Célia Barat nous décrit ci-dessous son activité professionnelle, ses motivations dans le choix de ses études et de son métier, ainsi que son parcours post-études
En quoi consiste votre travail actuel ?
Je travaille pour un bureau de conseils spécialisé en géologie et géotechnique (YBR Géologues SA) en tant que géologue junior spécialisée dans les sites pollués.
Une partie de mon travail consiste à mettre en application les ordonnances fédérales régissant la gestion des sites pollués et l’élimination des déchets (OSites et OLED). Concrètement je mène des investigations historiques pour identifier les activités à l’origine de la pollution d’un site, ainsi que des investigations techniques pour déterminer la nature et la quantité de polluant présent, et les risques potentiels pour l’environnement. Je pilote également des projets d’assainissements de terrains, de suivi de sites pollués ou encore d’excavation de matériaux pollués.
L’autre volet de mon travail touche à l’ingénierie géologique, où je réalise des campagnes de reconnaissance géologique et hydrogéologique – lors de fouilles et de forages par exemple. Une fois les résultats obtenus, je rédige des rapports de recommandations pour des projets de construction.
Bien sûr, je n’ai pas été envoyée immédiatement seule sur le terrain ! Je suis encadrée par mes employeurs et mes collègues, qui m’apprennent le métier. Petit à petit, on me confie des tâches à faire seule, pour que je devienne autonome dans mon travail.
Quelles ont été vos motivations dans le choix de votre formation ?
La problématique du changement climatique me touche depuis mon enfance. J’ai su très tôt que je voulais travailler dans un domaine en rapport avec la nature et la protection de l’environnement, afin de donner du sens à ce que je fais. J’ai découvert le bachelor en Sciences de la Terre et de l’Environnement un peu par hasard lors de mes recherches après la maturité gymnasiale. Le cursus avait l’air intéressant et je me suis dit que “comme j’adore les documentaires National Geographic, ça me plaira sûrement“.
J’ai toujours aimé les sciences, mais ce sont mes études de bachelor qui m’ont fait réaliser à quel point la géologie est un domaine immense. On passe de l’infiniment grand à l’infiniment petit, en touchant aussi bien à des sujets purement scientifiques qu’à des problèmes de société. À la fin de mon bachelor en 2020, j’aurais aimé faire des stages en entreprise pour découvrir le monde du travail dans le domaine de la géologie et ensuite m’orienter vers un master adapté à la spécialisation que j’aurais choisie. A cause de la pandémie de COVID, j’ai directement commencé un master à l’ELSTE, car les entreprises ne prenaient plus de stagiaire. Mais je n’ai aucun regret ! J’ai choisi la spécialisation Géochimie, Tectonique Alpine et Gites métallifères de l’ancien programme, car les volcans me passionnent, et que j’avais déjà plus ou moins choisi mon sujet de travail de mémoire en lien avec la géophysique et la volcanologie.
Quel a été votre parcours après le master ?
À la fin de mon master en 2023, j'ai passé l'été à Genève avant de partir seule pendant un mois au Japon pour me féliciter de la fin de mes études et me lancer un défi personnel. À mon retour, j'ai commencé à chercher un emploi dans le domaine de la géologie et de l'environnement en scrutant les offres d’emploi en ligne (Linkedin, Jobup, Indeed). J’ai d’abord cherché des postes sur l’arc lémanique, mais j’ai vite constaté que l’offre était limitée et la concurrence rude. J’ai donc élargi mon champ de recherche à toute la Suisse romande et j’ai finalement obtenu un poste dans le beau canton de Neuchâtel. Lors de l’entretien, mes futurs employeurs ont relevé que les points forts de mon CV étaient mon Certificat Complémentaire en Géomatique et mes compétences en programmation R et Python.
Quelles compétences acquises durant vos études vous sont utiles actuellement ?
M’étant spécialisée en volcanologie et en sismologie durant le master, je dois avouer que ces connaissances ne sont pas directement exploitées dans mon poste actuel. En revanche, mon travail de mémoire m’a permis de développer des compétences qui me sont très utile maintenant : maitrise des Systèmes d’Information Géographique (j’utilise QGIS tous les jours), rédaction de rapport ou gestion d’un projet de A à Z, par exemple. Ce sont surtout les bases solides en sciences de la Terre et en environnement acquises lors de mon bachelor qui me servent au quotidien.
Quels aspects de votre travail vous plaisent le plus ?
C’est le job pour lequel j’ai fait ces études et je ne pensais sincèrement pas que j’aurais l’opportunité de trouver un post de géologue pour ma première expérience professionnelle. J’aime pouvoir être indépendante et gérer mon agenda comme il me plait. Je travaille en général 50 % au bureau, et 50 % en extérieur. Même si je me suis déjà prise de belles rincées, j’aime être dehors, bouger, mesurer, échantillonner, avoir l’occasion de voir de beaux paysages et découvrir la région. Une partie de mes activités est d’œuvrer pour la protection de l’environnement et j’en suis ravie. Je n’arrête pas d’apprendre, que ce soit dans le domaine des sites pollués, de la géologie, ou de l’hydrogéologie, et c’est un travail interdisciplinaire qui m’assure de ne pas m’ennuyer.
Quels conseils donneriez-vous aux futur.e.s diplômé.e.s de master ?
Ce que je recommande à tous mes amis géologues : faites le Certificat Complémentaire en Géomatique et apprenez à coder (je recommande Python For Everybody du Dr Chuck sur Coursera, gratuit pour les étudiants)). Ça aide vraiment à mettre son CV en haut de la pile. Faites des stages en entreprise, dans les domaines de l’environnement ou de la géologie, pour gagner de l’expérience et savoir ce que vous voulez faire ensuite. Il est également possible de suivre des cours, gratuits, dispensé par l’Unige pour vous aider lors de votre recherche d’emploi et booster vos soft skills : comment réussir son entretien d’embauche, rédiger son CV et sa lettre de motivation, communiquer en entreprise, etc. Ces cours m’ont été utiles pour me mettre dans le bain et prendre confiance dans mes démarches.
Et restez ouverts : le premier job n’est pas toujours celui de nos rêves, mais c’est une porte dans le monde professionnel et c’est ce qu’il faut pour se lancer.
Quels sont vos objectifs pour la suite de votre activité professionnelle ?
Continuer à apprendre et m’améliorer, peut-être faire le CAS SIPOL (Sites Pollués) et profiter de ma vie d’adulte indépendante.