Projet FNS 2017-2020
Dr. Rahel Kunz
Au cours des deux dernières décennies, les gouvernements, les organisations internationales, les ONG, la société civile et les acteurs privés ont commencé à s’intéresser aux transferts de fonds en tant que source clé de financement de développement et ont créé des institutions, des politiques et des projets pour exploiter leur potentiel. Plus récemment, les transferts de fonds ont été intégrés dans l’agenda mondial d'inclusion financière, qui favorise l'accès à l'éducation et aux services financiers pour les populations à faible revenu comme stratégie de réduction de la pauvreté, de développement et d’émancipation des femmes. Diverses organisations et initiatives internationales encouragent les travailleur.e.s migrant.e.s à transférer leur argent via des canaux plus « formels » – en utilisant des services financiers tels que les services bancaires mobiles – et à investir les transferts de fonds de manière productive. Cette « financiarisation des transferts de fonds » relie les transferts de fonds à l’éducation financière et aux initiatives en matière d’innovation et de services financiers afin d'accroître l'utilisation efficace des transferts de fonds.
La plupart des études qui analysent la « financiarisation des transferts de fonds » se concentrent au niveau macro et la décrivent soit comme une panacée pour le développement, soit comme un nouveau site d'exploitation capitaliste et de néolibéralisation. Jusqu’à ce jour, il n’existe pas d'étude approfondie critique qui analyse les éléments institutionnels, matériels et discursifs concrets de ce phénomène dans les pays du Sud. À travers trois études de cas du Kenya, du Mexique et du Népal, ce projet examine les manifestations socioculturelles de ce phénomène dans des contextes spécifiques. Nos questions de recherches sont les suivantes :
Ce projet combine les théories Foucaldiennes, féministes et une approche de l’économie politique internationale du quotidien pour développer une nouvelle conceptualisation de la financiarisation des transferts de fonds. Nous nous basons sur une approche multi-méthode et multi-site innovante pour répondre aux questions de recherche. L'inclusion financière et le lien avec les transferts de fonds sont actuellement un sujet brûlant dans la communauté du développement international, illustré par les activités récentes du G20 et de la Banque mondiale. Au-delà de ses objectifs scientifiques, le projet vise à fournir une base de réflexion et des recommandations politiques concernant les réussites et les échecs potentiels d’une association entre les transferts de fonds et les initiatives d'inclusion financière et concernant les enjeux de la financiarisation de manière plus générale.
Rahel Kunz (Requérante principale)
Rahel Kunz est Maître d'enseignement et de recherche à l'Institut d'études politiques, historiques et internationales de l'Université de Lausanne. Ses intérêts de recherche sont les relations internationales féministes, les questions de genre dans le domaine des migrations et du développement, et les théories féministes, poststructuralistes et postcoloniales. Son expertise porte sur une recherche approfondie concernant le thème de la migration et des transferts de fonds, une expérience de terrain dans plusieurs pays (Liberia, Mexique, Népal) et une compétence en gestion de projet (interdisciplinaire). Rahel Kunz a publié dans International Political Sociology, Journal of European Integration, Migration Studies, Politics & Gender, the Review of International Political Economy et Third World Quarterly. Elle est l'auteure de The Political Economy of Global Remittances : Gender, Governmentality and Neoliberalism (Routledge 2011) et a co-édité Multilayered Migration Governance : The Promise of Partnership (Routledge, 2011) avec S. Lavenex et M. Panizzon. Sa publication la plus récente sur ce sujet est un chapitre sur « Les transferts de fonds dans l'économie politique mondiale », dans le Handbook on the International Political Economy of Gender (Edward Elgar, édité par J. Elias et A. Roberts).
Julia Maisenbacher (chercheuse postdoctoral)
Julia Maisenbacher est chercheuse postdoctoral dans le projet. Elle est titulaire d'un doctorat de l'Université de Lucerne : « The Marketisation of Corporate Control in the EU Periphery. The Transformative Power of Foreign Direct Investment » (2017). Ses principaux intérêts de recherche sont le genre et les relations de travail, la dimension transnationale de la politique de concurrence de l'UE et la commercialisation du contrôle des entreprises dans les pays périphériques et émergents. Elle a récemment publié « Transnational Capital Unbound? A Critical Institutionalist Perspective on the Marketisation of Corporate Control in Serbia and Turkey » dans Competition and Change (2018, online first).
Lekh Nath Paudel (doctorant)
Lekh Nath Paudel travaille sur ce projet en tant que doctorant FNS. Il détient deux maîtrises en sécurité internationale et en sciences politiques. Avant de rejoindre le projet, il travaillait comme membre du corps professoral au programme de Master en relations internationales et diplomatie (MIRD) à l’Université Tribhuvan, Katmandou. Il a une expérience de recherche approfondie en tant que participant à un certain nombre de projets tels que Security Sector Reform : A Step Stone Project (une collaboration entre DCAF et l’Assemblée constitutionnelle-1 du Népal) pour la réforme du secteur de la sécurité, Small Arms Survey projet de recherche Small Arms Smuggling Routes in Nepal (2014), le projet de l'UNIL sur l'Economie Politique des Transferts de Fonds au Népal et Au-delà (2016). Il a également contribué à des rubriques dans divers quotidiens et magazines nationaux au Népal.
De février à avril 2019, les membres de notre équipe ont mené un travail de terrain. Nous sommes allés au Kenya, au Mexique et au Népal.
Publicité pour des prêts numériques à Nairobi (photo Julia Maisenbacher 2019)
Julia Maisenbacher a presenté à cette conférence un papier intitulé “Finance for all, but what for? A historical materialist analysis of the financial inclusion of migrant workers in Kenya”.
En septembre 2019, notre équipe a organisé un colloque de 2 jours à Weggis, qui a réuni des chercheurs et des décideurs politiques pour discuter de l'intégration financière des migrants et planifier une publication spéciale sur ce thème.
Yannick Perticone, Roseline Misati, Lekh Nath Paudel, Gisela Zapata, Rahel Kunz, Julia Maisenbacher, Vincent Guermond, Araby Smyth, Brenda Ramìrez