Federico Hindermann

Vivre | Livre

Curata nel 2024 da Matteo Pedroni con la collaborazione di Nina Altoni, l'esposizione Vivre | Livre occupa 5 vetrine attorno alla Sezione d'Italiano. Di seguito è possibile trovare l'introduzione e il catalogo completo.

Catalogo dell'esposizione

Introduction

En 2012, nous avons voulu sauver la Bibliothèque de Federico Hindermann de la dispersion, voire de la destruction. Ce fut une décision soudaine, instinctive, justifiée par notre attachement à l'homme plutôt qu'à ses livres, par notre appréciation de son activité intellectuelle et de son œuvre poétique. En sauvant les livres, en effet, nous voulions sauver Federico Hindermann, cette partie au moins qui survivait dans l'esprit de sa Bibliothèque, bien que séparée de son créateur, des archives qui s'étaient développées avec elle et de la maison où elle avait grandi. Ce premier sauvetage, sans doute décisif, a suffi à assurer sa préservation, non sa survie. Comme tout organisme, la Bibliothèque devait être stimulée dans ses fonctions, poussée à répondre à nos questions, devait être signalée aux chercheurs.

Au fil des ans, nous l'avons donc impliquée dans nos activités d'enseignement et de recherche : le colloque de Lausanne sur Federico Hindermann, poeta e intellettuale (Pisa, ETS, 2015) ; la publication de l'anthologie Sempre altrove (Milan, Marcos y Marcos, 2018), du recueil posthume I sette dormienti(Bellinzone, edizioni sottoscala, 2018), de la monographie Le intenzioni del poeta. L'opera in versi di Federico Hindermann (Rome, Carocci, 2021) ; deux mémoires de master et une thèse de doctorat, toujours en cours, qui établira l'édition critique des six recueils publiés par l'éditeur italien Vanni Scheiwiller (1978-1986). Toutes ces initiatives, auxquelles on pourrait ajouter de nombreux séminaires animés par nos étudiants de master, ont trouvé dans la Bibliothèque un interlocuteur irremplaçable, capable de fournir des informations autrement irrécupérables. Grâce à la découverte de la vie et de l'œuvre de Federico Hindermann, nous avons mieux compris sa Bibliothèque et vice-versa, dans un dialogue fructueux et stimulant.

Le titre de l'exposition, Vivre|Livre, souligne cet engagement pour la valorisation de la Bibliothèque, qui est plus que jamais à la disposition des utilisateurs grâce à la publication prochaine de l'inventaire sur le site de la Section d'italien (www.unil.ch/italiano, dès septembre 2024). L'inventaire peut être interrogé par Recherche générale, Auteur, Titre, Éditeur, Année et Lieu de publication, et Notes. Sous cette dernière rubrique, vous trouverez des informations sur les caractéristiques spécifiques de chaque livre : marques de possession, dédicaces, postilles, documents insérés.

La bibliothèque d'un auteur ne se compose pas seulement des textes, mais aussi des éditions qui les accueille et des spécificités de chaque volume, qui renseignent sur l'histoire de la bibliothèque, dans son ensemble et dans ses unités minimales, et sur la vie de son propriétaire.

Les Notes enregistrent les traces laissées sur ou dans le livre par un lecteur, souvent Federico Hindermann, mais parfois des membres de sa famille ou des lecteurs antérieurs : un nom, une date, une dédicace, un trait de plume dans la marge, la correction d'une coquille, un marque-page, une lettre, une facture d'électricité, une note poétique. De minuscules traces de vie, qui peuvent avoir un lien direct avec le livre ou qui s'y trouvent par hasard. Nous avons pensé que leur catalogage contribuerait à une meilleure connaissance de Federico Hindermann ainsi que d'autres aspects, non immédiatement prévisibles, de sa Bibliothèque ou de son époque. Certains d'entre eux sont reproduits photographiquement dans la base de données électronique, tous ont été inventoriés et sont disponibles à la consultation.

La partie la plus vitale d'une bibliothèque se concentre précisément dans ces traces, qui doivent être considérées comme les terminaisons nerveuses de l'archive personnelle, aujourd'hui presque entièrement conservée aux Archives Suisses de Littérature à Berne (ASL, https://ead.nb.admin.ch/html/hindermann.html). Une petite partie est toutefois arrivée à Lausanne, parmi les livres, dans les cartons du déménagement, en mai 2013. Ce sont des manuscrits, des lettres, des photos, dont cette exposition peut encore bénéficier, avant de rejoindre les Archives de Berne.

La Bibliothèque peut nous raconter mille histoires, selon les intérêts et les compétences des utilisateurs. Il nous a semblé naturel de la mettre en relation avec la vie de Federico Hindermann et de les laisser se présenter l'une l'autre. Parmi les objets qui nous accompagnent pendant des décennies, le livre est l'un des rares auquel nous imposons explicitement notre propriété. Sur la page de garde de la première édition de Schopenhauer (1938) de Thomas Mann, Federico, âgé de 18 ans, écrit son nom et l'année d'acquisition : « Fritz Hindermann 1939 », signes d'appartenance et d'identification.

Vivre|Livre signifie également ceci : considérer la Bibliothèque comme une sorte d'autobiographie de Federico Hindermann. Nous n'avons pas l'illusion de pouvoir la lire, et d'autre part, elle aurait été difficile à lire pour Hindermann aussi. Nous avons plutôt pensé à reconstituer quelques fragments biographiques à partir de quelques ouvrages choisis parmi les 4000 de la Bibliothèque, répartis dans cinq vitrines, chacune consacrée à une période de sa longue vie. Ces livres font référence à ses activités de journaliste culturel, de traducteur littéraire, de professeur universitaire et de directeur éditorial, mais aussi de poète, de père de famille et de lecteur curieux, de quatre à quatre-vingt-dix ans. Dans cette biographie par fragments, les livres exposés gravitent sur des orbites différentes, à des distances variables de leur propriétaire. Tantôt ils permettent de parler d'un épisode de sa vie, tantôt de ses intérêts ou de ses relations privées ou professionnelles. Tantôt le livre est un texte, tantôt un contexte, tantôt un prétexte pour se perdre dans les labyrinthes de la Bibliothèque, qui s'étendait entre le premier et le deuxième étage, entre le bureau, la chambre à coucher, le couloir et la mansarde.

