Gatignol Lucas

Les périphéries de la servitude. Migrations et travail aux Seychelles

Sous la direction de Mark Goodale, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne et Anne-Christine Trémon (EHESS) 

Cette thèse porte sur des migrations de travail internes à l’archipel seychellois (ouvriers agricoles migrant vers des îles périphériques) et internationales (employées domestiques migrant au Moyen-Orient) ayant eu lieu durant les dernières décennies de l’époque coloniale (1950-1970s). Basée sur un travail de terrain de 13 mois non consécutifs chez des familles seychelloises, ce travail propose une perspective historique et s’appuie à ce titre sur des données de différents types : observation ethnographique, entretiens biographiques, travail d’archives.
Au niveau théorique, les différents axes retenus reprennent différentes conceptions et approches liées à la question de la reproduction sociale. 
Un premier axe porte sur la question de la reproduction du capitalisme. L’enjeu est ici de caractériser la singularité du capitalisme tel qu’il opère aux Seychelles, en l’occurence il est ici question d’un capitalisme de plantations très dépendant du travail servile. Cette partie traite des enjeux liés à sa reproduction depuis l’abolition de la traite et du rôle des migrations de travail dans le renouvellement de cette main d’oeuvre servile. Le régime de travail particulier à ces migrations invite notamment à questionner la distinction entre travail forcé et salariat. 
Un deuxième axe est consacré à la reproduction sociale au sens des institutions et dispositifs consacrés au renouvellement d’une main d’oeuvre opérationnelle. Compte tenu de la quasi absence de politiques de prise en charge collective durant la période coloniale, cette partie est essentiellement consacrée à la façon dont les compagnies privées assuraient la survie d’une partie marginalisée de la population. Le régime particulier des migrations de travail était caractérisé par la prise en charge des besoins élémentaires des travailleurs le temps du contrat (logement, nourriture, etc). Les facteurs de marginalisation ainsi que les limites de cette prise en charge par l'employeur sont ici questionnés.
Un troisième axe porte sur le travail domestique nécessaire à la reproduction immédiate et générationnelle de la vie humaine. Il y est question des contraintes que faisaient peser les migrations de travail sur les relations de parenté, et les rapports de solidarité ou d'exploitation qu’elles sous-tendent. Les questions de la division genrée du travail en contexte matrifocal ainsi que de la prise en charge des enfants en contexte migratoire sont posées. 
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