Ne sachant pas trop par où commencer, tant il y a de choses à dire, je vais tout d’abord me présenter. Je suis Léonard Bourrecoud, étudiant à l’Université de Lausanne en Allemand et Histoire et je suis parti étudier une année à l’étranger, à Cologne, en Allemagne.
Depuis quelques années, des ami.e.s, des connaissances et des membres de ma famille me vantaient les mérites d’une année à l’étranger, chacun.e d’entre eux me racontant leurs soirées, leurs rencontres et des anecdotes, toutes plus incroyables les unes que les autres. Je vais m’efforcer ci-dessous de vous faire part de mon expérience, il s’agit de mon expérience personnelle et donc totalement subjective. Il est évident que l’utilisation du « on » n’englobe que ceux qui souhaitent en faire partie.
Je crois que personne ne vit le même Erasmus, chacun.e d’entre nous a le pouvoir de choisir de quelle manière il décide de vivre le sien. Une année à l’étranger procure cette sensation de pouvoir tout recommencer à zéro ou presque. Loin de nos parents, loin de nos amis, de nos habitudes, libérés en quelque sorte, tout s’ouvre à nous. Dans ce processus, les premiers mois sont cruciaux, c’est comme les premières pages d’un livre, ils détermineront en grande partie la suite.
Durant ces deux ou trois premiers mois, seul pour la plupart du temps, on trouve petit à petit ses marques. Au début on se force à sortir, à voir du monde, on s’intéresse encore poussé par cet élan du nouveau. On s’émerveille pour un rien, on est assoiffé de dépaysement. Deux semaines déjà suffiront à étancher cette soif. Inévitablement on commence à se poser des questions. Pourquoi notre réalité ne correspond-elle pas à ce qu’on nous avait raconté ? Ai-je fait quelque chose de faux ? On se dit qu’on serait mieux chez soi, avec ses parents, son chat, ses habitudes. Bien sûr on va à l’université, bien sûr les cours sont intéressants, évidemment qu’on progresse en allemand, mais on ne fête pas. Nos anecdotes ne sont pas aussi incroyables. En tous les cas, pas comme on nous les avait racontées. Le doute s’installe. Que faire ? Attendre activement, en persévérant, en ne lâchant rien, en croyant à ses convictions et à sa ligne que le temps fasse son effet.
Puis, il se passe quelque chose, comme un déclic, presque imperceptible. On s’habitue, on accepte, on s’attache, appelez ça comme vous voulez, mais on réalise petit à petit que cette vie qu’on s’est efforcés de construire pièce par pièce nous plaît. Tout n’est pas encore parfait, rien ne le sera jamais vraiment, mais on se sent mieux.
On commence à se réjouir d’événements à venir, à sourire en pensant à une discussion qu’on a eue la veille, à esquisser des projets avec ces personnes qui étaient il y a quelques mois encore de parfaits inconnus. Ça évolue. Puis l’air de rien, un beau matin, on reçoit un message, quatre mots : « Wie geht es dir ? ».
Dès lors on se rend compte que nos anecdotes n’ont rien à envier aux autres, que nos soirées non plus et, plus important encore, on se sent grandi. On se réjouit chaque jour un peu plus du lendemain, on oublie chaque jour un peu plus notre vie suisse. Cette dernière s’éloigne lentement, s’embrume. Parfois elle vous revient plein la figure, mais jamais pour bien longtemps. Passé ce stade on devient conscient que notre quotidien est ici, on se sent moins étranger, on se fond dans le pays. Ce n’est que passé ce stade qu’on commence pleinement à profiter. Ces sentiments, on ne peut les comprendre sans les vivre.
L’université nous offre la possibilité de vivre toutes ces émotions en plus de continuer à progresser dans notre cursus. Il va sans dire que d’un point de vue purement universitaire, le bouleversement est plus que conséquent, aussi bien d’un point de vue des cours que du fonctionnement global de l’université. On est amené à travailler avec des profs et des étudiant.e.s qui ont un cursus totalement différent du nôtre, on en ressort captivés et enrichis. Par bien des aspects, une année dans une université à l’étranger est quelque chose d’unique, apte à bouleverser une vie entière. À remettre en question toutes ses convictions, ses croyances et ses propres envies. Il ne tient qu’à vous de faire le pas.
