Thèses en cours
Titre provisoire : La fabrication du diagnostic de dyslexie : une étude sociale de la production d’objets de savoirs et d’intervention
Sous la codirection de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne et Philippe Losego (HEP Vaud)
Considérant le rôle cardinal du diagnostic dans la configuration actuelle de la dyslexie comme phénomène social à part entière, nous analyserons, dans le cas spécifique de la Suisse romande, la production et la circulation des savoirs et des pratiques qui la constituent dans le dense réseau des actrices et acteurs impliqués, de la recherche scientifique à la prise en charge clinique, des membres d’association aux acteurs et décideurs politiques. Nous espérons ainsi contribuer à une sociologie compréhensive et critique de la médicalisation/psychologisation des difficultés scolaires que nous tenterons de réinscrire dans le cadre des politiques générales de l’éducation qui caractérise la formation obligatoire aujourd’hui. Ce projet de recherche de thèse est composé de trois axes de recherche. Il est ancré dans une démarche socio-anthropologique et des outils analytiques seront principalement empruntés à la sociologie des sciences et techniques, à la sociologie du diagnostic et à la sociologie de la santé publique. Des outils de récoltes de données et des corpus de données variés seront mobilisés en fonction des axes de recherche.
Soluble subjects. A historical epistemology of the biologial organism in the “Age of the microbiome”
Sous la co-direction de Francesco Panese et Luca Chiapperino, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne.
Résumé à venir.
Dompter les données, généraliser les algorithmes : une histoire des data sciences
Sous la direction de Boris Beaude, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Quel que soit le statut à accorder aux big data, il n'en reste pas moins vrai que les traces numériques grossissent en masse, qu'elles circulent plus rapidement, trouvent de nouveaux foyers d'apparition, de nouvelles pratiques à circonscrire, qu'elles entrent dans de nouveaux rapports de pouvoir. Il est aussi vrai qu'une "classe" d'acteurs tend à apparaitre, en corrélatif à la notion de big data : les data scientists, qui ne peuvent se réduire tout à fait au rebaptême d'ingénieur·e·s et chercheur·e·s en informatique, statistiques, physique etc. L'hypothèse de départ fait apparaitre la data science comme un instrument de conquête : en réduisant le coût d'entrée dans l'informatique complexe, ou en se proposant d'administrer des calculs improbables jusqu'alors, la data science est susceptible de fonctionner comme un foyer par lequel la gouvernementalité algorithmique se propage, s'intensifie, se systématise. En prenant les data scientists comme point d'entrée général à une histoire du big data, il devient possible d'interroger, via des méthodes algorithmiques, le rôle des "communautés" dans l'histoire du numérique, les transformations de l'archive (l'index) et les transformations épistémologiques (le minuscule et le bayésien) auxquelles iels contribuent, ou encore les guerres de langages informatiques auxquelles la data science participe (python, R, javascript).
Médicaments, prophylaxie et chronicité : Le cas de l'utilisation des antirétroviraux pour le traitement et la prévention du VIH
Sous la direction de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Depuis le début de leur commercialisation dans la fin des années 1980, les médicaments antirétroviraux sont utilisés dans le traitement du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et façonnent ainsi fortement l’expérience subjective de la maladie (Squire 2010). Or on assiste depuis 2008 à la reconnaissance progressive de nouvelles propriétés à ces médicaments par différentes autorités médicales : ils ne sont désormais plus uniquement destinés à traiter l’infection mais également à la prévenir. Il s’agit d’un nouveau type de prévention du VIH, la prophylaxie médicamenteuse. La première partie de cette recherche consistera à établir une généalogie de la prophylaxie médicamenteuse en général – c’est-à-dire l’ensemble des situations dans lesquelles des médicaments sont employés afin de prévenir l’apparition d’une maladie – afin d’en observer les logiques et d’y inscrire la prophylaxie du VIH. Dans la seconde partie, deux formes de prophylaxies médicamenteuses spécifiques au VIH seront analysées dans le contexte suisse romand, à savoir le TasP, pour Treatment As Prevention, et la PrEP, pour Prévention Pré-Expositionnelle. Ces nouvelles indications façonnent à la fois la vie biologique des individus mais également leur vie sociale, traduisant ainsi la prégnance des médicaments dans la dimension expérientielle de la maladie, de sa prévention, et de la chronicité.