Le cabinet de travail de Federico Hindermann en constituait le cœur, protégé des bruits du monde extérieur par une porte acoustique. Derrière le bureau se trouvaient les dictionnaires, quelques ouvrages de référence et deux étagères de littérature allemande, avec les œuvres complètes de Goethe (en 20 volumes), Wieland (40 volumes), Hofmannsthal (10), Johann Gottfried Seume et Moritz August Thümmel (8 volumes), Johann Nestroy (6), Adolf Friedrich von Schack et Georg Christoph Lichtenberg (6), Novalis (5), Friedrich Schiller (5), le monumental Deutsches Wörterbuch (36) des frères Grimm et d'autres classiques, en particulier du 18e au 19e siècle. Deux autres bibliothèques, de conception similaire mais avec des armoires fermées allant jusqu'à la hauteur de la deuxième étagère, occupaient le reste du mur, jusqu'à la porte, avec la littérature française.

Sur la paroi opposée se déployait, dans le sens des aiguilles d'une montre, d'autres littératures, des classiques grecs et latins à la littérature médiévale. Devant le pupitre, que Manesse avait offert à Federico Hindermann pour sa retraite, une bibliothèque comprenait la littérature italienne jusqu'au XIXe ; au-delà, le XXe, italien et suisse-italien, avec des étagères qui s'étendaient jusqu'au-dessus de la porte.

De la cohérence de cette concaténation – déjà très significative en soi pour comprendre la figure intellectuelle et l'œuvre de Hindermann – émergent quelques exceptions : entre le latin et les bibles, quelques classiques anglais (trace du semestre passé à Oxford en 1951) ; sur les rayons inférieurs du XXe siècle italien, une bonne partie des ouvrages de et sur Albert Béguin, l'auteur de L'Âme romantique et le rêve (1937), professeur et ami de Federico pendant les années bâloises. Dans la petite armoire en dessous de la littérature française, Federico gardait secrètement ses œuvres : pratiquement tous ses livres de poésie, à partir du premier, en allemand, de 1940, Gedichte, les traductions, également en allemand, de l'Aurélia de Nerval (1943), de l'Étranger de Camus (1951), les lettres de correspondants importants, des manuscrits et des brouillons, des prix littéraires.

Il suffisait alors de sortir du bureau et de rentrer dans la chambre contiguë pour trouver l'œuvre publique de Federico, la prestigieuse « Manesse Bibliothek der Weltliteratur », qu'il a dirigée pendant quinze ans (1971-1986). Elle aussi, comme l'œuvre du poète, était gardée à l'abri des regards.

Entre la chambre et la salle à manger, adossée à la balustrade en bois de la cage d'escalier, une bibliothèque basse contenait, un certain nombre de livres de sciences naturelles : ornithologie, botanique, astronomie, mycologie ; presque tous en allemand ; des livres qui témoignent des intérêts scientifiques de Hindermann, qui ont laissé des traces profondes dans sa poésie.

Un étage plus haut, dans la mansarde, trois bibliothèques hautes et deux basses contenaient la philosophie, la théologie (en particulier les œuvres de Hans Urs von Balthasar, l'un des maîtres de Federico, d'Erich Brock, un ami, et de C. S. Lewis) et, souvent dans des éditions de poche, d'autres volumes de littérature allemande et suisse-allemande, française et italienne. Sur une étagère située dans la partie la plus basse du toit, parmi des imprimés et d'autres objets, étaient placés de manière confuse des tapuscrits et des brouillons, des dossiers thématiques, sur Cecchi, Montale, Dante, etc., avec des coupures de presse, des notes, des lettres (à la veuve d'Emilio Cecchi par exemple) et des bibliographies relatives aux conférences, aux colloques et aux essais.

Comme toute bibliothèque, celle de Federico Hindermann aussi avait une forme particulière, porteuse d'une multitude de significations aujourd'hui presque entièrement perdues. La séparation de la Bibliothèque de ces espaces domestiques et de l'ensemble de la documentation qui constitue aujourd'hui les Archives de Berne, a immédiatement effacé une grande partie des informations qui la concernaient, qui concernaient la signification de la Bibliothèque pour Federico Hindermann. Mais la séparation la plus grande, celle qui nous éloigne à jamais du sens de cette Bibliothèque, est bien sûr la mort de Federico Hindermann. Avec sa disparition, ce n'est pas seulement la mémoire historique de la Bibliothèque qui a été perdue, mais aussi son système neuronal, ce dense réseau d'interconnexions entre les livres activé et incessamment renouvelé par Federico au fil des ans. Pour rappeler cette fonction vitale de la Bibliothèque, chaque livre exposé a d'abord été considéré comme faisant partie d'un ensemble plus vaste, dans sa relation avec d'autres livres, documents, objets et projets de Federico : « Per oggi, l'ordine sembra rifatto ».

 

Tra caos, cristallo

 

Per oggi, l’ordine sembra rifatto.

