Camille Biner a obtenu un Bachelor ès Lettres, puis un Master en sciences des religions avec spécialisation à l'UNIL. Elle est maintenant assistante sociale au Centre Social d'Intégration des Réfugiés de Lausanne.
Depuis janvier 2021, je suis assistante sociale au Centre Social d’Intégration des Réfugiés (CSIR) à Lausanne. Le CSIR, rattaché à la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) du Département de la santé et de l’action sociale (DSAS) de l’Etat de Vaud, est l’organisme en charge de l’assistance financière (le Revenu d’Insertion - RI) et sociale des réfugiés (permis B réfugiés et permis F réfugiés) du canton de Vaud. Le suivi de chaque personne est assuré par un·e gestionnaire de dossiers, en charge de tout ce qui est financier, et un·e assistant·e social·e, qui travaille en collaboration étroite avec les «bénéficiaires» à leur intégration sociale et leur insertion professionnelle. En tant qu’assistante sociale, mon rôle consiste à accompagner les personnes ayant obtenu leur statut de réfugié sur le chemin de l’intégration sociale et celui de l’insertion professionnelle. Pour cela, il s’agit de travailler sur l’apprentissage de la langue, en les inscrivant à des cours de français, puis à mettre en place des mesures d’insertion socio-professionnelle pour construire un projet professionnel réaliste et réalisable (emploi ou formation). Il s’agit également d’oeuvrer à l’autonomisation des personnes que j’accompagne, en leur expliquant le fonctionnement du système suisse dans sa globalité (assurance-maladie, allocations familiales, bail à loyer, factures diverses, etc.). Il s’agit de donner des clés et des outils afin que les personnes puissent retrouver leur autonomie, qu’elle soit sociale, administrative ou financière. Concrètement, je suis l’assistante sociale d’environ soixante-septante personnes (enfants et jeunes de moins de 16 ans y compris) que je dois recevoir une fois tous les mois en entretien. Ces rendez-vous mensuels de travail permettent de répondre aux urgences des «bénéficiaires», de travailler à leur compréhension du système administratif suisse, à leurs recherches de logement, leurs problématiques de santé, leur apprentissage de la langue ou leur projet professionnel pour ne citer que ces exemples. En dehors des entretiens mensuels, il y a également des tripartites avec les mesures d’insertion, les écoles pour les enfants, les médecins et psychologues, etc. Il y a également de nombreuses tâches administratives à réaliser et les urgences ponctuelles et quotidiennes à gérer.
L’une des particularités de mon travail au CSIR est la collaboration étroite et indispensable avec l’autre corps de métier: les gestionnaires de dossiers. Chaque suivi est assuré par un·e gestionnaire et par un·e assistant·e social·e et ce travail en binôme n’est pas toujours évident. Cela nécessite de la communication et de l’organisation afin que le suivi se déroule au mieux. Dès lors, certains suivis se passent bien, alors que d’autres sont plus compliqués. Je pourrais également ajouter que l’une des difficultés de mon travail est la gestion des urgences. J’ai parfois l’impression d’être un pompier, qui doit éteindre les incendies alors même que j’aimerais pouvoir agir en amont. Chaque assistant·e social·e doit gérer un grand nombre de dossiers, ce qui fait que les urgences prennent beaucoup de place. Au niveau des avantages, il s’agit d’un travail intéressant, enrichissant et varié. Je touche à beaucoup de domaines différents, je rencontre également beaucoup de personnes différentes (bénéficiaires et professionnel·le·s) et aucune journée ne ressemble à celle de la veille. J’ai également la liberté de gestion de mon agenda et de mes rendez-vous.
En 2013, j’ai débuté un Bachelor au sein de la Faculté des Lettres à l’UNIL, avec trois branches principales à choix. J’ai choisi Histoire, Histoire et sciences des religions et Sciences politiques. En 2e année de Bachelor, j’ai décidé de continuer mon cursus avec Histoire et Histoire et sciences des religions; ma troisième branche, Sciences politiques, s’est transformée en un programme à options. Après avoir obtenu mon Bachelor, j’ai débuté un Master en Histoire et sciences des religions avec comme spécialisation l’islam et le judaïsme.
Durant mon master, j’ai suivi un programme de spécialisation intitulé « Eclairer l’interculturalité » au sein duquel la théorie se combine à la pratique. J’ai ainsi eu la chance de réaliser un stage de Master à la Fondation PROFA, au sein du programme Migration & Intimité, et d’accompagner les chargés d’action dans leur travail de prévention, de communication et d’information en santé sexuelle et reproductive auprès des personnes issues de la migration dans le canton de Vaud. Ce stage m’a permis de réaliser que je souhaitais travailler, à l’avenir, dans le domaine social et, en particulier, avec les personnes issues de la migration. Durant mes recherches d’emploi, j’ai donc postulé au Centre Social d’Intégration des Réfugiés (CSIR) de Montreux. La réponse a d’abord été négative. Quelques mois plus tard, j’ai été contactée par ma cheffe d’équipe actuelle au CSIR de Lausanne. Il s’est avéré que l’une de mes anciennes collègues (rencontrée lors d'un stage réalisé après mon la fin de mes études) avait envoyé à nouveau mon dossier de candidature à l’une de ses amies travaillant au CSIR. La manière dont j’ai trouvé mon emploi actuel m’a alors montré l’importance du réseau professionnel.
En regard de ma pratique professionnelle, je dirais que les principales qualités recherchées sont la flexibilité et l’adaptation, la gestion du stress et des imprévus/urgences, l’efficacité, la collaboration inter-institutionnelle et avec les autres corps de métier. J’ajouterais également l’ouverture d’esprit et, surtout, l’ouverture aux autres: être prêt·e à donner, mais aussi à recevoir de l’autre (ce qui n’est pas toujours simple dans une relation d’aide asymétrique). Au niveau du parcours de formation, certain·e·s de mes collègues sont issus de la Haute Ecole de Travail social; d’autres ont un cursus universitaire dans différents domaines (Sciences sociales, Lettres, Sciences politiques, etc.). Il y a une variété importante dans les profils des collaborateurs et collaboratrices. En termes de compétences, il est nécessaire de combiner des capacités rédactionnelles (car il y a beaucoup de tâches administratives, malgré le travail social) et organisationnelles, et des capacités sociales d’écoute et d’ouverture. Il faut également pouvoir se montrer ferme, car ma pratique est encadrée par un cadre normatif. Certains situations engendrent des avertissements et/ou sanctions financières. Les possibilités de travail pour les jeunes diplômé·e·s sont assez importantes. C’est un secteur qui est en constante évolution et il y a fréquemment pas mal de postes à pourvoir ou à repourvoir.
Je leur conseille de se lancer! Il est possible de réaliser des stages dans ce domaine, mais aussi de trouver du travail en tant qu’assistant·e social·e sans avoir forcément obtenu le diplôme d’assistant social. Il faut simplement être prêt à apprendre rapidement et un peu sur le tas.