La recherche sera menée selon une méthodologie qualitative essentiellement basée sur des entretiens compréhensifs semi-directifs ainsi que des observations sur le terrain. Afin de compléter les matériaux ainsi récoltés, des analyses critiques de la littérature médicale seront également nécessaires.
Histoire et conditions de la critique du numérique
Sous la direction de Boris Beaude, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Au cours des trente dernières années, le déploiement du numérique dans l’ensemble des sphères d’activités humaines a profondément reconfiguré les manières d’interagir, de travailler, de se divertir ou s’informer. Ces transformations rapides et continues invitent à la création de nouvelles grilles de lecture auxquelles se proposent de répondre de nombreux analystes (essayistes, journalistes, chercheurs, militants). Si les débuts d’Internet s’accompagnent de discours résolument enthousiastes, depuis une dizaine d’années, les critiques à l’égard des technologies et de leurs usages se font toujours plus vives. Désinformation, surveillance, hyperconnexion, précarisation du travail, coûts environnementaux sont quelques-uns des multiples reproches adressés au numérique. Comment est-on passé d’une vision optimiste – voire utopique – du numérique à la déferlante de critiques actuelles ? Que disent ces discours de la compréhension des enjeux sociaux et politiques du numérique ? Comment les sciences sociales peuvent-elles fournir des pistes pour s’orienter parmi ces multiples prises de position ? Enfin, à quoi peut servir la critique ? Ce projet de thèse propose de répondre à ces questions en se penchant attentivement sur les objets, les acteurs, les arguments et les trajectoires des critiques du numérique. En analysant ces discours au travers de multiples focales, nous souhaitons mieux comprendre les processus de construction de la critique, ainsi que les conditions qu’elle doit remplir pour parvenir à produire certains effets. Ce travail part de l’hypothèse que l’exploration des critiques permet de rendre compte de la complexité des enjeux du numérique tout en offrant des prises pour mieux les appréhender.
Processus de « re-socialisation » d’infirmières diplômées à l’étranger et dynamiques identitaires en jeu dans le cadre d’un dispositif de formation en Suisse alémanique
Sous la direction de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne et co-supervision avec N. Muller-Mirza, Université de Genève
Ma thèse s’inscrit dans le cadre d’un projet financé par le FNS sous la direction de J.-L. Alber, N. Muller Mirza et M. Grossen (2016). Elle vise à décrire et à comprendre les processus psychosociaux et les dynamiques identitaires à l’œuvre chez les infirmer∙ière∙s diplômé∙e∙s d’un pays non membre de l’UE/AELE, lors du temps de transition que représentent les mesures de compensation (MC) que ces personnes suivent dans le but d’obtenir la reconnaissance de leur diplôme en Suisse. Nous étudions le rôle que ces MC jouent dans la socialisation ou « re-socialisation » professionnelle d’infirmer∙ière∙s inscrit∙e∙s dans une institution de formation en Suisse alémanique. Nous adoptons pour ce faire une approche psychosociale et socioculturelle et utilisons des méthodes compréhensives pour saisir les processus psychosociaux et identitaires relatifs à cette transition. Afin de mieux comprendre ces processus, nous saisissons également les points de vue d’autres acteur∙rice∙s impliqué∙e∙s dans la conception et la mise en œuvre des MC. De manière à suivre cette transition, trois temps, qui sont de fait interdépendants et participent au processus de re-socialisation, sont étudiés : 1) la trajectoire biographique et professionnelle des infirmières étrangères antérieure à leur inscription aux MC ; 2) le sens accordé au dispositif des MC, et l’analyse de documents officiels ; 3) l’entrée dans l’activité concrète du stage.
