(Im)mobilités urbaines et lieux intermédiaires à Fuzhou. Portrait(s) d'une ville en mutation
Sous la direction de A.-C. Trémon (EHESS)
Cette thèse, réalisée dans le cadre du projet de recherche FNS intitulé « Public Goods in Urbanising China », vise à examiner les processus d’approvisionnement des biens et services publics dans un ancien « village-dans-la-ville » (chengzhongcun) converti en communauté urbaine (shequ) dans la ville-préfecture de Fuzhou, Fujian chinois. Ces communautés urbaines, anciennement rurales, ont subi d’importantes transformations avec l’accélération du développement urbain dès la fin des années 1990. En documentant la vie d’un certain type de biens publics au moyen de l'approche biographique (Appadurai 1986 ; Kopytoff 1986), ainsi qu'en analysant les processus liés à leur approvisionnement (Narotzky 2005), ce travail vise à rendre compte de l’évolution à travers le temps de la notion de « bien public », contribuant ainsi à la discussion sur l’« économie morale ».
Transposé dans un contexte sinophone, le concept de « bien public » peut être décliné en plusieurs expressions désignant tant des aspects relativement concrets, comme les « biens publics » (gonggong wupin), les « infrastructures publiques » (gonggong sheshi), ou encore le « service public » (gonggong fuwu), que des notions plus abstraites comme les « affaires publiques » (gongyishiye), ou le « bien commun » (gongyi).
À l’issue d’un travail de terrain de 16 mois, ces différentes notions seront traitées en tenant compte de deux franges de population en particulier – à savoir, les « villageois·es d’origine » (yuancunmin) et les résidents·es issu·e·s de la migration (wailairen). L’étude des conditions de cohabitation et d’accès aux biens publics de ces deux catégories permettra alors d’examiner plus en détail les formes plus ou moins visibles de mobilités, à la fois physiques et sociales, engendrées par le développement du réseau urbain et des nouvelles formes de gouvernance sur l’ensemble de la ville-préfecture.
En outre, ce travail propose d’analyser le lien entre mobilité et sécurité dans le développement des infrastructures publiques à différentes échelles : locale, régionale et transnationale, compte tenu du contexte particulier de tensions et de revendications identitaires au cœur des relations interdétroit.