Matériau Pathos (UNIL, HETSR et Théâtre St-Gervais) [2009-2013]

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© Marie Jeanson, Théâtre Saint-Gervais, Genève

Direction

Prof. Danielle Chaperon (Section de français), Anne-Catherine Sutermeister (HETSR), Philippe Macasdar (Théâtre Saint-Gervais Genève)

Financé par

L'OFFT et la HES-SO

Lancé en 2009 par

L'Université de Lausanne, La Manufacture (Haute Ecole de Théâtre en Suisse Romande – HETSR), le Théâtre Saint-Gervais de Genève

Hypothèse

L'objectif des chercheurs et des artistes engagés sur ce projet est de réinvestir un concept mal aimé dans le domaine des arts de la scène. En effet, le terme pathos se trouve connoté négativement depuis la fin du XIXe siècle environ et souffre d’une restriction sémantique qui handicape son usage. Nous avons affaire aujourd’hui à une définition « restreinte », limitée le plus souvent au domaine du jeu et de l’expression du comédien. L’hypothèse est que le concept, étendu à la plupart de ses avatars historiques et élargi à l’ensemble des éléments constitutifs d’un spectacle théâtral, recèle un grand potentiel à la fois théorique et pratique.

Les Séminaires

La première phase du projet, lors de l'année académique 2009-2010, devait poser les bases historiques et théoriques de la recherche. Le concept de pathos a sa source dans la rhétorique et la poétique antiques et traverse les siècles, de reprises en redéfinitions, d’interprétations en réinventions. Au cours de sa trajectoire, le pathos croise la philosophie, l’histoire de l’art et l’histoire du spectacle théâtral (les théories de l’acteur en particulier), ce qui lui permet d’élargir son champ d’action avant que le déclin du modèle rhétorique d’une part et les changements esthétiques d’autre part ne le fassent basculer progressivement dans la caricature vers la fin du 19e siècle. Il convenait, pour rendre compte de l'histoire mouvementée du concept, de pouvoir s'appuyer sur un modèle dramaturgique solide afin de fournir une armature théorique à la recherche. Ce modèle, appliqué à des exemples de textes et de spectacles contemporains, fit l'objet de deux séminaires, de niveau Master dispensés par Danielle Chaperon à l'Université de Lausanne et à l'Université de Genève lors de l'année académique 2009-2010. Les séminaires ont été l'occasion d'un échange Mobilettres (Triangle AZUR) qui a généré un financement qui s'est révélé utile à la suite du projet.

Le Laboratoire

Les travaux du laboratoire se sont déroulés en automne 2010 dans les locaux du Théâtre Saint-Gervais Genève où Christian Geoffroy Schlittler était en résidence. L'équipe était composée de trois comédiens (Elodie Bordas, David Gobet et Olivier Yglesias), d’une danseuse (Barbara Schlittler) et des deux praticiens-chercheurs associés dès l'origine au projet (le metteur en scène Christian Geffroy Schlittler et Julie-Kazuko Rahir, assistante et coordinatrice). Le travail des comédiens a consisté à reproduire à l'identique des « matériaux pathétiques » (éléments pathétiques en situation) issus d'extraits de captations de spectacles ou de films. Qu'allait-il se passer lors du visionnement et du travail de reproduction entrepris par des acteurs qui n'avaient pas participé à la première phase de la recherche ? Les éléments d'histoire et de théorie qui leur avaient été transmis allaient-ils les influencer ? En particulier, qu'allaient-il faire du lexique descriptif qui leur avait été fourni ? Il est apparu que l'ensemble du dispositif, éloignant l'interprète de son métier créatif, générait des réflexions inédites sur la pratique des comédiens. Ces réflexions ont été soigneusement recueillies par Julie-Kasuko Rahir.

L'Atelier

Les instruments développés au cours de la recherche ont fait l'objet d'une application pédagogique auprintemps 2012. Cette application peut aussi être interprétée comme une deuxième phase expérimentale, qui a bénéficié de la complicité active de seize étudiants de la volée E de la Manufacture. Christian Geffroy Schlittler a élaboré une séquence pédagogique à partir des éléments qui l'avaient le plus convaincu lors des phases de la recherche. Il a décidé de faire travailler ses étudiants sur la base d'un épisode autobiographique apporté par chacun d'eux et associé à une émotion violente et marquante. Les étudiants ont été invités à raconter par écrit l'épisode qu'ils avaient choisi. Tout en le racontant, ils devaient le définir, le classer, ceci en partant des éléments conceptuels qui leur avaient été donnés préalablement lors d'un cours dispensé par Danielle Chaperon. L'épisode pouvait devenir un matériau pathétique composé de plusieurs éléments, constitutifs de situations qui pouvaient dés lors faire l’objet d’une composition. L’objectif de l’exercice n’était pas pour le comédien de revivre une émotion, mais à partir des éléments qui constituaient la situation de départ d'inventer un dispositif spectaculaire.

Le Spectacle

Lors du Festival Extra au mois de mai 2011, a été présentée une conférence - spectacle mise en scène par Christian Geffroy Schlittler, intitulée Matériau Pathos : le Laboratoire des copies ou les Artistes de la contrefaçon. Cette conférence - spectacle était centrée autour d'une des questions soulevées par Matériau Pathos: comment les créateurs d'aujourd'hui inscrivent-ils dans leur travail la question de l'émotion – la leur et celle du public – dans le contexte social et politique actuel ? Des scènes de « reproduction » d'extraits de spectacles de Rodrigo Garcia, Krystof Warlikowski, Pina Bausch, Philippe Caubère, et d’un film d’Ingmar Bergman ont été montrées sur scène en même temps qu'elles furent commentées par les acteurs eux-mêmes. 

Matériau Pathos: le Laboratoire des copies ou les Artistes de la contrefaçon a été repris en avril 2012 au Théâtre des Halles à Sierre. Le spectacle a été sélectionné aux Journées de théâtre suisse contemporain et joué à la Chaux-de-Fonds les 17 et 18 janvier 2013.

En savoir plus sur le spectacle sur le site de la Compagnie Louis-François Pinagot 

La Boîte

La dernière phase du projet consiste dans la communication des résultats du projet Matériau Pathos. Avec la collaboration de la HEAD (Haute Ecole d'Art et de Design de Genève), un ensemble de textes et d'objets ont été conçus pour être réunis dans une «boîte». La première conception de cette boîte et de son contenu a réuni Danielle Chaperon, Christian Geoffroy Schlittler et Julie-Kasuko Rahir. Le résultat de cette première élaboration a été soumis, pendant le semestre de printemps 2012 aux étudiants en Communication visuelle de la Haute Ecole d'Art et de Design de Genève (HEAD), sous la direction de Jérôme Baratelli, Benjamin Stroun et Paul Viaccoz. La production matérielle des exemplaires de la boîte Matériau Pathos est soutenue par la Société Académique Vaudoise.

La boîte a été présentée et proposée au public lors d'un vernissage au Théâtre Saint-Gervais de Genève, le 12 mars 2013, à 17h. 

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© Sarah Haug, HEAD, Genève, document de travail

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