Steinlen, l'oeil de la rue

Commissaires de l'exposition : Philippe Kaenel (Section d'histoire de l'art, Faculté des Lettres, Université de Lausanne) et Catherine Lepdor (Musée cantonal des beaux-arts)

Théophile-Alexandre Steinlen (1859-1923) est l'une des figures majeures de l'art européen autour de 1900. Né à Lausanne, naturalisé français, il fut tout à la fois dessinateur, graveur, caricaturiste, illustrateur, affichiste, peintre et sculpteur. Bien qu'autodidacte, il est l'héritier d'une riche tradition artistique dans le domaine de l'iconographie politique et sociale, dans le genre du nu, de la nature morte, du portrait et surtout dans la peinture de genre. D'un côté il fait revivre le souvenir des chefs-d'oeuvre de Delacroix, Daumier, Doré ou Manet. De l'autre, Steinlen est devenu l'une des figures centrales de la culture visuelle européenne au cap du XXème siècle et, avec Toulouse-Lautrec, il est sans nul doute l'un des plus brillants dessinateurs de son temps. Steinlen est célèbre aujourd'hui pour ses affiches, ses scènes de la vie quotidienne dans les rues parisiennes du côté de Montmartre et surtout ses chats qui lui sont restés attachés comme une image de marque. D'autres facettes de son talent de dessinateur, de graveur, de peintre et de sculpteur sont moins connues : ses grandes natures mortes, ses nus sensuels, ses portraits incisifs, ses paysages de Suisse, de France, de Norvège, ses grands arbres tragiques, ainsi que tout son oeuvre tardif consacré à la Première guerre mondiale. Steinlen a certes fait l'objet d'expositions régulières ces dernières décennies. Mais la rétrospective lausannoise est un événement unique. En effet, elle réunit des oeuvres souvent inédites issues de nombreuses collections privées et publiques en Suisses et en Europe. Il s'agit de l'ensemble le plus varié et le plus riche présenté à ce jour. Surtout, l'exposition bénéficie en exclusivité des ressources de l'atelier et des archives Steinlen auxquelles personne n'a eu accès dans une telle mesure jusqu'à ce jour. Enfin, grâce au soutien de la Loterie romande, le Musée cantonal des beaux-arts vient d'acquérir des centaines d'oeuvres de l'artiste et la documentation personnelle réunie par Jacques Christophe, auteur de publications de référence sur la période montmartroise et sur l'oeuvre de guerre. Cette collection vient enrichir les collections du Musée qui comptent déjà plus de trois cents pièces. Cette acquisition s'inscrit également dans un projet de partenariat entre le Musée, la Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne et la section d'histoire de l'art (Faculté des Lettres de l'Université de Lausanne).