I Greci di nuovo sono tutti coi Greci,

uno dei pochi Cinesi, prestato,

torna sullo scaffale dai suoi,

il dantino si trova a portata di mano

e le pipe, pulite, come i bicchieri,

e nei cassetti i coltelli, le calze,

i lapis, le ricevute dei conti,

ma sì, finalmente pagati;

mentre il moscone profeta d’estate

testimoniando svolazza e violoncella balzano,

pendono ad angolo retto i quadri,

a piombo assestate le foto dei morti

e i vivi, raggiungibili ancora

hanno il telefono, per espresso posso

scrivergli S.O.S., mandargli un bacio

schiudendo le labbra verso l’istante

ma non più a posto, il nuovo che irrompe,

sempre il prossimo nuovo

degli dèi in subbuglio,

con l’atroce o la gioia promessi

tra caos, cristallo, mia misera mente.

 

(Ai ferri corti, Milano, All'insegna del pesce d'oro, 1985)

 

« Car aujourd'hui, l'ordre semble refait. / Les Grecs sont à nouveau tous avec les Grecs, / l'un des rares Chinois, prêté, / retourne à son étagère, / le dantino est à portée de main / et / les pipes, propres, comme les verres, / et dans les tiroirs, les couteaux, les bas, / les crayons, les billets, / mais oui, enfin payées ; / tandis que le moucheron prophète de l'été / de l'été, qui témoigne, bat des ailes et le violoncelle bat des ailes, / pendent à angle droit les photos, / les images des morts plombées / et les vivants, encore joignables / j'ai un téléphone, par express je peux / lui écrire S.O.S., lui envoyer un baiser / ouvrir les lèvres vers l'instant / mais qui n'est plus en place, le nouveau fait irruption, / toujours le prochain nouveau / des dieux en ébullition, / avec l'atroce ou la joie promise / au milieu du chaos, du cristal, de mon esprit misérable ».

Vitrine I - Piémont - 1921-1931

Federico Hindermann naît à Biella le 27 juillet 1921 et vit à Turin jusqu'à l'âge de dix ans. Aucun livre de son enfance n'est conservé dans sa Bibliothèque. Certains proviennent avec certitude de la branche italienne de la famille Hindermann : par exemple, La vie des abeilles (1923) de Maurice Maeterlinck, qui a appartenu, comme l'indique le livre lui-même, au « Dott. Cav. Ostorero Mario, Torino, Via Venti Settembre 60, p. nobile, Consulti dalle 12 alle 13 », acheté dans la librairie Casanova. Le grand-père de Federico, Friedrich (1803-1899), « Dekor-Maler », avait épousé une Ostorero de Turin et de leur mariage était né Massimo (1890-1938), son père. Sa mère, en revanche, Amalia Filippi (1892-1934) [1], était originaire de San Benigno Canavese, un village situé à vingt kilomètres de Turin, où Federico passait ses vacances d'été, comme le rappelle une note d'un de ses poèmes : « S. Benigno Canavese, au nord de Turin ; j'avais l'habitude d'y passer les vacances d'été avec mes parents maternels. Les habitants parlaient un dialecte très différent ; les Turinois en riaient » (FH, Girandola di farfalle, Locarno, Dadò, p. 80). On ne sait pas grand-chose d'autre sur l'enfant, si ce n'est que la famille préférait l'appeler Fritz : « c'était peut-être un surnom très courant, un peu moqueur s'il faisait allusion aux Autrichiens et aux Allemands, vaincus, ou affectueux s'il était donné à l'Ami Fritz de Pietro Mascagni » (F. Pusterla, Quelques questions à Federico Hindermann, « Feuxcroisés », 6, 2004, pp. 131-132). A San Benigno, le petit Fritz lisait Dante, Grossi, D'Azeglio et jouait le rôle du protagoniste dans la pièce célèbre de Giacosa, Una partita a scacchi (1873). Dans nos archives, se trouvent quelques photos de l'enfant [2, 5, 8].

Les livres qui témoignent d'un attachement spécifique au Piémont, en plus de San Benigno Canavese terra di Fruttuaria. Storia - arte - itinerari (1999) et d'un guide de Turin, sont ceux qui traitent de sujets linguistiques et folkloriques : les deux vocabulaires dialectaux du XIXe siècle [7], les exercices de traduction des dialectes piémontais pour la « troisième classe élémentaire » [3], le recueil de chansons populaires piémontaises de Costantino Nigra (1888) [4] et de proverbes [6].

Ces dix premières années de vie passées entre la langue italienne et les dialectes, un peu de français (courant au Piémont et dans la bibliothèque des Ostorero) et quelques mots d'allemand (son père était originaire de Bâle), auront une influence décisive sur la vie de Federico. La composition de sa Bibliothèque reflète parfaitement cette attitude au multilinguisme non occasionnel : la moitié des livres est en allemand, l'autre moitié se répartit également entre le français et l'italien (quelques dizaines de livres en latin et en anglais, un en espagnol : Del sentimiento trágico de la vida de Miguel de Unamuno).

 

 

1. Lettre de vœux de FH à l'occasion de l'« onomastico » de sa mère, non datée mais probablement antérieure à 1931 : « Très chère Mimma, j'aimerais t'écrire une belle lettre à l'occasion de la fête de ton nom. Je ferai tout ce que je peux ; que veux-tu ? Je suis encore trop jeune pour t'écrire un poème, alors j'ai pensé qu'il valait mieux t'écrire seulement une petite lettre. Est-ce que tu croyais que ton Fritz pouvait oublier le jour de ton nom ? Il oubliera beaucoup d'autres choses, oui, mais le jour du nom de ses parents, non, et puis non. Je te donnerai alors quelque chose à ton goût. Fritz ». Sa mère meurt à l'âge de quarante-deux ans, alors que Federico a treize ans et son frère trois. Cinq ans plus tard, leur père mourra à son tour : pour Federico et Mario s'annoncent des années difficiles.

