Laure Dutoit

Laure Dutoit

« Il est important de réaliser qu’il y a plus d’options que ce que l’on pourrait penser après une thèse de doctorat. Il faut aussi avoir le culot ou le courage d’aller poser des questions et de recueillir des informations auprès de professionnel·le·s sur des postes qui nous intéressent. »

 

150321_Dutoit Laure_photo.JPGLaure Dutoit a obtenu son doctorat en sciences économiques à la Faculté des hautes études commerciales (HEC) de l’UNIL en 2008. Depuis 2014, elle est cheffe de projet scientifique à l’Observatoire suisse de la santé (OBSAN) à Neuchâtel.

Titre de la thèse : An Analysis of Agricultural Development and the Market and an Econometric Survey.

 

GC : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
LD : Je suis cheffe de projet scientifique à l’Observatoire suisse de la santé à Neuchâtel. Je vis près d’Yverdon et je suis mère de deux enfants.

Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer un doctorat ?
A la fin de mon master, j’étais intéressée par une carrière académique car j’avais apprécié la partie recherche de mes études. Je me suis dit que j’allais déjà réaliser un doctorat.

Aviez-vous un plan de carrière durant votre doctorat ?
Non. Pendant mon doctorat, j’ai réalisé que le travail dans les organisations internationales me plairait beaucoup. Je m’étais renseignée sur les débouchés possibles, mais je n’avais pas de plan de carrière précis.  

Vous êtes cheffe de projet scientifique à l’Observatoire suisse de la santé. Le jour de votre soutenance, auriez-vous imaginé occuper ce poste aujourd’hui ?
Non, pas du tout. Je ne savais même pas que ce genre d’observatoire existait en Suisse. A ce moment-là, j’étais vraiment partie sur une carrière à l’étranger dans une organisation internationale.

Quelles sont vos missions principales et comment décririez-vous votre rôle ?
L’Observatoire suisse de la santé réalise des analyses sur le système de santé en Suisse, principalement pour les cantons et la Confédération. Mon travail consiste à gérer les contrats, à répondre aux besoins des clients (c'est-à-dire, les cantons et les offices de la Confédération), à réaliser des analyses statistiques et à rédiger des rapports sur le système de santé en Suisse. C’est un poste qui comprend plusieurs dimensions : l’analyse statistique, la programmation pour ce qui est des programmes statistiques et la gestion de projet (gestion des clients et du budget, réalisation d’offres).

Qu’aimez-vous le plus dans cette fonction ?
Cet éventail de tâches. J’aime réaliser des analyses empiriques et voir qu’elles sont utilisées par la suite par les cantons et la Confédération. On sent que notre travail a une utilité. Pour moi, c’est très important.

Quelles sont les compétences essentielles pour exercer cette mission ?
Des compétences analytiques et de recherche ainsi que des compétences rédactionnelles.

Expliquez-nous le parcours qui vous a mené jusqu’à votre poste actuel ?
Pendant mon doctorat, j’ai réalisé que ce qui m’intéressait c’était de rejoindre une organisation internationale. Après mon doctorat, j’ai réussi le concours pour entrer à l’ONU et je suis partie travailler deux ans au Chili au sein de l’ONU. Ce que je faisais correspondait vraiment à la thématique de ma thèse. Mais j’ai été assez vite déçue par le travail des organisations internationales et de l’ONU. J’avais l’impression que je faisais mon travail pour justifier mon poste, mais que ce n’était pas forcément utile. Il me manquait le « sérieux » du doctorat. J’ai résilié mon contrat et je suis rentrée en Suisse. Je me suis formée à l’enseignement à la Haute école pédagogique et j’ai enseigné au Gymnase pendant deux ans. J’ai choisi l’enseignement car j’aimais l’idée de transmission et parce que j’avais de l’expérience dans ce domaine : j’avais eu des tâches d’enseignement à l’UNIL pendant mon doctorat et j’avais fait des remplacements dans des écoles. Après deux ans, j’ai réalisé que je n’étais pas suffisamment passionnée pour faire carrière dans l’enseignement. C’est à cette période que j’ai commencé à faire des recherches sur les postes qui pouvaient correspondre à mon profil. J’ai réalisé qu’il existe des bureaux qui font des études empiriques sur mandat des cantons et de différentes organisations. J’ai demandé à pouvoir discuter avec l’un de ces bureaux pour connaître ce qu’ils font ; je n’avais pas envie de me lancer dans quelque chose de nouveau sans savoir si le travail me plairait. J’ai eu une discussion avec des personnes sympathiques qui m’ont bien accueillie et qui m’ont expliqué leur travail. Suite à cet entretien que j’avais beaucoup apprécié, j’ai envoyé une candidature spontanée qui a débouché sur une offre de poste. J’ai travaillé dans ce bureau d’études pendant deux ans. J’ai découvert l’Observatoire suisse de la santé à travers cet emploi, car je travaillais parfois pour cette institution. J’ai rejoint l’Observatoire suisse de la santé en 2014 lorsqu’un poste s’est ouvert.

Pendant votre doctorat, vous êtes-vous préparée à votre entre entrée sur le marché de l’emploi ?
Non ; disons que je m’étais seulement préparée aux étapes me permettant de rejoindre l’ONU.

Que répondez-vous à celles et ceux qui estiment que le doctorat n’est pas pertinent pour une carrière non-académique ?
A l’Observatoire suisse de la santé, 80 à 90% des chef·fe·s de projet ont un doctorat ; c’est un diplôme de plus en plus demandé. On pense toujours que la thèse est une recherche très compliquée sans grande utilité hors du monde académique. Or, on apprend comment faire de la recherche pendant le doctorat – que ce soit de la recherche empirique ou théorique – et ces principes de recherche sont utiles dans la vie professionnelle.

Quel conseil donneriez-vous à un·e doctorant·e ou à un·e post-doc qui prépare la prochaine étape de sa carrière ?
De faire ce que j’ai fait après ma période d’enseignement au gymnase, c’est-à-dire de rechercher des informations sur ce qu’il existe comme débouchés qui pourraient les intéresser. A l’université, on a que le milieu académique en tête et je pense que les professeur·e·s eux-mêmes ne connaissent pas toutes les possibilités qu’ont les futur·e·s docteur·e·s. Il est important de réaliser qu’il y a plus d’options que ce que l’on pourrait penser après une thèse de doctorat. Il faut aussi avoir le culot ou le courage d’aller poser des questions et de recueillir des informations auprès de professionnel·le·s sur des postes qui nous intéressent.

 

Portrait publié le 24 mai 2021

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