Les cours (8 journées à choix) se dérouleront entre le 1er février et le 10 février 2011.
Les cours (8 journées à choix) se dérouleront entre le 1er février et le 10 février 2011.
Intervenante: Valentine Robert, assistante à l'UNIL
Adapter un texte écrit au « je » a toujours constitué une sorte de défi pour les cinéastes, et la plupart des procédés filmiques élaborés pour faire partager au spectateur l’intériorité d’un personnage l’ont été à partir de modèles romanesques en focalisation interne. Ce cours propose de recontextualiser historiquement l’avènement de ces procédés et d’en étudier le fonctionnement de manière comparée avec la littérature.
Nous commencerons la journée en revivant la projection de la première production cinématographique entièrement réalisée en caméra subjective : Lady in the Lake (La Dame du lac, Robert Montgomery, 1947), film noir américain adapté d’un roman de Raymond Chandler écrit au « je ». Une présentation replacera ce film – attendu à l’époque comme la « première aventure du ‘je’ cinématographique » – dans son contexte historique et technique, et en définira les enjeux narratologiques. Après la projection, les impressions des participants seront confrontées aux critiques de l’époque ainsi qu’aux discours théoriques qui se sont emparés de La dame du lac comme un cas d’école pour étudier le traitement du point de vue au cinéma par rapport (ou plutôt par opposition) à la littérature.
Des séquences de films variées, tirées notamment du film Le Scaphandre et le papillon (Julian Schnabel, 2007), seront proposées en analyse l’après-midi. Il s’agira d’envisager les différentes modalités et nuances de la focalisation interne au cinéma, explorée non seulement via la caméra subjective, mais aussi via d’autres procédés tels que le flashback, l’auricularisation interne ou la voix over homodiégétique qui s’institutionnalisent au cinéma grâce, notamment, aux ingéniosités d’Orson Welles ou d’Alfred Hitchcock.
Les séquences analysées seront distribuées aux participants sur support dvd.
Intervenante : Olga Canton, doctorante, UNIL
L’analyse de Mujeres al borde de un ataque de nervios, point d’inflexion dans la filmographie d’Almodóvar, permettra de mieux comprendre la complexité d’un réalisateur souvent réduit à quelques clichés. En questionnant la notion d’ « auteur », la première partie du cours mettra en évidence les paradoxes qui apparaissent dans toute catégorisation : réalisateur considéré comme « unique » dans le panorama cinématographique espagnol, il est aussi rattaché à un style « typiquement ibérique ».
Cette introduction proposera ainsi de replacer la filmographie d’Almodóvar dans son contexte national en procédant à un aperçu de la société espagnole de l’après-franquisme (et de phénomènes tels que la Movida), tout en questionnant les éléments qui ont permis de le singulariser et de le qualifier d’« auteur ». Dans cette première partie, d’autres questions venant enrichir la problématique seront abordées : la notion de « genre » (cinématographique), de « postmodernité », etc.
La deuxième partie du cours comportera une analyse détaillée de Mujeres al borde de un ataque de nervios. Cet exercice permettra non seulement d’aborder des questions spécifiques concernant le film et le réalisateur (notamment l’étude du paratexte, de l’intertexte et de la citation en lien avec Los abrazos rotos), mais il mettra aussi en évidence des aspect de méthodologique générale concernant l’analyse de film.
Un dossier pédagogique sera remis et discuté pendant le cours.
Intervenant : Alain Boillat, professeur ordinaire, UNIL
Fusion entre une biographie de Franz Kafka et l’univers romanesque de l’écrivain, le film de Soderbergh soulève des questions importantes relatives à l’adaptation, en particulier à l’imaginaire et aux lieux communs qu’elle véhicule. Il s’agira donc de discuter en quoi l’univers « expressioniste » du film relève de clichés associés à l’auteur (notamment via la comparaison avec Le Château de Haneke), et comment un tel film peut être appréhendé en tant que phénomène de réception d’une œuvre littéraire. Kafka sera dans un premier temps examiné dans son fonctionnement référentiel à travers les liens qu’il tisse avec la vie de l’auteur praguois d’une part, avec les récits fictifs de ce dernier d’autre part.
La narration singulière à laquelle procède Soderbergh sera ensuite discutée dans son intérêt pédagogique sur la base d’analyses d’extraits et de propositions d’exercices, puis envisagée dans le contexte plus large d’une réflexion sur le devenir de l’écrit à l’écran, la matérialité du verbe étant nécessairement niée dans le cinéma dominant au profit de l’image (d’où la transformation, dans Kafka, d’un univers romanesque en l’environnement même de l’écrivain, selon une approche totalement inverse à celle discutée dans le cours 6). Cette problématique constituant le sujet du dossier du prochain numéro de la revue Décadrages (16-17 : « Les abîmes de l’adaptation », un exemplaire de ce numéro sera offert aux participants), le film de Soderbergh sera envisagé également dans le contexte plus large de la mise en abyme.
Un dossier pédagogique sera remis et discuté pendant le cours.
