Journée des histoires - deuxième édition 15.11.2024
La 2e édition de la Journée des histoires a eu lieu le vendredi 15 novembre 2024, à l’UNIL. Elle a débuté par le Forum des histoires, introduit et modéré par Sandra Bott, professeure assistante et co-directrice de l’AdH, devant un public d’une trentaine de personnes.
La parole était donnée à deux chercheurs et une chercheuse en sciences historiques de l’UNIL. Le premier à présenter ses recherches était Bernhard Schär, professeur assistant Eccellenza à l’IEP en SSP, avec la contribution d’Izabel Barros, doctorante FNS à l’IEP également. Leur projet de recherche vise à dépasser les visions eurocentristes autour de l’économie esclavagiste au Brésil au XIXe siècle, non seulement en sortant de l’anonymat les personnes esclavisées, mais aussi en montrant que la réintroduction de cette « micro-histoire » dans la grande Histoire permet d’éclairer l’histoire euro-brésilienne et transatlantique par le biais d’une perspective différente.
Maria Stavrinaki, professeure associée à la section d’histoire de l’art, travaille sur les avant-gardes historiques : elle s’intéresse ainsi aux tensions inhérentes à leur vocation totale, à leur projet utopique et à leur messianisme, en particulier aux questions du temps (révolution, apocalypse, primitivisme, préhistoire) et de l'histoire dans la modernité. Ses recherches la mènent au croisement des pratiques et des discours artistiques, de la construction des sciences humaines, notamment historiques, et des questions politiques. Sa présentation a également porté sur le mimétisme suscité par le "Musée Imaginaire" d’André Malraux chez les artistes depuis le début des années 1950.
Enfin, Guillaume Linte, chargé de recherche à l’Institut des humanités en médecine (rattaché à la FBM), a présenté un projet de recherches autour de l’histoire de la « mystérieuse épidémie » de listériose du vacherin Mont d’Or entre 1983 et 1987. Sa présentation a fait état du contexte de cette recherche, des sources disponibles, des différentes approches mobilisées (santé publique, sciences biomédicales et microbiologiques, histoire sociale, culturelle et des savoir-faire artisanaux) et des objectifs de cette recherche. Le projet, au service d’une histoire locale, permet d’éclairer une histoire mondiale des épidémies et d’apporter un regard scientifique sur un récit encore très émotionnel.
Durant la pause collation, le public et les intervenant·e·s étaient invité·e·s à profiter de ce moment d’échange et de partage pour poursuivre les discussions et engager de nouvelles réflexions. Les posters de projets soutenus par l’AdH en 2024 étaient présentés dans le hall adjacent et ont notamment fait l’objet de discussions avec leurs auteur·e·s. En plus de servir à visibiliser et valoriser des recherches en cours, les posters constituent des exercices académiques stimulants de synthèse visuelle d’un projet de recherche.
Entre 13h et 13h30, l’AdH a présenté son projet de podcasts, en collaboration avec l’entreprise Chahut Média, spécialisée dans la création, la conception et la production de podcasts. Après un bref exposé des enjeux au cœur du projet de podcast – valoriser la recherche en sciences historiques, archiver la venue d’invité·e·s externes, faire dialoguer les disciplines, promouvoir la diversité des approches – et une présentation de Chahut Média, le public était invité à écouter deux extraits du premier épisode pilote enregistré au mois d’avril avec Naïma Ghermani, professeure d'histoire moderne à l’Université de Grenoble Alpes et Jonathan Miaz, professeur assistant à l’IEP, SSP. A la suite de cette diffusion, les questions et les échanges ont été très nourris.
L’après-midi était consacrée à une table ronde intitulée « De la “tour d’ivoire” à l’agora : l’historien·ne entre vulgarisation, expertise et engagement », modérée par Pierre Eichenberger, MER à l’IEP et membre du comité scientifique de l’Atelier des histoires. L’engagement médiatique de l’historien·ne dans l’espace public a été questionné à l’aune des expériences des quatre intervenant·e·s des Universités de Lausanne, Genève, Zurich et Fribourg: Laurence Monnais, Laure Piguet, Pamela Ohene-Nyako et Matthieu Leimgruber. Quel est le rôle des historien·ne·s dans le débat public, quelle expertise est attendue ou souhaitée, quels sont les enjeux et les risques d’une telle exposition (sur les plans personnel, académique et public) ? Les interventions ont permis de souligner la nécessité de remettre au centre la scientificité des pratiques historiennes et d’insister sur les difficultés auxquelles sont confronté·e·s les chercheurs et chercheuses en sciences historiques présent·e·s dans l’espace public.
Une verrée a permis de terminer la Journée des histoires dans une ambiance conviviale.