2. Photo de FH, prise par le « Studio G. Appiano Torino, Via Roma 12 ».

3. Esercizi di traduzione dai dialetti del Piemonte. Parte i: Per la terza classe elementare, a cura di Benvenuto A. Terracini, Torino-Firenze, Paravia-Bemporad, 1925. Probablement le jeune Federico s'est exercé à traduire des textes populaires piémontais du dialecte vers l'italien sur un « manualetto » comme celui-ci. Pendant quelques années, la méthode comparative remplace la méthode traditionnelle de la grammaire normative, de l'italien à l'italien, favorisant ainsi l'apprentissage de la langue nationale à partir de la culture linguistique des élèves dialectophones. Cette révision des manuels scolaires implique des linguistes de premier plan, comme Benvenuto Terracini (1886-1968), pour le Piémont, Carlo Tagliavini (1903-1982), pour l'Émilie, et Bruno Migliorini (1896-1975), pour la Vénétie. Mais dès la fin des années 1920, le régime fasciste oppose à cette perspective régionaliste un centralisme linguistique de plus en plus rigide.

4. Costantino Nigra, Canti popolari del Piemonte [1888], a cura di Giuseppe Cocchiara, Torino, Einaudi, 1957. L'intérêt de FH pour la culture populaire ne se limite pas au Piémont, mais s'étend à l'Italie et au-delà : Canti popolari siciliani de Giuseppe Pitré, Canzoniere italiano de Pier Paolo Pasolini, I canti popolari italiani de Roberto Leydi, essais de Cocchiara (Popolo e letteratura in Italia), d'Alberto Del Monte (La poesia popolare nel tempo e nella coscienza di Dante), de Max Lüthi (Es war einmal. Vom Wesen des Volksmärchens), etc.

5. Photographie avec Barba (« oncle », dial.) Rocco et sa famille, à San Benigno Canavese (?). Federico est au centre.

6. Tino Richelmy, Proverbi piemontesi, presentati da Mario Soldati, Milano, Martello, 1967. A la page 142, on peut lire le proverbe « Pan e nùs mangé da spùs », qui est au centre d'un poème de 1984: « Scoppiavano nel pugno due noci, / il gheriglio cervello si snudava / preciso e tra le schegge comparve / rappreso con i solchi, con i giri e gl’istmi, / un progetto tra le valve, una dolce voglia di pane, pan e nus, / piemontese mangè da spus, d’infine / rotto silenzio nello stormire di foglie, / di pensieri crescenti, come da festa nuziale / tanti figli già presenti in coro » [« Deux noix ont éclaté dans son poing, / le cerveau du cerneau s'est effiloché / précisément et entre les éclats est apparu / figé de sillons, de tours et d'isthmes, / un projet entre les coquilles, une douce envie de pain, pan e nus, / mangè da spus piémontais, de silence enfin / rompu dans le bruissement des feuilles, / de pensées grandissantes, comme un repas de noces / tant d'enfants déjà présents en chœur »] (FH, Baratti, Milano, All'insegna del pesce d'oro, 1984). En 1984, dans une émission radiophonique, Giovanni Orelli (1928-2016), après avoir analysé ces vers, déclare que « Hindermann est un poète métaphysique : c'est-à-dire qu'il appartient à ce genre ou à cette race de poètes qui ont en John Donne, un Anglais de l'âge baroque, leur plus grand représentant » (Archivio F. Pusterla). Orelli a ici le mérite de signer le premier article critique sur la poésie de FH publié au Tessin. Un autre recueil de proverbes piémontais est conservé dans la BFH : Paolo Bertoldi, Motti e detti torinesi, Milano, Delfini, 1967.

7. Casimiro Zalli, Disionari piemontèis, italian, latin e fransèis, Carmagnola, Da la stamperia d' Peder Barbié, 1815, 3 voll. Dictionnaire quadrilingue, piémontais, français, italien et latin, avec lequel Zalli entendait démontrer que le piémontais était une des grandes langues de culture. On conserve aussi: *Michele Ponza, Vocabolario piemontese - italiano e italiano - piemontese, Torino, Carlo Schiepatti, 1846.

8. Photo avec les parents, à Turin (?). Federico se tortille sur le marchepied de la voiture. La photo était accrochée dans la chambre de FH à Aarau.

9. Certificat de bons services : délivré à : M. M. Hindermann [...], Turin, 31 octobre 1930. Un an après le début de la crise de 1929, Massimo Hindermann est licencié de l'entreprise de bois pour laquelle il travaillait depuis 1923. Auparavant, il avait été employé par deux autres négociants en bois de Turin, qu'il avait dû quitter, une première fois en raison de la faillite de l'entreprise et une seconde fois, en 1914, parce qu'il avait été « rappelé en Suisse pour son service militaire en raison de la mobilisation générale qui avait eu lieu dans son pays » (Certificat, Turin, 31.07.1914, FFH, Lausanne). Bien qu'apprécié, les employeurs se voient « contraints de se priver du travail de M. Hindermann en tant qu'étranger ». La crise économique et le statut d'étranger conduisent donc Federico à se séparer de l'Italie et à commencer une nouvelle vie en Suisse.

Vitrine II - Bâle - 1931-1947

La Bibliothèque commence à se constituer entre 1939 et 1940, comme l'indiquent les très rares marques de possession où le nom est accompagné d'une date : « F. Hindermann, 31.08.1939 » dans Rilke, Die Sonette an Orpheus (1930); « Fritz Hindermann 1939 » dans Thomas Mann, Schopenhauer (1938) ; « F. Hindermann, Frühjahr 1940 » dans Karl Scheffler, Form als Schicksal (1939) ; « F. Hindermann 1940 » dans Verga, I Malavoglia (1939). Le dernier cas concerne Ernst Jünger, Das abenteuerliche Herz. Figuren und Capriccios (1942) dans lequel, en plus de l'indication « F. Hindermann 1942 », on trouve des portraits photographiques de l'auteur [1].