Négocier la maladie chronique à l'école Une économie morale du care en dehors des institutions de soin : le cas du diabète
Sous la Direction de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Résumé à venir.
Maladies Tropicales Négligées en Suisse : Construction d'un problème de santé publique, mise en place clinique et trajectoires expérientielles des femmes migrantes face au dépistage congénital de la maladie de Chagas
Sous la direction de Francesco Panese,Institut des sciences sociales, Université de Lausanne et en co-supervision avec R. Hammer, HESAV
Résumé à venir.
Dynamiques d'innovation dans les pratiques minières artisanales et de la petite mine(MAPE), de Madre de Dios au Pérou.
Sous la direction de Dominique Vinck, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
L’industrie minière artisanale aurifère représente entre vingt et trente pourcent de la production mondiale de l’or, faisant vivre plus de quinze millions de personnes dans le monde (MMSD : 2008). Toutefois, ce secteur artisanal est davantage connu pour ses impacts négatifs que pour ses retombées économiques et son importance sociale. Les travaux en sciences humaines sur la mine artisanale tendent à se concentrer sur des aspects culturels, sociopolitiques ou sur des préoccupations liées à l’environnement. Les recherches sur les pratiques sociotechniques sont moindres. Néanmoins, certaines études font référence aux techniques de travail des orpailleurs et des petits mineurs, laissant entrevoir une grande diversité de pratiques et de techniques qui méritent d’être analysées. Quelles sont les techniques et pratiques des mineurs artisanaux ? Dans quel savoir-faire s’articulent ? Comment ce savoir-faire se construit et se partage? Comment ces connaissances circulent et sont réappropriées par les acteurs ? Telle est la problématique qui motive les objectifs de notre travail, qui s’inscrit dans l’articulation de ces questionnements, portant sur les dynamiques d’innovation et de conservation des patrimoines culturels des savoir-faire.
Dans cet esprit nous avons opté pour une analyse fine des pratiques minières artisanales de Madre de Dios, région de l’Amazonie péruvienne qui actuellement se retrouve dans l’enchevêtrement entre de nouvelles politiques économiques pour la région et de nouveaux modèles de conservation pour l’environnement. Pour ce faire, nous avons souhaité ouvrir les «boîtes noires» des composantes des pratiques minières (Vink:1999; Law; 1999; Callon:1999), afin d’approcher la pensée, la conception et la perception sensibles de la technique (Hutchins: 1995) à la manière d’un étude de laboratoire (Latour :1987; Vinck:1999; Law :1999; Knorr Cetina :2005) et d’une approche anthropotechnologique (Geslin :1998, 1999, 2002; Wisner :1994) pour une observation en cours d’action et en situation.
L'évènement social et culture à l'ère des réseaux sociaux numériques : le cas de la Fête des Vignerons
Sous la direction de Dominique Vinck, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne et co-direction de N. Baya Laffite, Université de Genève
Cette recherche doctorale se penche sur le rôle des réseaux sociaux numériques dans la préparation et le déroulement de la Fête des Vignerons 2019. Événement important dans l'histoire et la culture de la Suisse romande (environ un million de visiteurs), la Fête a ceci de singulier qu’elle n’a lieu que tous les 20-25 ans. Pour la première fois, elle s’est déroulée dans un monde où les réseaux sociaux numériques sont désormais largement présents. Son organisation les a utilisés pour interagir avec les visiteurs, les figurants et les partenaires. La question de recherche peut provisoirement être formulée de la manière suivante : en quoi le recours aux réseaux sociaux numériques transforme l’organisation, le déroulement et la mémoire de la Fête ? Il s’agit de comprendre les rôles que jouent ces médias sociaux, les traces numériques de la Fête qui resteront et ce que les générations futures en feront.
