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Faculté des sciences (FBM et FGSE)

L’Académie de Lausanne propose très tôt après sa création des enseignements de ces sciences qu’on appelle improprement «dures», «pures» ou «exactes». Ils sont rattachés à la Chaire des arts — l’une des quatre que compte l’institution — qui dispense des enseignements de rhétorique, de philosophie, de physique et de mathématiques.

Jean Tagaut semble être le premier professeur de sciences lausannois. C'est un médecin et chirurgien français, ami de Théodore de Bèze, réfugié à Genève pour des raisons religieuses. Il restera à Lausanne de 1557 à 1559, avant de gagner l’Académie de Genève, nouvellement fondée, où il meurt un an plus tard. Claude Boucart est un personnage qui incarne sans doute les hésitations théologiques d'une partie de la population de l'époque. Nommé en 1598 à l’Académie pour y enseigner les mathématiques et la physique, ce jésuite, converti au protestantisme, s’enfuit de Lausanne à Thonon dix ans plus tard, rejetant sa foi réformée et abandonnant femme et enfants. En 1611 il abjure le catholicisme, ce qui lui permet de reprendre son enseignement à Lausanne jusqu’en 1617 où, suspecté de catholicisme, il est emprisonné. Il mourra bon catholique à Annecy en 1624.

Les sciences ne jouent qu’un rôle secondaire à Lausanne jusqu’à l’arrivée de Jean-Pierre de Crousaz, premier prix de l’Académie des sciences de Paris en 1720. Voilà un véritable mathématicien. Le cheveu soigneusement poudré, il ressemble à Jean-Sébastien Bach. Engoncé dans une robe noire, le rabat blanc sur la poitrine il a l'allure de certains pasteurs d'aujourd'hui. Nommé en 1700 à l'Académie, il est embarqué dans l'affaire Davel et doit quitter sa charge au bout de trois ans seulement. L'enseignement scientifique de la fin du XVIIIème siècle est marqué par la présence des De Treytorrens, père et fils. A la mort du second, Louis, en 1794 la chaire des arts est scindée en deux. Jean-Samuel François, un partisan de la Révolution vaudoise, enseigne les mathématiques et la physique expérimentale, tandis que David Secrétan se charge de la philosophie. Après l’indépendance vaudoise, l’Académie se réorganise. En 1806, l'ensemble des enseignements est réparti en quatorze chaires, dont une de mathématiques et astronomie, une de physique théorique et expérimentale, une de «chymie» et minéralogie, deux de médecine et chirurgie qui ont également pour charge l'enseignement de la botanique.

Emmanuel Develey est le premier professeur de mathématiques à plein temps. Il conservera sa charge jusqu'à l'âge de 73 ans en 1837. Cette année là, la nouvelle Loi sur l'Instruction publique apporte deux innovations révolutionnaires. D’une part les enseignements seront désormais dispensés en français. D’autre part les facultés sont créées. Ainsi dorénavant les filières d’études sont clairement définies. Il y en a trois: Théologie, Droit, Lettres et sciences. En 1859 l’Université de Zurich divise sa Faculté de philosophie en Phil. 1 (philsophie, histoire et linguistique) et Phil. 2 (mathématiques et sciences). A Lausanne c'est la loi de 1869 qui reconnait les Lettres et sciences comme deux facultés distinctes. A partir de cette année les enseignements scientifiques sont: mathématiques — astronomie — physique — chimie — zoologie, anatomie et physiologie — botanique — minéralogie, géologie et paléontologie — hygiène. La Constitution de 1861 impose une révision de la Loi sur l'Instruction publique. Elle sera votée en 1869, grâce à la volonté de Louis Ruchonnet, le futur conseiller fédéral. Elle notifie notamment que l'Académie peut désormais décerner le grade de docteur. Elle dote la haute école d'une nouvelle faculté, la Faculté technique, qui deviendra l'EPFL un siècle plus tard exactement. Les sciences «pures» prennent de plus en plus de place dans l’Académie; les facultés des sciences et technique regroupent 7 chaires sur les 21 que compte l’institution. En 1873 une nouvelle faculté est créée, l’Ecole de pharmacie, avec deux chaires de professeurs ordinaires pour huit enseignements. En 1881 la nouvelle loi transforme la Faculté en Ecole, section de la Faculté des sciences. Elle perd une part de son autonomie sans toutefois se fondre totalement dans la faculté mère.

En 1890 l’Université succède à l’Académie. Les sciences médicales, jusqu’alors uniquement destinées à un enseignement propédeutique, quittent la Faculté des sciences pour s’intégrer à la toute nouvelle Faculté de médecine. Désormais la Faculté des sciences se subdivise en trois sections: les sciences mathématiques, physiques et naturelles — les sciences pharmaceutiques, soit l’Ecole de pharmacie — les sciences techniques, soit l’Ecole d’ingénieurs. Les deux dernières sections ont la particularité d’être dirigées par un directeur nommé par le Conseil d’Etat. La Faculté compte alors 56 étudiants (env. 26%) sur les 216 de l’Université.

Au début du XXème siècle la Section des sciences mathématiques, physiques et naturelles se divise en quatre: sciences mathématiques — sciences physiques — sciences géologiques — sciences naturelles. La chimie fait encore partie de la physique et cela jusqu'en 1942, année où elle devient une filière spécifique. Au milieu des années 60 les anciens «laboratoires» prennent le nom plus moderne d’«instituts».

De 1890 à 1968 le nombre de professeurs en Faculté de sciences passe de 20 à 87. On compte parmi eux des personnalités scientifiques de premier plan, comme le chimiste Jean Piccard (le frère jumeau d'Auguste qui servit de modèle à Hergé pour le personnage du professeur Tournesol), le mathématicien Georges De Rham, créateur de théorèmes et découvreur de voies d'alpinisme dans les Alpes, le géologue Maurice Lugeon surnommé «le père des barrages» ou le limnologue François Forel, précurseur de la sismologie et le premier à effectuer des observations météorologiques à l'aide de ballons sondes.

L'Ecole d'ingénieurs devient de plus en plus autonome durant la première moitié du XXème. Au point qu'en 1969 elle quitte le giron cantonal pour être rattachée à la Confédération sous le nom d'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Elle emporte avec elle plus de 1000 étudiants. Les sciences en comptent désormais 370. A Lausanne les hautes écoles proposent toutes deux des enseignements de mathématiques, chimie et physique. Ceux de l'UNIL sont davantage orientés vers la recherche et ceux de l'EPFL vers l'industrie.

Au début du XXIème siècle le nombre d’étudiants en sciences représente 14% du total. L’aventure de la Faculté des sciences lausannoise s’achève en 2003, après 134 ans, avec le transfert de la pharmacie à Genève et l’ouverture des Faculté de biologie et de médecine (FBM) et des géosciences et des sciences de l’environnement (FGSE) qui remplacent les Sciences et la Médecine.

Olivier Robert - UNIRIS 2014