Vacheron Joël

Vers une anthropologie de la vision: La place du globe terrestre dans les stratégies de communication du Whole Earth Catalog à Google Earth

Sous la direction de Francesco Panese, Institut des sciences sociales, Université de Lausanne

Durant la première décennie du XXIe siècle, le nombre de personnes qui ont accès à Internet a passé le cap des deux milliards et l’on compte six milliards d’abonnés aux réseaux de téléphonie mobile. Dans le même temps, l’optimisation des techniques de production, de stockage et de diffusion a permis une circu-lation toujours plus rapide des produits et des idées. L’usage généralisé des cartes de crédit, l’informatisation et l’interconnexion des places financières ont fluidifié les transactions monétaires. Progressivement délestés des contrepoids étatiques, les échanges de capitaux sont devenus toujours plus fluides, déter-ritorialisés et volatiles. Multiplication des tâches, obsolescence programmée, suppression des pauses ou des périodes d’attente, etc., cette « compression spatio-temporelle » (D. Harvey) semble devenir un état de conscience ordinaire. À ce titre, la diffusion de premières images photographiques de la terre vue depuis l’espace en 1968  marque un moment crucial dans nos manières de concevoir l’environnement. Au moment où les distances se réduisaient, les marchés se globalisaient, les religions se sécularisaient et les télécom-munications se perfectionnaient, ces photographies atmosphériques évoquaient un «Nouveau Monde» où les modèles hérités de la Modernité perdaient de leur netteté. Depuis, le globe terrestre est devenu un motif récurrent et pertinent dans de nombreux discours et de “visions” touchant à la globalisation. À partir d’études de cas variées, provenant essentiellement de la photographie et du design éditorial, ce projet de recherche analyse quelques mutations récentes de la « modernisation du capitalisme » (J. Crary).

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