Afin de traiter cette question, j’ai engagé un travail d’observation ethnographique in situ au moment de la préparation de la Fête (en intégrant l’équipe des bénévoles qui ont œuvré sur ce sujet auprès de la Direction Exécutive) et dans l’environnement numérique (en pratiquant la digital ethnography et en constituant un corpus de traces laissées dans les réseaux sociaux numériques et en les soumettant à des études numériques). La recherche rendra compte du travail des acteurs engagés dans la préparation de la Fête en matière de conception et gestion des contenus et des médias sociaux et le suivi de ce qui s’y passe avant, pendant et après la Fête. Le dernier volet de projet de recherche porte sur la mémoire de cette Fête et de ce qui l’entoure (préparation et vécu) et de sa transmission d’une génération à l’autre se trouve désormais aux prises avec cette prolifération de réseaux sociaux numériques inexistants lors de l’édition précédente en 1999 et dont on ne sait pas ce qu’ils seront au moment de la prochaine édition dans 20 à 25 ans.
La compréhension des processus qui se déroulent avec et dans les réseaux sociaux numériques, à l’occasion d’événements comme la Fête des Vignerons, ouvre des perspectives pour la compréhension du rôle des technologies numériques dans la société en tant que moyen d’interaction entre les individus et de transmission des « messages » aux générations futures.
Liens
 |
La recherche biomédicale sur l’Ayurveda : une enquête dans la perspective de l'anthropologie médicale
Sous la direction de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Résumé à venir.
Une promesse d'efficience et d'objectivité : enquête sur l'influence des outils numériques dans les services sociaux
Sous la direction de Boris Beaude, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Le projet de thèse vise à questionner les effets de l’évolution des dispositifs numériques dans le champ du travail social. À travers une approche ethnographique, cette recherche explore comment l’introduction d’un progiciel de gestion reconfigure les pratiques professionnelles des assistantes sociales et assistants sociaux ainsi que la relation entre elles et eux et les bénéficiaires. En mobilisant une sociologie critique et pragmatique, la thèse vise à documenter non seulement les effets contraignants de cet outil, mais aussi les conséquences sociales qu’il engendre, en particulier les modalités d’appropriation et de contournement du dispositif par les professionnel·les. Fondée sur des observations ethnographiques, des entretiens semi-directifs et des focus group avec diverses catégories d'actrices et d’acteurs, cette recherche propose de documenter l’interaction entre l’outil numérique et la professionnalité dans le travail social.
Reconfiguration et articulation des modes de légitimation d'entrée et de maintien des exilé·es dans l'espace Schengen depuis 2015
Sous la direction de Céline Mavrot, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne
Cette thèse s’inscrit à la croisée des sciences sociales de la santé et des migrations, se penchant sur les économies morales des politiques migratoires en Europe à partir de 2015, date de ladite crise migratoire ou de la crise de l’accueil des exilé·es. Elle s’interroge particulièrement sur la production et la circulation de figures archétypales des migrant·es méritant·es dans le cadre de l’asile comme de la migration : la figure de la victime vulnérable/malade, et la figure de celui ou celle démontrant son potentiel d’intégration civique. Alors que les deux figures sont fréquemment opposées, la thèse vise aussi à comprendre comment ces figures peuvent s’articuler dans un cadre moral teinté à la fois d’humanitarisme et d’utilitarisme. En faisant un pas de côté par rapport aux border studies actuelles, la thèse a l’originalité de s’intéresser à ce qu’il se joue en termes d’économie morale à la fois aux frontières de l’espace Schengen et en son sein. Ainsi, la recherche se fera de manière multi-située avec une étude de cas dans un hotspot et de deux études de cas sur la France et la Suisse. La recherche sera menée principalement au niveau méso, mettant au centre de l’enquête les interactions entre les acteurs·ices de l’asile et de la migration : exilé·es, associations, administrations. Les observations participantes seront au coeur de la méthode ethnographique, complétées par des entretiens et des analyses documentaires. La thèse actualisera ainsi l’état des savoirs sur les économies morales des migrations depuis 2015, et ce, à l’échelle européenne, nationale et locale, tout en proposant une articulation entre humanitarisme et utilitarisme dans le cadre plus global de la gestion néolibérale de la migration en Europe.
