En Suisse, la recherche menée avec de l’expérimentation animale est classée selon quatre degrés de sévérité, qui mesurent la contrainte sur une échelle de 0 à 3.
Degré de sévérité 0: Absence de contrainte. Si un animal n’éprouve aucune douleur, souffrance, blessure ou anxiété au cours d’une expérience, le degré de sévérité est classé 0.
Par exemple, des chercheur·euses de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL (FBM) font nager des poissons zèbres dans des aquariums à contre-courant pour augmenter leur endurance, afin d’identifier les mécanismes moléculaires qui améliorent la santé. D’autres équipes de recherche étudient la réaction de souris de différents âges à des écouvillons de différentes odeurs pour comprendre comment l’olfaction se développe.
Degré de sévérité 1: Contrainte légère. Si un animal éprouve une douleur ou une blessure légère et de courte durée ou une légère perturbation de son bien-être général, le degré de sévérité est classé 1.
Entrent dans cette catégorie, les recherches menées au sein de la FBM qui essaient par exemple de comprendre et de réduire le développement de l’obésité chez des souris en les nourrissant avec une nourriture riche en graisse et en leur donnant par exemple dans leur eau de boisson une substance qui pourrait limiter leur prise de poids.
D’autres recherches par exemple testent de nouveaux vaccins en les injectant à des souris, puis des prises de sang sont régulièrement effectuées afin de suivre leur réponse immunitaire.
Le suivi des populations de chouettes sauvages avec des GPS sont également de degré de sévérité 1.
Degré de sévérité 2: Contrainte moyenne. Si un animal éprouve une contrainte modérée et de courte durée ou une contrainte légère mais qui dure plus longtemps, le degré de sévérité est classé 2.
Par exemple des travaux de scientifiques de la FBM essaient de comprendre comment le diabète de type 2 se développe chez des souris. Ils peuvent inactiver la fonction de certains gènes pour observer si cela déclenche un diabète clinique, c’est-à-dire que les souris vont alors beaucoup boire et uriner et elles auront tendance à maigrir.
D’autres chercheur·euses réalisent des injections des virus modifiés dans le cerveau de rats ou de souris, sous anesthésie générale et traitement analgésique, pour essayer de soigner la maladie d’Alzheimer.
Degré de sévérité 3: Contrainte sévère. Si un animal éprouve une douleur intense, une souffrance continue, une peur importante ou subit une altération sévère de son bien-être général, ou si les contraintes sont modérées mais se prolongent sur une durée moyenne ou longue, le degré de sévérité est classé 3.
Une minorité des expériences menées à l’UNIL et au CHUV est de degré 3 (8% des animaux en 2023). Ce degré de sévérité est par exemple nécessaire pour des travaux menés au sein de la FBM qui étudient la dépression. Les chercheur·euses utilisent un test comportemental impliquant un bassin d'eau chauffé à 23°C qui leur permet d'observer comment les souris réagissent à une situation stressante. Les souris en bonne santé cherchent activement une issue, tandis que celles présentant des symptômes de dépression renoncent plus rapidement. Or des souris traitées avec du lactate retrouvent leur motivation ce qui permet de montrer l’action antidépressive du lactate. Les animaux sont retirés du bassin en toute sécurité après l'expérience.
D’autres scientifiques essaient de soigner le développement de glioblastomes (tumeurs cérébrales malignes). Ils induisent le développement de tumeurs dans le cerveau des souris puis ils injectent des molécules afin d’essayer d’empêcher le développement de ces tumeurs.
Il y a également des recherches lausannoises qui se focalisent sur les accidents vasculaires cérébraux (AVC) qu’elles essaient de mieux comprendre pour les soigner. Dans ce cas, sous anesthésie chirurgicale et couverture analgésique, les chercheur·euses réalisent une ligature transitoire de l’artère cérébrale moyenne qui irrigue une partie du cerveau de la souris puis ils injectent des substances pour tenter de les soigner.
Degré de sévérité en 2023
En 2023, un tiers des animaux (32%) a été soumis à des expériences de degré 0 ou 1 à UNIL-CHUV. 60% des animaux ont subi une expérience de degré 2. Le pourcentage d’animaux ayant subi une expérience de degré 3 a diminué à 8%, poursuivant la tendance à la baisse observée ces deux dernières années.