FOUILLE ARCHÉOLOGIQUE D’UN VILLAGE EN GALILÉE (ISRAËL)
Cette fouille archéologique d'un village en Galilée (Israël) a eu lieu 12 août-1er septembre 2019 et a été organisée par David Hamidovic, professeur à l’Université de Lausanne, en partenariat avec le Kinnereth College of Galilee. Cette fouille a été partiellement soutenue par le CIHSR.
Cette année, avec Mordechai Aviam du Kinneret College Institute et Kate Raphael, nous visons principalement à fouiller un lieu précis : celui que nous pensons être un ancien bâtiment à usage collectif, peut-être une synagogue.
La connaissance des premières synagogues échappe encore en grande partie. S’il s’agit d’une synagogue antérieure au IIIe s. de l’ère chrétienne, il s’agira vraisemblablement d’une structure avec des bancs en pierre adossés aux murs, orientée vers Jérusalem, et sans décoration conformément au précepte juif interdisant les représentations. S’il s’agit d’une synagogue postérieure au IIIe s. de l’ère chrétienne, il se peut qu’elle soit décorée de mosaïques comme celles magnifiques découvertes ces dernières années dans la région, et qu’elle soit dotée d’une structure pour recevoir le rouleau de la Torah. En l’état, nous n’avons aucune indication sur la datation de cette couche stratigraphique ; nous ne sommes même pas sûrs qu’il s’agisse bien d’une synagogue. Par ailleurs, le nom de ce lieu est inconnu : est-ce le même que Yodfat en hébreu/araméen ou Jotapata en grec ? En bref, beaucoup de questions basiques demeurent avant la fouille.
Résultats de la première saison de fouille
Grâce aux étudiants de l’UNIL notamment, nous avons dégagé une grande partie du bâtiment aux époques mamelouke, croisée et byzantine. Ces datations ont été permises grâce à des monnaies et des tessons de poterie. Le bâtiment rectangulaire mesure 10,80m X 15,70m selon un plan basilical simple. Les murs solides de 80-85 cm d’épaisseur pouvaient soutenir un second étage. Le bâtiment est orienté selon un axe Nord-Sud et son entrée matérialisée par un seuil massif est au centre du mur méridional. Des fragments de pierres servant de pavements sont situés devant le seuil, ce qui suggère une large cour ou une esplanade. Le bâtiment a eu aussi une entrée plus petite dans le mur occidental ; l’entrée est bloquée et scellée aux époques fouillées. Prof. Georgina King de l’UNIL/FGSE a effectué des prélèvements du seuil et sur d’autres endroits du bâtiment en vue d’une datation par thermoluminescence. Aux époques fouillées, le bâtiment a été subdivisé en cloisons et des traces d’occupation mamelouke (type squatters) ont été repérées. Des futs de colonne et des piédestaux ont été utilisés en réemploi, certains ont été réemployés aux époques fouillées, d’autres sont plus anciens. Il s’agit probablement de spolia de la colline attenante car aucun fut ou piédestal ne semble correspondre à un autre fut ou piédestal. Il est, par ailleurs, difficile de voir des colonnes effondrées, ce qui peut suggérer un réemploi pour un appareillage avec d’autre pierres et/ou avec des poteaux en bois. La fouille des strates inférieures s’avère donc primordiale pour comprendre la fonction originelle du bâtiment.
Par ailleurs, nous avons procédé à des photographies par drone du village entier grâce à Francis Mobio (FTSR) et à des repérages in situ avec Régis Aligon (FTSR) afin d’établir une première cartographie du village.