C'est dans ces années que Federico s'inscrit à l'université de Bâle, publie ses premiers vers en allemand [2], ses premières traductions [3] et travaille comme journaliste pour le quotidien « National Zeitung », contribuant également à plusieurs autres journaux, avec des articles sur la littérature et la culture contemporaine. La Bibliothèque ne dit rien sur la période antérieure : rien sur le déménagement en Suisse en 1931, à cause de la crise industrielle [I.9] ; rien sur la mort prématurée des parents, la mère en 1934, le père en 1938. Dans une lettre à Hermann Hesse, la relation entre ces deuils et le journalisme est explicite : « Ich bin 21 Jahre alt, meine Eltern sind gestorben, und da musste ich mir Arbeit suchen » (Fonds Hermann Hesse, ASL, ms L 83, 9.10.1942). A dix-huit ans, Federico doit désormais penser à son frère Mario, né en 1931, dont il est devenu le tuteur.

La Bibliothèque ouvre des perspectives sur l'activité intellectuelle de Federico, entre le journalisme culturel, la traduction littéraire et l'étude des littératures italienne, française et allemande. Laissons-nous guider par les dédicaces. L'une des figures centrales est Albert Béguin (1901-1957), professeur de littérature française à l'université de Bâle de 1936 à 1946, auteur du célèbre étude L'Âme romantique et le rêve : essai sur le romantisme allemand et la poésie française (1937). Ses dédicaces sont parmi les plus significatives de cette période bâloise et méritent d'être citées dans leur intégralité :

 

 « Pour Monsieur Albert Béguin, qui se penche sur le rêve avec fureur cet hommage au ciel et à l'Invisible. Bien cordialement. J. Angelloz » (Rilke, Les élégies de Duino, Trad. et commentées par J. F. Angelloz, 1936), « Pour Mr. Albert Béguin avec l'hommage du traducteur » (Rilke, Poèmes, Trad. de Lou Albert-Lasard, 1937), « à mon cher parrain Fritz Hindermann amicalement, Albert Béguin, avril 1942 » (A. Béguin, La prière de Péguy, 1942), « A Monsieur Albert Béguin, qui nous a révélé de façon inoubliable l'Âme Romantique et le Rêve, je présente ces quelques réflexions et ces quelques jeunes poètes, en le priant de recevoir l'hommage de notre fervente admiration, René Bertelé, 14-4-43 » (R. Bertelé, Panorama de la jeune poésie française, 1942), « à Friedrich Hindermann, avec les sentiments amicaux de son filleul Albert Béguin, août 1943 » (Léon Bloy, Choix des textes et introd. par Albert Béguin, 1943), « À Albert Béguin. Très sympathique hommage, Jean Delaporte » (J. Delaporte, Connaissance de Péguy, 1944), « A Mr Albert Béguin hommage F. Landry » (Ch.-F., Landry, Sortilèges de Paris. Quand donc finira la semaine ?, 1945), « à Fréderic Hindermann de la part de l'auteur anonyme et en mémoire de la quête que nous avons longtemps poursuivie ensemble, Albert Béguin en notre castel de Gondoldingue ce février 1946 » (A. Béguin, La quête du Graal, 1945) [4], « a Frédéric Hindermann avec l'amitié du gundeldingien Albert Béguin » (A. Béguin, Patience de Ramuz, 1950).

 

Federico Hindermann et Albert Béguin vivent dans la même maison (aujourd'hui disparue) de Gundeldingerstrasse 326, l'étudiant dans la mansarde et le professeur au premier étage, avec une cuisine et un téléphone en commun. Ils partagent également la bibliothèque de Béguin, dont Hindermann devient le bibliothécaire en son absence. Leur intérêt pour la littérature se double d'une quête spirituelle commune qui conduit Béguin à choisir Hindermann comme parrain de sa confirmation. Le théologien Hans Urs von Balthasar (1905-1988) célébre cette confirmation, ainsi que le baptême en 1940, et il n'est pas surprenant qu'il dédie plusieurs livres à Hindermann entre les années 1940 et 1980 : « Fritz Hindermann zu eigen, d. Übersetzer » (P. Claudel, Gedichte, 1942), « Friedrich Hindermann zu eigen, H. Balthasar, 11.6.43 » (Ch. Péguy, Das Tor zum Geheimnis der Hoffnung, Übersetzt v. Hans-Urs von Balthasar, 1943), « Fritz Hindermann herzlich zugeeignet, H. Balthasar » (P. Claudel, Fünf grosse Oden, Übertr. v. Hans Urs von Balthasar, 1947). L'union avec ces deux maîtres représente une phase cruciale dans la formation intellectuelle et spirituelle de Federico Hindermann, qui se reflète dans sa Bibliothèque. Elle conserve une grande partie des œuvres de Béguin et de von Balthasar ainsi que de nombreux auteurs que les deux hommes ont promus en traduisant des textes et en dirigeant des maisons d'édition, des collections et des revues : « Sammlung Klosterberg, Europäische Reihe », de l'éditeur Benno Schwabe (Bâle, 1942-1952), Johannes Verlag (Einsiedeln, 1947), les « Cahiers du Rhône » (1942-1958). Créée par Béguin, cette revue est d'une grande importance non seulement pour la culture romande, mais aussi pour la culture française qui y avait trouvé accueil pendant la guerre [5]. Les maisons d'édition romandes sont également bien représentées, en plus de La Baconnière, la LUF (Librairie de l'Université de Fribourg), avec sa série « Le Cri de la France » (1943-1948), Aux Portes de France (Porrentruy) et Ides et Calendes (Neuchâtel, Paris). Pour l'édition française, les nombreux titres de Gallimard se distinguent, avec des œuvres d'Audiberti, Aragon, Camus, Gide, Larbaud, Paulhan, Queneau, Saint-Exupéry, Supervielle, Simone de Beauvoir, Valery, etc. Nombreuses éditions d'écrivains du Renouveau catholique (Bernanos, Léon Bloy, Bourget, Paul Claudel, Julien Green, Francis Jammes, Mauriac, Charles Péguy, Jean Cayrol, Jacques Maritain).

