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Dans ses Lettres sur quelques parties de la Suisse, parues en 1778, Jean-André Deluc offre une vision idyllique de l’Oberland bernois et de ses habitants. Inspiré par les idées de Rousseau, il vante la simplicité et le bonheur régnant dans les montagnes de la Suisse, le parfait équilibre des communautés alpestres et de la nature. Quarante ans plus tard, après les bouleversements apportés par la Révolution puis par la Restauration, Johann-Rudolf Wyss décrit cette région de manière plus proche de la réalité dans son Voyage dans l’Oberland bernois. Il s’intéresse à la vie du petit peuple, à ses coutumes et à ses plaisirs, mais aussi à ses difficultés. Il nous permet aussi de comprendre comment la culture urbaine, et notamment les élites de la ville de Berne, ont fabriqué l’image d’une Suisse agreste et poétique, notamment grâce à la célébration de fêtes locales, dont la célèbre Fête des bergers à Unspunnen. Tout est prêt, dès lors, pour offrir aux futurs touristes un monde factice. Les images des récits de voyage nous feront voir cette dualité du « mythe alpin », idéalisme d’un côté, et de l’autre fabrication du passé.
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