutôt se voit réduire à une place secondaire en raison de l'émergence de trois types de discours fondés sur d'autres préoccupations. Les discours philosophiques, historiques et critiques semblent beaucoup plus pertinents pour rendre compte de la production artistique qu'une réflexion sur les règles à tirer de grands modèles. Le colloque qui se tiendra à l'Université de Lausanne, au Centre allemand d'Histoire de l'art à Paris et à l'Académie de France à Rome devrait permettre d'étudier les causes, les formes, les modalités et les limites de cette mutation.

Afin d'éviter une dispersion des communications, la théorie de l'art en langue française sera privilégiée, mais en y intégrant les nombreuses traductions dans cette langue d'importants textes étrangers (naturellement Gessner, Winckelmann et Reynolds, mais aussi des textes plus anciens comme ceux de Lairesse) et les publications en français issues d'autres pays.

Indépendamment de l'enrichissement qu'offrira la multiplicité des approches de spécialistes de diverses disciplines (historiens d'art, philosophes, historiens de la littérature), une bibliographie aussi exhaustive que possible sera établie, permettant de faire des Actes un instrument de travail de base. Afin de rendre les discussions fructueuses, il n'y aura pas plus de trois ou quatre communications de 45 minutes lors de chaque demi-journée.

Vu la richesse du thème, le colloque sera divisé en trois sessions séparées qui auront lieu dans trois villes différentes (Lausanne, Paris et Rome). Une visite sera organisée à l'issue de chacune des sessions, au Château de Coppet, au Palais Beauharnais à Paris, et à la Villa Albani à Rome.

Comité scientifique

  • Christian Michel, Professeur Ordinaire d'histoire de l'art Université de Lausanne
  • Thomas Gaehtgens, Directeur du Getty Center, Los Angeles
  • Jacqueline Lichtenstein, Professeur de Philosophie Université Paris IV-Sorbonne
  • Marc Bayard, Chargé de mission Académie de France à Rome

Théorie de l'art et esthétique (Lausanne, Section d'histoire de l'art 14-16 février 2008)

La naissance de l'esthétique, comme discipline philosophique, marque l'avènement d'un nouveau type de discours sur l'art qui rompt avec la théorie de l'art et l'héritage de la tradition rhétorique et poétique. L'esthétique philosophique construit son discours à partir des principes et non des oeuvres. Si elle peut prendre encore chez certains auteurs la forme d'une métaphysique du Beau, elle se caractérise essentiellement par l'intérêt porté à la question des conditions de possibilité et donc de validité du jugement esthétique. 

Théorie de l'art et critique d'art (Paris, Centre allemand d'histoire de l'art 10-12 avril 2008)

Liée au développement de la presse et donc d'un nouveau public, la critique, qui se manifeste principalement autour des Salons, a cette double particularité, par rapport à la théorie de l'art, de se rapporter à des oeuvres contemporaines et de fonder son discours sur la prééminence du sentiment sur les règles.

Théorie de l'art et histoire de l'art (Rome, Académie de France à Rome)

Face à la théorie non normative, qui était plutôt un discours reposant sur une expérience et destinée à faciliter la pratique par la découverte de règles internes de l'art, l'histoire de l'art en constitution, rompant avec la science antiquaire, cherche à établir une ligne générale, voire un sens de l'évolution en construisant un récit sélectif qui élimine une part de la production antérieure et qui définit des siècles glorieux et des siècles de décadence. L'histoire devient ainsi un outil pour produire une régénération.

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