Projet FNS 2017-2020
Requérant principal: Prof. Jean-Christophe Graz (UNIL-IEP)
Nous explorons dans quelle mesure la gouvernance privée transnationale affecte la capacité des travailleurs à mener des actions collectives dans le but d’améliorer leurs conditions de travail dans les pays en développement.
Les systèmes de régulation privée transnationale tel que les codes de conduite des grandes entreprises et les normes multi-parties prenantes dans le domaine du travail, de l’environnement ou des droits humains visent à répondre aux déficits de gouvernance apparus avec la généralisation des réseaux de production globale. Malgré plusieurs décennies de controverses, il n’y a guère de consensus sur l’efficacité de ces mesures, la capacité de les faire appliquer – et donc de leur effet ultime.
Nous explorons dans quelle mesure la gouvernance privée transnationale affecte la capacité des travailleurs à mener des actions collectives dans le but d’améliorer leurs conditions de travail dans les pays en développement.
Contexte
La nouvelle étape de la mondialisation de la production franchie dans des années 1990 a intensifié les inquiétudes à l’égard des entreprises impliquées dans les chaines globales de sous-traitance en raison de leurs responsabilités éventuelles en matière d’abus de pouvoir, d’exploitation de la main d’oeuvre et d’inégalités de toutes sortes. De nombreux systèmes de régulation privée visent à répondre à ces préoccupations en encourageant au respect volontaire des normes internationales du travail établies par l’Organisation internationale du travail (OIT). L’efficacité de cette approche
est une question complexe qui reste largement débattue. Approfondir ses connaissances à ce sujet contribue à rehausser le débat public et dépasser ainsi des arguments simplistes et tendancieux sur un enjeu clé de la gouvernance de la mondialisation.
Nous allons explorer comment différents types de régulation transnationale privée du travail, différents cadres nationaux et différents contextes au niveau des entreprises s’associent afin de créer ce que l’on nomme des régimes de production hybrides transnationaux.
Objectif
Le projet prend du recul par rapport au débat habituel sur l’efficacité globale de la régulation privée transnationale en se focalisant sur les acteurs tout au bout de la chaine. Il se pose la question suivante : quels sont les effets de la régulation privée transnationale sur la capacité des acteurs impliqués, en particulier les travailleurs, à agir dans les contextes locaux ? Ce renversement de perspective permet d’étudier comment différents types de régulation transnationale sur le travail, différentes situations nationales et différents contextes locaux d’application au niveau des entreprises se
combinent pour former ce que nous dénommons des régimes hybrides de production. Le projet étudie deux pays (Kenya et Brésil). Il analyse la manière dont ces régimes varient dans le soutien qu’ils apportent aux travailleurs pour prendre des mesures visant à améliorer leurs conditions de travail.
Jean-Christophe et Nicole ont présenté une communication en lien avec le projet à la 6e conférence du Réseau sur la régulation de travail décent de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) organisée à Genève du 8 au 10 juillet 2019.
Hybrid Production Regimes and Labor Agency in Transnational Private Governance – Nouvel article publié (online first) par l’équipe de recherche du projet PR3 dans le Journal of Business Ethics. La publication souligne l’importance de la capacité d’agir des travailleurs dans la gouvernance transnationale privée des normes du travail. Voir : rdcu.be/bDu4j
Jean-Christophe a présenté la communication intitulée "Hybrid production regimes, transnational governance of labor standards and workers’ agency" à la 60e conférence annuelle de l'International Studies Associations (ISA), Toronto, 27-30 mars 2019.
Jean-Christophe Graz
Jean-Christophe Graz est requérant principal du projet PR3. Il est professeur de relations internationales à l’Institut d'Etudes Politiques, Historiques et Internationales de l’Université de Lausanne. Ses travaux portent depuis plus de 15 ans sur les questions de régulation en économie politique globale. Ses recherches concernent en particulier la gouvernance privée transnationale, les normes internationales, l’internationalisation des services, et plus récemment les normes de travail, la mondialisation de la finance et des assurances. Depuis 2006, il a été requérant principal sur les projets
suivants : “Governance by contract? The impact of the International Finance Corporation’s social conditionality on worker organization and social dialogue” (Swiss Network for International Studies – 2013-5); “INTERNORM - Pôle interactif des savoirs dans les processus de normalisation internationale (Direction Université de Lausanne & Fondation Anthropos – 2010-14); “Standards and international relations: Devolution of power in the global political economy” (Fonds national Suisse de la recherche scientifique – 2006-10). requérant sur les projets. Il achève actuellement un manuscrit pour un livre dont le titre provisoire est “The power of standards: Hybrid authority in the globalisation of services”.
Jimena Sobrino Piazza
Jimena Sobrino Piazza est titulaire d'un Master en opinion publique et méthodologie d'enquête des Universités de Lausanne, Lucerne et Neuchâtel. Avant cela, elle a fait des études de bachelor en sciences politiques à l'Université de Lausanne. Son travail est consacré aux défis de capturer des phénomènes sociaux complexes en mesures et à leur interprétation responsable.