Les auteurs allemands liés à l'“Innere Emigration” sont nombreux (Werner Bergengruen, Ernst Barlasch, Hans Carossa, Theodor Haecker, Ricarda Huch, Hermann Kasack, Erich Kästner, Ernst Penzoldt, Ernst Wiechert).

La littérature italienne contemporaine ne manque pas, de même que la littérature suisse-italienne (Collana di Lugano, Nuove edizioni di Capolago, Edizioni di « Svizzera Italiana », avec quelques numéros du *mensuel du même nom, fondé par Guido Calgari et Arminio Janner). Les deux références de Hindemann dans ce domaine sont Janner (1886-1949), professeur de littérature italienne à l'Université de Bâle, et Gianfranco Contini (1912-1990), professeur de philologie romane à Fribourg [6]. À l'occasion de la mort de Jacopo (1921-1998), fils d'Arminio, FH décrit l'atmosphère animée qui reignait chez les Janner : « À table, dans la Birsigstrasse, où j'avais alors presque une deuxième maison, de violentes guerres éclataient à midi ou tard dans la nuit sur deux, trois et plus de fronts : plus de fronts parce qu'en plus de nous, il y avait souvent des invités, des puissances étrangères, qui s'appelaient, par exemple, Albert Béguin, Raymonde Vincent, sa femme, l'écrivaine, qui venaient tous deux d'être baptisés et confirmés par H. U. von Balthasar ; Gianfranco Contini, le virtuose de la philologie ; des trublions marxistes invités au front par l'ami et, en même temps, ennemi artistique et idéologique d'Arminio, Georg Schmidt, avec d'autres de ses disciples, qui a changé de parti et s'est exilé avec Le Travailleur d'Ernst Jünger dans son sac à dos au Panoramaheim de Stuttgart pour s'engager dans la SS » (FH, Discours funèbre pour Jacopo Janner, FFH, ASL, segn. A-5-b/27).

Si pour Contini FH représente « l'agente di Basilea » ou « un intelligentissimo ma modesto impiegato », pour FH Contini est un « un caro amico… un maestro » (Nicola Emery, Intervista a F. Hindermann, « RadioTelevisione Svizzera di lingua Italiana », 17.04.1994), qui le met au courant de l'actualité littéraire et culturelle italienne [7] et suisse-italienne [8], mais aussi de la situation politique de l'Italie fasciste, que Contini combat personnellement dans le Comité de Libération Nationale.

 

1. Ernst Jünger, Das abenteuerliche Herz. Figuren und Capriccios, Erlenbach-Zürich, Eugen Rentsch Verlag, 1942. Marque de possession de « F. Hindermann 1942 ». Entre les pages se trouvent trois photos d'Ernst Jünger, probablement nécessaires à l'illustration d'un article. Au verso, on peut lire : « 24.8.45 | Für Fritz Hindermann | A. M. Aufnahme 1942 Paris, Florence Henri] » et « Gruss | A. ». FH était en contact avec Jünger par l'intermédiaire du Bâlois Armin Mohler (1920-2003), qui ensuite deviendra le secrétaire de l'écrivain allemand. La BFH possède également des transcriptions dactylographiées par Mohler de : Ernst Jünger, Myrdun. Briefe aus Norvegen (1943), avec dédicace de Mohler à FH, datée du 21.11.1943, et Der Taurus. Gedichte von Friedrich Georg Jünger (1937), « abgeschrieben Sommer 1942 Berlin ». Parmi d'autres ouvrages des deux frères Jünger nous présentons ici *Die Perlenschnur de Friedrich Georg, avec une *lettre insérée de Mohler.

2. Hans Rudolf Balmer, Robert H. Blaser, Florian Egger, Max Freivogel, Fritz Hindermann, Hans R. Linder, Gedichte, Basel, Turm-Verlag, 1940, pp. 47-56. Le volume porte la marque de possession de l'un des poètes, « Hans R. Linder », ami de FH et son successeur en 1947 à la « National Zeitung ». Le volume contient les poèmes suivants de FH : Fern am Lande, Die andere Erinnerung, Ich weiss nicht, Einst, Im Garten, Am Grab, Regennacht, Erinnerung. Certains poèmes en allemand ont été publiés dans la « National Zeitung » entre 1939 et 1942 et d'autres soumis par l'auteur à des écrivains de renom, tels que Hermann Hesse et Albin Zollinger. Mais la production poétique en allemand, encore peu étudiée, semble ralentir par la suite.

3. Gérard de Nerval, Aurelia, Übertragung und Nachwort von Friedrich Hindermann, Klosterberg-Basel, Verlag Benno Schwabe & Co, 1943. Le premier effort important de FH dans le domaine de la traduction a été l'Aurélia de Nerval, en 1943. Elle a été proposée par Albert Béguin, ami de FH et spécialiste reconnu de Nerval, et acceptée par le théologien Hans Urs von Balthasar, lui-même traducteur d'auteurs français et responsable de la collection « Sammlung Klosterberg, Europäische Reihe » de l'éditeur Benno Schwabe. Dans une interview radiophonique, FH se souvient avec reconnaissance de von Balthasar qui a corrigé « presque chaque phrase » de sa traduction de jeunesse (Emery, Intervista a F. Hindermann, cit.). La BFH possède une quarantaine d'ouvrages du théologien lucernois, parfois dédicacés, dont des traductions de Claudel, Péguy, Bloy, Teilhard de Chardin, Casimir Formaz, Iréné de Lyon, Pierre Ganne, Ignace de Loyola, etc. L'Aurelia de FH sera réédité par Manesse en 1982, dans une édition de luxe [IV.2].

