Paola Rattu

Paola Rattu

« Pendant mon doctorat, j’ai cherché à m’investir dans le domaine de l’enseignement à la fois par intérêt et pour avoir une porte de sortie une fois la thèse terminée. »

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Paola Rattu
 a obtenu son doctorat en géographie à la Faculté des géosciences et de l'environnement (FGSE) de l’UNIL en 2015. Elle travaille depuis 2020 à la Confédération en tant que responsable de la formation digitale à l’Office fédéral de la police (fedpol) et a fondé sa propre entreprise de conseil en formation, Rattu Consulting. 

Titre de la thèse : Le pouvoir e(s)t l'eau. Une géo-histoire foucauldienne de l'eau urbaine en Suisse entre 1850 et aujourd'hui.


GC : Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
PR J’ai effectué mon doctorat en géographie à l’UNIL de 2010 à 2015. Après l’obtention de mon doctorat, j’ai travaillé neuf mois en tant qu’ingénieure pédagogique à la Faculté des sciences sociales et politiques (SSP) de l’UNIL, puis j’ai rejoint le secteur privé. Je suis actuellement responsable de la formation digitale à l’Office fédéral de la police (fedpol). 

Pourquoi avez-vous choisi d’effectuer un doctorat ?
En raison de la thématique très stimulante et parce que le doctorat s’inscrivait dans la continuité de mon parcours. Lorsque j’ai commencé ma thèse de doctorat en tant qu’assistante, il était prévu que je travaille sur un sujet qui était en lien avec un domaine de recherche que j’avais étudié pendant mon master. 

Aviez-vous un plan de carrière durant votre doctorat ?
Pendant ma thèse, j’avais des craintes au sujet de mon avenir professionnel. Je trouvais qu’il était compliqué d’envisager la suite sachant que les postes de post-doc sont des contrats précaires et qu’il y en a peu en Suisse. J’avais presque trente ans à la fin de mon doctorat. Je me demandais si j’avais réellement envie de continuer à évoluer dans le milieu académique avec un statut précaire pendant un certain nombre d’années. Mon plan de carrière a été de me laisser la liberté de choisir ce que je souhaitais faire après le doctorat. Afin de diversifier les options professionnelles possibles après la thèse, j’ai décidé d’entreprendre des études de master en technologies de l’apprentissage et de la formation à l’Université de Genève parallèlement à mon doctorat. J’ai terminé cette formation un an avant l’obtention de mon doctorat. A la fin de ma thèse, j’ai ainsi pu choisir de continuer la voie académique en géographie ou de me lancer dans une carrière extra-académique dans le domaine des technologies éducatives. J’ai choisi cette dernière option.  

Vous êtes responsable de la formation digitale à l’Office fédéral de la police. Le jour de votre soutenance, auriez-vous imaginé occuper ce poste aujourd’hui ?
Non, pas du tout. Je savais que j’allais commencer un poste à l’UNIL dans le domaine des technologies éducatives quelques jours après ma soutenance, mais je n’avais aucune idée de la façon dont ma carrière allait évoluer.

Quelles sont vos missions principales et comment décririez-vous votre rôle ?
Auprès de fedpol, je suis chargée de mettre en place un centre de compétences en formation digitale. Dans ce rôle, je dois construire des formations digitales, comme des modules e-learning, gérer les différentes étapes des projets et former des collaborateur·trice·s à la formation digitale. A côté de cet emploi, j’ai développé ma propre entreprise de conseil. Je propose un soutien aux entreprises dans la création et le déploiement de leurs formations, y inclus leurs formations digitales (par exemple pour les lancements de nouveaux produits ou pour les ressources humaines). 

Qu’aimez-vous le plus dans votre métier d’experte en formation digitale ?
Ce que j’aime, c’est le fait de pouvoir être en contact avec des thématiques très différentes, d’aider les spécialistes métiers à partager leurs connaissances et de délivrer une bonne expérience d’apprentissage aux participants. J’aime aussi l’aspect créatif, la gestion de projets et la gestion d’équipe. 

Quelles sont les compétences essentielles pour exercer ce métier ?
Etre ouvert à des sujets très variés et pouvoir les comprendre rapidement, savoir hiérarchiser les priorités, être créatif et être ouvert au changement. Une approche structurée et un certain sens de l’esthétique sont aussi importants.

Expliquez-nous le parcours qui vous a mené jusqu’à votre poste actuel ?
Après avoir terminé mon doctorat, j’ai occupé le poste d’ingénieure pédagogique à l’UNIL. J’avais de l’expérience dans le domaine des technologies d’apprentissage : j’avais été consultante e-learning pour l’Ecole supérieure en éducation de l’enfance (esede) et j’avais également développé deux projets soutenus par le Fonds d'innovation pédagogique (FIP) de l’UNIL durant mon assistanat. Un des projets consistait à mettre à disposition des étudiant·e·s de master en géographie des fiches pédagogiques leur permettant d’acquérir des bases en sciences sociales. Pendant mon doctorat, j’ai cherché à m’investir dans le domaine de l’enseignement à la fois par intérêt et pour avoir une porte de sortie une fois la thèse terminée.

Le poste à l’UNIL était intéressant, mais j’ai rapidement eu besoin d’un nouveau défi. En 2016, j’ai été engagée par Phonak, une entreprise qui produit des aides auditives, toujours en tant qu’ingénieure pédagogique. Ce poste m’a plu : j’ai eu la possibilité de construire mes premières formations digitales pour l’interne et surtout pour l’externe, de collaborer étroitement avec des expert·e·s métiers de domaines très variés, d’avoir un contact avec les différents marchés et de travailler dans une entreprise présente à l’international. Après environ un an, j’ai eu des responsabilités supplémentaires et j’ai pu avoir ma propre équipe. Après presque quatre ans dans cette entreprise, j’ai eu envie d’une nouvelle expérience et c’est ainsi que j’ai postulé chez fedpol.

 

Que répondez-vous à celles et ceux qui estiment que le doctorat n’est pas pertinent pour une carrière non-académique ?
Je ne suis pas d’accord. Pendant le doctorat on acquiert de nombreuses compétences qui sont précieuses hors du monde académique, comme par exemple savoir faire des recherches efficacement, traiter et structurer des informations, communiquer ses résultats à un public expert ou non-expert et développer une structure de pensée. Tant qu’on est doctorant·e, on ne se rend pas forcément compte des compétences que l’on développe.

Quel conseil donneriez-vous à un·e doctorant·e ou à un·e post-doc qui prépare la prochaine étape de sa carrière ?
Le doctorat permet d’acquérir des compétences variées. Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que le doctorat ne marque pas la fin du chapitre de l’apprentissage. Il est important de continuer à apprendre et à se former tout au long de son parcours, par exemple en effectuant des stages en entreprise et des formations complémentaires pendant et après le doctorat. Pour ce qui me concerne, je suis en train de terminer un MBA auprès de la Kennesaw State University, ce qui élargit la palette d’outils et de compétences que je peux mobiliser au quotidien, en particulier dans le soutien à mes clients du secteur privé.


Portrait publié le 15 mars 2021

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