Intervenant : Pierre-Emmanuel Jaques, chargé de cours, UNIL
Narrant la transformation d’un apprenti coiffeur en un soldat efficace et prêt à défendre la patrie, Füsilier Wipf (L. Lindtberg, 1938) rencontre alors un immense succès auprès du public helvétique. Son « message » est considéré par les historiens du cinéma comme participant de l’esprit de « défense nationale spirituelle », promue par les autorités fédérales. Dans une perspective d’histoire sociale et culturelle, l’analyse des conditions de production du film, adapté d’un roman de Robert Faesi se basant sur la période de la mobilisation durant la Première guerre, permet d’appréhender la place occupée par le cinéma dans l’imaginaire de cette époque. Il permet aussi de s’interroger sur le fonctionnement des représentations véhiculées par le cinéma. En établissant une comparaison avec le documentaire de commande Raison d’être (Ch.-G. Duvanel, 1942), il sera possible de mettre en évidence certains aspects dominants de ce contexte de forte affirmation idéologique. Plus généralement, au cours de cette journée, ce sont les liens entre texte et contexte historique qui seront au cœur d’une analyse qui cherchera à dépasser l’idée de simple « reflet » en insistant sur le rôle actif joué par le cinéma dans la constitution de l’imaginaire d’une société.
Un dossier pédagogique sera remis et discuté pendant le cours.
Intervenant : Alain Boillat, professeur ordinaire, UNIL
Après une introduction portant sur les rapports de Charles-Ferdinand Ramuz au cinéma à travers différents écrits, nous mènerons une comparaison raisonnée entre le roman La séparation des races et le film de Kirsanoff afin d’interpréter les changements notables effectués dans le scénario du film. L’accent sera mis sur une analyse textuelle précise permettant de souligner certains aspects stylistiques de l’écriture de l’auteur suisse, et de leur « transposition » dans un langage cinématographique que Kirsanoff exploite de façon singulière en cette période qui précède la standardisation des pratiques du parlant. Les particularités esthétiques du film seront ainsi également remises dans leur contexte de l’histoire du cinéma.
Intervenante : Anne-Katrin Weber, doctorante, UNIL
Premier film de science-fiction, première superproduction, signe précurseur de la montée du national-socialisme, critique du capitalisme et de la société de classes : Metropolis de Fritz Lang a reçu beaucoup d’étiquettes, et se trouve parmi les œuvres les plus influentes de l’histoire du cinéma. La matinée de ce cours sera consacrée à l’analyse détaillée du film en tant que « psychogramme des années de Weimar » (selon Thomas Elsaesser) et à l’étude du contexte historique et artistique de l’Allemagne des années 1920.
La version projetée – celle de 1984 revue et sonorisée par Giorgio Moroder – invitera également à discuter les différents états d’un texte filmique et la question de « l’original » cinématographique. L’après-midi sera réservé à la représentation de la ville au cinéma, qui constitue un des aspects fondamentaux de la modernité telle que mise en scène dans Metropolis. Partant des films des années 1920, véritables poèmes sur les nouvelles métropoles, en passant par des exemples de l’après-guerre et de la Nouvelle Vague, on abordera en conclusion les films contemporains réalisés à l’ère de la mondialisation. La prise en compte de liens multiples existant entre la ville et le cinéma nous permettra d’aborder un grand nombre d’exemples filmiques utilisables dans différents contextes d’enseignement (histoire, géographie, littérature).
Les extraits analysés seront distribués aux participants sur support dvd.
Intervenante: Anne-Katrin Weber, doctorante UNIL
« Jamais on n’a vu jusqu’ici dans un film de manière si claire et consternante ce pays, sa propreté morte, sa nature maîtrisée » ; tel était le commentaire de Martin Schaub, critique au Tagesanzeiger, à la sortie du film Messidor de Tanner. Inspiré d’un fait divers, le récit du voyage improvisé de deux jeunes femmes à travers la Suisse demeure une mise en scène déroutante du pays et de ses valeurs. La matinée du cours sera dédiée à une brève histoire du « nouveau cinéma suisse » des années 1960 et 1970 et à une introduction au film. Les principales notions en jeu, à savoir « l’identité nationale » et « le film suisse », seront discutées à cette occasion.
L’après-midi sera consacré, après une analyse détaillée de quelques extraits de Messidor, à l’examen en petits groupes d’autres films de fiction, de Bergführer Lorenz (1942) à Sennentuntschi (dont la sortie est prévue en octobre 2010). La comparaison des différents exemples choisis permettra d’esquisser une histoire de la représentation filmique de la Suisse et de rassembler les éléments d’une iconographie nationale. Celle-ci ne traverse pas seulement le cinéma, mais aussi la littérature, l’histoire et la politique suisse. Interrogeant les liens entre images et identité, ce cours s’adresse aux professeurs de différentes disciplines (histoire, géographie, littérature, etc.) qui souhaitent intégrer cette question dans leurs enseignements.
Les extraits analysés seront distribués aux participants sur support dvd.
PUBLIC CONCERNE Enseignants HORAIRES ET LIEUX Matinée: de 9h à 11h45 Après-midi: de 13h45 INSCRIPTIONS S'inscrire auprès de la Bulletin d'inscription Finance: En cas de nombre insuf- Délai d’inscription : Une attestation de
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