4. La quête du Graal, mise en langage moderne par Albert Béguin, L.U.F., Egloff, Paris, « Le cri de la France », 1945. Dédicace : « à Fréderic Hindermann de la part de l'auteur anonyme et en mémoire de la quête que nous avons longtemps poursuivie ensemble, Albert Béguin en notre castel de Gondoldingue ce février 1946 ». Dans la maison d'Aarau, les nombreux ouvrages de et sur Béguin occupaient une place d'honneur, détachée de la littérature française et de la critique littéraire. FH a dédié à Béguin un poème (Figliocci, 1986) et un souvenir affectueux (In Erinnerung an Albert Béguin, NZZ, 24.3.1974, p. 51). Quelques lignes de Figliocci : « Alcuni versi tratti da Figliocci: «di Albert Béguin / fui padrino non di battesimo, ma di cresima: / chissà perché proprio me scegliesse, allora ventenne / e non “praticante” […] immerso, Béguin, come nessuno mi parve, / in un’aura di segreti, di paradossi, / dai Greci, da cui veniva, / a Balzac, a Chrétien de Troyes, ai mistici o Pascal, / a Proudhon, Jean Paul, Racine o Ramuz, / alle passioni d’amore, d’idee; / pochissimi appunti: parlava; l’inizio / in sordina, un adagio, poi incalzando l’allegro, / germogliavano le fioriture, e meditato il finale / giungeva interrogativo, non presuntuoso, a lezione / come conversando fino a tardi, la sera, / nella villa fatiscente dove per anni di guerra abitammo, / lui al primo piano, di rado con Raymonde Vincent, / io in mansarda, la cucina / in comune; a Roma, in vacanza, morì, / è sepolto al Verano, sezione stranieri, / fila 56, c’è una croce alla mode, / sbilenca, ma pur sempre una croce in ricordo / di un uomo che in travaglio vivendo / e nella lunga agonia, se la portò addosso, / intersecato teso tra la terra e il cielo, / senza mai un lamento » [« d'Albert Béguin / j'ai été parrain non du baptême, mais de la confirmation : / qui sait pourquoi il m'a choisi, alors âgé d'une vingtaine d'années / et non pratiquant [...] plongé, Béguin, comme personne ne me semblait l'être, / dans une aura de secrets, de paradoxes, / des Grecs, dont il était issu, / à Balzac, à Chrétien de Troyes, aux mystiques ou à Pascal, / à Proudhon, Jean Paul, Racine ou Ramuz, / aux passions de l'amour, aux idées ; / très peu de notes : il parlait ; le début / tranquillement, un adagio, puis l'allegro, / les fioritures jaillissaient, et méditait la fin / il venait interrogatif, pas présomptueux, en classe / comme s'il conversait tard, le soir, / dans la villa délabrée où depuis des années de guerre nous vivions, / lui au premier étage, rarement avec Raymonde Vincent, / moi dans la mansarde, la cuisine / en commun ; à Rome, en vacances, il est mort, / il est enterré au Verano, dans la section des étrangers, / rangée 56, il y a une croix à la mode, / de travers, mais une croix quand même en mémoire / d'un homme qui dans le travail vivant / et dans la longue agonie, l'a portée, / entrecoupée, tendue entre terre et ciel, / sans jamais se lamenter »] (FH, Poesie 1978-2001, Verona, Valdonega, 2002, pp. 226-227).

5. Aragon, Les yeux d'Elsa, Neuchâtel, Édition de la Baconnière, « Collection des Cahiers du Rhône », 1942. Marque de possession « F. Hindermann ». *Saint-John Perse, Exil, Neuchâtel, Édition de la Baconnière, « Les poètes des Cahiers du Rhône », 1942. *Paul Zumthor, Antigone ou l'Espérance, Neuchâtel, Édition de la Baconnière, « Les Cahiers du Rhône », 1945. Dédicace : « A F. Hindermann en toute amitié avec le souhait que jamais il ne s'empêche l'espérance, Paul Zumthor ». La BFH possède 50 « Cahiers du Rhône ».

6. Palazzeschi, Baldini, Lisi, Zavattini, Morovich, Moravia, Landolfi, Bontempelli, Italie magique. Contes surréels modernes, choisis et présentés par Gianfranco Contini, traduit de l’italien par Hélène BreuleuxParis, Aux Portes de France, 1946. Parmi les divers projets de collaboration entre Contini et FH dans les années 1940 figure celui d'un recueil de proses italiennes « “surreali […] non surrealistiche ” » (Lettre de Contini à FH, 13.03.1945), que FH commença à traduire en allemand. Ce projet n'aboutira pas, à cause de problèmes avec l'éditeur, Jürg Spiller (1913-1974), ce qui amènera Contini à le poursuivre en français, dans la collection « Auteurs italiens », dont il était responsable pour la maison d'édition Aux Portes de France : « Voici du magique sans magie, du surréel sans surréalisme » (rabat de couverture). La traduction est confiée à Hélène Breleux, tandis que les textes déjà traduits par FH seront publiés dans différentes revues.

