Prix Widmer-Beaud

Le prix

Ce prix est décerné dans le domaine des médias et de la communication et honore la mémoire des Professeurs Jean Widmer (1946-2007) et Paul Beaud (1942-2007), deux éminents sociologues suisses des médias, de la communication, de la culture et de l’espace public.

Les candidat·e·s

Le prix récompense un·e candidat·e qui signe individuellement un article ou un chapitre de haute qualité paru dans une publication scientifique (peer revue, périodique, ouvrage collectif), et apportant une contribution significative à la réflexion sur la communication, la culture, les médias, les médiations ou l’espace public. La contribution est rédigée en français, allemand, italien ou anglais.

Le prix décerné s’accompagne d’un montant de CHF 1’000.-.

Les conditions de participation

Le ou la candidat·e est (ou a été) un·e doctorant·e au moment de la parution (ou de l’acceptation) de son article. Il ou elle est (ou a été) inscrit·e en thèse de doctorat dans une université suisse et/ou son travail porte spécifiquement sur la Suisse.

L'article soumis au concours doit avoir été publié pendant les deux années civiles précédant l'année de l'attribution du prix alors que le ou la candidat·e effectue (ou effectuait) sa thèse.

Réglement relatif à l'attribution du prix Widmer-Beaud

Biographies

Jean Widmer

Jean Widmer (1946-2007) a enseigné pendant plus de vingt ans la sociologie de la communication et des médias à l’Université de Fribourg. Après une thèse intitulée « Langage et action sociale: aspects philosophiques et sémiotiques du langage dans la perspective ethnométhdologique » et soutenue en 1980, il fut nommé professeur de sociologie de la communication et des médias, tout en travaillant en parallèle pour l’administration fédérale. Pionner dans l’introduction des recherches ethnométhodologiques dans le monde francophone, il en a tiré la conviction que le langage se situe au cœur de la vie sociale et a développé une démarche d’enquête pour rendre compte de la dimension instituante du langage.

Les médias de masse constituaient le cœur des investigations empiriques de Jean Widmer. Ce dernier les appréhendait comme une médiation centrale par laquelle les sociétés modernes se donnent à voir en tant que telles et réfléchissent collectivement. Les médias de masse sont une entrée éclairante pour étudier comment les collectivités politiques affrontent et tentent de résoudre les problèmes publics qu’elles se posent. Dans cette perspective, Jean Widmer n’a eu de cesse de s’interroger sur la manière dont les Suisses et les Suissesses produisent leur identité collective, en multipliant les enquêtes sur les « scènes de la drogue », sur le rôle de la Suisse durant la Deuxième guerre mondiale, sur la gestion du plurilinguisme et sur le rapport aux langues nationales.

Jean Widmer se caractérisait par un esprit particulièrement généreux, une grande imagination sociologique et une rigueur analytique des plus exigeantes. A travers ses enseignements et son accompagnement, il a formé de nombreux chercheurs et chercheuses qui se revendiquent encore aujourd’hui de son héritage. Décédé prématurément en 2007, Jean Widmer a légué une démarche sociologique à la fois féconde et originale pour rendre compte des « cultures politiques » en action.

Bibliographie choisie :

  • Widmer, J. (1986). Langage et action sociale. Aspects philosophiques et sémiotiques du langage dans la perspective ethnométhodologique. Fribourg : Éditions Universitaires.
  • Widmer, J. Fradin, B. & Quéré, L. (1994) (dir.). L’enquête sur les catégories : de Durkheim à Sacks. Paris : Éditions de l’EHESS.
  • Widmer, J. (1997) (dir.). Drogen im Spannungsfeld der Öffentlichkeit: Logik der Medien und Institutionen. Bâle : Helbing und Lichtenhahn, 1997
  • Widmer, J. & Eberle, T. (2003) (dir.). Sociologies interprétatives. Revue suisse de sociologie, 26 (3).
  • Widmer, J. (2004). Langues nationales et identités collectives. L’exemple de la Suisse. Paris : L’Harmattan.
  • Widmer, J. Coray, R. Acklin Muji, D. & Godel, E. (2004). Die Schweizer Sprachenvielfalt im öffentlichen Diskurs. La diversité des langues en Suisse dans le débat public, Berne : Peter Lang.
  • Widmer, J. (2010). Discours et cognition sociale : une approche sociologique. Paris : éditions des archives contemporaines.
Paul Beaud

Paul Beaud (1942-2007) fut professeur de sociologie des médias et de la communication à l’Université de Lausanne. Après des études à l’Ecole pratique des hautes études à Paris, il a soutenu une thèse à l’Université de Lausanne en 1984, avant d’y faire l’ensemble de sa carrière académique. Cofondateur de la revue Réseaux en 1983, il a grandement participé au développement de la sociologie de la communication dans le monde francophone, tout en défendant son inscription dans une analyse plus large des transformations sociales.

Dès sa thèse, La société de connivence, Paul Beaud a développé un ambitieux programme de recherche autour d’une « sociologie des médiations ». Par ce terme, il désignait ces formes de représentation que les sociétés modernes produisent d’elles-mêmes et qui se retrouvent dans une multiplicité d’objets, à l’instar du jeu d’échec, du dictionnaire, du disque ou encore du chant grégorien. Pour Paul Beaud, aucun phénomène n’était secondaire : toute actualité et tout objet pouvait révéler un enjeu social fondamental à étudier. La tâche du sociologue consiste alors à suivre les médiations sociales et techniques pour montrer comment elles hiérarchisent les visions du monde en établissant des normes dominantes et en participant à la production des inégalités sociales.

Professeur très érudit, Paul Beaud a développé une pensée critique, curieuse et généreuse radicalement antidogmatique. Il encourageait souvent ses étudiants et étudiantes à « prendre le livre à côté », lorsqu’ils et elles allaient chercher un ouvrage à la bibliothèque. Ses enseignements, particulièrement appréciés, étaient toujours l’occasion de partager ses réflexions en cours et son enthousiasme d’insatiable enquêteur. Décédé d’une maladie soudaine en 2007, il laisse en héritage une sociologie générale indisciplinée des médiations, à savoir tout ce qui se trouve « entre » les humains et les non-humains.

Bibliographie choisie :

  • Barbier-Bouvet, J.-F., Beaud, P. & Flichy, P. (1979). Communication et pouvoir: Mass media et media communautaires au Québec. Paris : Anthropos.
  • Beaud, P. (1984). La société de connivence : médias, médiations et classes sociales. Paris : Aubier Montaigne.
  • Beaud, P., Flichy, P., Pasquier, D. & Quéré, L. (1997) (dir.). « Sociologie de la communication », Réseaux, vol.1(1).

Formulaire de candidature pour le prix Widmer-Beaud

Envoi des données

Délai de soumission : 15 février 2025

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