Laurène Rochat a obtenu son doctorat en Sciences de la vie à la Faculté de biologie et de médecine (FBM) de l’UNIL en 2011. Elle est actuellement Laboratory Manager chez Scitec Research SA, un laboratoire d'analyses chimiques et microbiologiques à Lausanne.
Titre de la thèse : Study of the Regulation of Antifungal Activity in Plant-associated Pseudomonas Fluorescens.
« Est-ce que l’on souhaite continuer dans le milieu académique ? Dans ce cas-là, il est vraiment important de très bien choisir le laboratoire que l'on intègre après sa thèse. Ou est-ce que l’on souhaite rejoindre le privé ou monter son entreprise ? Ce sont des questions à se poser avant le début de son doctorat. »
J'ai fait mes études à l’Université de Lausanne, un parcours relativement assez classique : un bachelor, un master, puis un doctorat en microbiologie fondamentale. J’ai ensuite rejoint le secteur privé. Je travaille depuis dix ans dans une entreprise qui fournit des prestations de services analytiques dans le domaine environnemental.
En sortant de l'université, j'avais l'impression que je n'avais pas assez de pratique et pas d'expérience de gestion de projet et du travail en laboratoire. J’avais vraiment la sensation que j’avais besoin de cette expérience pour pouvoir ensuite rejoindre des entreprises privées.
Quand je faisais mon doctorat, je savais que je ne voulais pas continuer dans le monde académique. J’avais envie de rejoindre soit une société pharmaceutique ou agroalimentaire soit une start-up. Je n’étais pas très au clair sur la taille de l’entreprise que je souhaitais rejoindre, mais je savais que j’avais envie de travailler dans le privé.
Oui, car je l’occupais déjà. J’ai commencé ce poste une dizaine de mois avant ma soutenance. J’ai débuté à 20% tout en terminant mes expériences au laboratoire à l’UNIL. Puis, après quelques mois, mon directeur de thèse a estimé que j’avais suffisamment de données pour écrire mon doctorat. J’ai donc mis fin à mon contrat avec l’UNIL et terminé ma thèse en étant employée chez Scitec en qualité de Lab Manager.
Mon rôle a beaucoup évolué. J’ai commencé, si l’on peut dire, par le bas de l’échelle. J’étais surtout avec les laborantin·e·s à apprendre les activités du laboratoire, non seulement la microbiologie, mais aussi la chimie instrumentale. J’ai ensuite fait durant quelques années de la gestion de projet, d’équipe et de planning. Aujourd’hui je fais toujours de la gestion de projet et du lab management, mais je suis aussi largement impliquée dans la projection et le renouvellement des activités de l’entreprise, c’est-à-dire trouver des nouveaux marchés, évaluer la qualité de notre profit, orienter les activités vers telle ou telle analyse en fonction de ce qui pourrait être rentable pour l’entreprise ou en fonction des besoins des marchés émergents.
La gestion de projet ! J'aime cette dynamique d'interaction avec les clients, les collègues et les laborantin·e·s. Cela demande une grande organisation. C’est assez gratifiant de voir que les directives, expériences, discussions et planning font avancer les projets : les analyses se font, les résultats sortent ; on les évalue, puis on les donne aux clients qui en tirent des conclusions. C’est enrichissant et satisfaisant parce que cela donne beaucoup de sens à notre travail.
Avoir de la rigueur et une aisance en communication. Il faut aussi avoir de la motivation, être flexible et anticiper un maximum les problèmes qui pourraient arriver.
J’ai fait un master en géologie régionale alpine. C’était plutôt de la géologie pure et dure, comme l'étude de certains types de roches et de la cartographie. J’ai ensuite entrepris mon doctorat. C'était un projet de recherche appliquée dans le domaine des dangers naturels. Le passage du master au doctorat était assez idéal parce que j’avais des connaissances acquises durant mes études que je pouvais utiliser en tant qu’instruments de base (par exemple la cartographie et la reconnaissance des roches). Pendant le doctorat, j’ai pu acquérir d'autres connaissances plus spécifiques dans le domaine des dangers naturels. J’ai aussi eu la possibilité de participer à l'enseignement, cela m'a appris beaucoup de choses, comme interagir avec les étudiant·e·s et transmettre des connaissances. J'ai pu ajouter tout cela à mon bagage. Et le fait d’avoir fait de la recherche appliquée dans le domaine des dangers naturels durant mon doctorat m'a bien été utile pour démarrer ma carrière dans un bureau privé. Car dans mon emploi actuel, nous travaillons tous les jours sur des projets de dangers naturels.
Durant mon doctorat, je regardais beaucoup le marché de l’emploi pour voir quelles étaient les offres proposées et pour identifier les profils recherchés. Ce n'était pas forcément très encourageant et rassurant, car c’était surtout des profils dans le secteur des affaires réglementaires, dans le domaine immunologique ou alors pour des postes très administratifs. J’avais beaucoup travaillé mon CV. Je n’ai pas postulé pendant mon doctorat, mais j’ai posé beaucoup de questions sur les voies d’entrée en entreprise à des connaissances qui travaillaient dans le privé. J’ai eu la possibilité de travailler chez Scitec grâce à une opportunité assez fortuite. Pendant ma thèse, j’occupais un bureau avec d’autres collègues. Un jour, le téléphone du bureau a sonné. J’ai répondu. C’était une personne de chez Scitec qui cherchait à joindre un ancien collaborateur du bureau. La personne à qui je parlais m’a dit que l’entreprise cherchait un·e microbiologiste pour démarrer un projet avec une grande société pharmaceutique et m’a demandé si j’étais intéressée à les rencontrer. C’est comme cela que je suis entrée dans l’entreprise dans laquelle je travaille aujourd’hui.
Je pense effectivement que le doctorat n’est pas essentiel pour travailler en entreprise. En revanche, cette expérience nous apprend quand même à organiser notre travail, à être flexible, à rechercher l’information par soi-même. D’un point de vue purement thématique, mon doctorat n’est pas applicable à ce que je fais aujourd’hui. Mais au niveau de mon cheminement personnel et du développement de mes capacités, il a vraiment été utile.
D’identifier rapidement ses souhaits pour l'avenir. Est-ce que l’on souhaite continuer dans le milieu académique ? Dans ce cas-là, il est vraiment important de très bien choisir le laboratoire que l'on intègre après sa thèse. Ou est-ce que l’on souhaite rejoindre le privé ou monter son entreprise ? Ce sont des questions à se poser avant le début de son doctorat. En fonction de ce que l’on veut pour la suite, il faut choisir au mieux le laboratoire et la thématique qui nous intéressent pour faire un doctorat. De façon générale, j’encourage les gens à faire un doctorat car c’est une expérience très enrichissante sur le plan personnel, et pas seulement sur le plan scientifique.