Léonard Bourrecoud, Université de Cologne
-----
Partir en Erasmus était une évidence. Après neuf ans d’apprentissage de l’allemand, plus deux ans de cours au Centre de langues de l’Unil, je n’arrivais pas me satisfaire de ces quelques phrases apprises par cœur et de cette hésitation constante entre l’accusatif et le datif – ou bien nominatif ? Bref, j’ai très vite pris la résolution de partir en échange et j’ai donc passé ma troisième année de Bachelor à Berlin.
Si l’objectif premier était d’apprendre la langue, j’ai vite réalisé qu’un séjour à l’étranger impliquait bien plus. Premièrement, on découvre certaines particularités culturelles de la région (la relation que les allemand.e.s entretiennent avec la bière peut parfois être déroutante) et on fait le compte de toutes les petites choses qui nous manquent (les allemand.e.s n’ont aucune capacité à apprécier le vin, qu’ils aiment tiède et acide). Une fois ces premiers instants passés et plus ou moins bien digérés, on prend la mesure des différences dans la manière d’appréhender le monde : comment l’Union européenne est-elle perçue au quotidien en dehors de la Suisse ? Comment la Suisse et les suisses sont-ils perçus ? De nombreuses petites différences que l’on ne remarque que peu à peu (les allemand.e.s considèrent, au contraire de la plupart des suisses, que l’Union européenne est ce qui a été fait de mieux depuis 1950 ; certainement que les Grecs ou les Espagnols tiendraient un discours un peu moins enchanté). Enfin, on tisse des liens dont certains se révéleront, plus tard, plus solides qu’on ne l’imaginait.
En résumé, mon échange ne m’a pas apporté énormément de connaissances académiques sur mon sujet d’étude (l’Histoire contemporaine et le Français). Cependant, il m’a permis de comprendre ce qu’adopter un point de vue différent signifiait vraiment, ce qui n’a pas de prix pour la suite de mon parcours académique. De plus, mon séjour à la Humboldt Universität m’a montré une tout autre manière de concevoir l’Université, plus romantique et plus réaliste à la fois, et une autre façon d’envisager la relation entre étudiant.e.s et enseignant.e.s, ce qui m’a notamment poussé à m’investir au sein de l’institution. Enfin, en apprenant l’allemand, j’ai acquis une maîtrise de la langue – surtout écrite – qui m’est utile quotidiennement dans mes études et qui me donne ainsi une plus grande liberté de mouvement.
Si je devais le recommander à quelqu’un ? Définitivement. Mon Erasmus est ce qui m’est arrivé de mieux durant mes études.
Séveric Yersin, Université Humboldt, Berlin
-----
J’ai passé l’année académique 2015-16 en mobilité à Göttingen, une ville au centre de l’Allemagne. J’y ai étudié mes trois branches de Bachelor : l’allemand, la philosophie et l’histoire (en option). À vrai dire, je n’avais pas prévu à la base d’étudier autant l’histoire que mes deux autres branches ; mais par le jeu des crédits à valider, j’ai été plus ou moins contraint de faire plusieurs séminaires à Göttingen en histoire.
Etudier l’histoire à Göttingen a été une bonne expérience pour moi. Un séminaire sur « Qu’est-ce que la religion ? » en particulier a été plutôt révélateur : jusque-là, je pensais l’histoire dédiée à l’étude d’autres objets. Mais selon toute vraisemblance, l’histoire a aussi la possibilité de s’ouvrir à des questions d’un ordre plus vaste.
Sur les plans académiques et formels, aller à Göttingen pour y étudier l’histoire est plutôt une bonne idée.
Romain Fardel, Université de Göttingen