7. Friedrich Hindermann, Über den Lyriker Eugenio Montale, « Schweizer Annalen », 9-10, 1945, pp. 517-520. Dans le fascicule consacré à la « Literatur der Gegenwart », le jeune FH, âgé de 23 ans, contribue à la diffusion de la poésie d'Eugenio Montale en Suisse alémanique, parallèlement à ce qui se fait en Suisse romande, par exemple avec le quatrième numéro de « Lettres » (Genève, 1943-1947). Dans l'Avertissement, son directeur, Pierre Courthion (1902-1988), écrit : « Après avoir libéré la presque totalité du territoire de la France, les armées de la libération s'avancent vers la plaine du Pô. N'est-ce pas un moment propice pour faire entendre les voix de la poésie italienne d'aujourd'hui ? Certaines de ces voix - longtemps contraintes à ne retenir que de façon souterraine - sont encore inconnues du lecteur français. [...] C'est à M. Gianfranco Contini [...] que nous avons fait appel dans le but de donner aux pages de ce fascicule assez de cohésion pour qu'elles apportent au lecteur une vue d'ensemble de l'Italie littéraire d'aujourd'hui » (n. 4, novembre 1944, p. 5). Dans un entretien radiophonique, FH rappelle que « [...] pendant la guerre, Gianfranco Contini, à Bâle, lui a souvent parlé de Montale. Il le connaissait personnellement » (FFH, ASL, A-5-a/1, Radio svizzera italiana) et dans une lettre - avec sa modestie habituelle et quelques mois de retard - il annonce à son ami la publication de son article : « Si tu penses que tu aimerais voir résumés tes essais sur Montale [...] » (Lettre de FH à Contini, 21.02.1946). Bien des années plus tard, Montale deviendra un auteur décisif pour la poésie de FH et l'un des rares qu'il aura traduit (à l'occasion du Prix Nobel) : Zwei späte Gedichte von Eugenio Montale, NZZ, 260, 8-9 novembre 1975, p. 58.

8. Adolfo Jenni, Le bandiere di carta, Lugano, Collana di Lugano, 1943. La BFH possède plusieurs publications de la Collana di Lugano, fondée par l'avocat Pino Bernasconi (1904-1983) et liée au « Premio Lugano » qui, en 1942, a vu le roman de Felice Filippini, Signore dei poveri morti, l'emporter sur Le bandiere di carta de Jenni. Grâce à Gianfranco Contini, professeur de philologie romane à Fribourg, et à Arminio Janner, professeur de littérature italienne à Bâle, FH a pu suivre de près le débat culturel et littéraire tessinois et s'en faire le porte-parole à travers les journaux suisses allemands. À la demande de Contini, FH écrit un article à propos de la Collana di Lugano, dans lequel il mentionne les noms d'écrivains avec lesquels il sera plus tard en contact (Felice Filippini [III.2], Adolfo Jenni, Giorgio Orelli, Pericle Patocchi, *Giancarlo Vigorelli [Il Manzoni e il silenzio dell'amore, Firenze, Sansoni, 1954 : « al ritrovato Federico, con l’antica amicizia, Giancarlo Vigorelli »], Piero Bianconi [IV.5] ) : « Collana di Lugano est le titre d'une collection de livrets reliés en blanc publiés par Pino Bernasconi, juriste et juge de profession, avec un amour et un enthousiasme pour quelque chose d'aussi éloigné du code juridique que la poésie. C'est justement celui-ci le thème, la poésie en vers et en prose, la plus moderne au Tessin, la plus contemporaine en Italie même, dont Eugenio Montale est le meilleur exemple. Le volume contenant ses poèmes de la première période est le plus important de la série, le plus représentatif, et bien que ce poète soit peu connu, on ne peut pas le présenter ici en quelques mots. Mais la constatation que Montale est le plus grand lyrique italien vivant et l'un des plus originaux (auroral) peut nous aider à comprendre la valeur que son Finisterre donne à toute cette entreprise. Ce n'est certainement pas le seul, car il existe de nombreux autres livrets de valeur, comme l'*Almanacco letterario qui, au début de l'année, rassemble les contributions des auteurs les plus divers, anciens et jeunes. Parmi les noms, on trouve ceux de Chiesa, Bianconi, Zoppi ou encore Filippini, Patocchi, Jenni, Orelli. Ces deux derniers, Adolfo Jenni et Giorgio Orelli, ont également publié de petits volumes de poésie dans cette série : Jenni, Le bandiere di carta, et le jeune Orelli sa première publication, qui a également reçu le prix Lugano, Né bianco né viola, avec une dédicace de Gianfranco Contini, qui, comme d'autres critiques et poètes italiens vivant actuellement en Suisse, par exemple *Vigorelli et Ferrata, figurent parmi les contributeurs de la Collana di Lugano. Le niveau sur lequel repose toute la Collana devrait attirer l'attention de tous ceux qui sont sensibles à la poésie italienne et aux tentatives réelles qui nous orientent vers l'avenir, tentatives qui sont devenues verbe, comme un signe de choses décisives, analogue à ce qui se passe dans la poésie sœur française » (fhn, Von Büchertisch, « National Zeitung », 7.07.1944).

Vitrine III - Zurich - Aarau - Erlangen - 1947-1971

En 1947, la Bibliothèque déménage de Bâle, Gundeldingerstrasse 326, à Aarau, Bachstrasse 63, et fusionne avec celle de la pédiatre Mathilde Kraft (1913-2004) [1], qui a épousé Federico le 10 mars. Regine naît en septembre de la même année, Christian en 1949 et Eva en 1950. De 1947 à 1961, Hindermann travaille pour la maison d'édition zurichoise Atlantis, qui publie également le mensuel « Atlantis. Völker Länder Reise » [5], dans laquelle paraissent ses traductions littéraires et ses articles sur des auteurs français et italiens, dont les œuvres sont bien représentées dans la Bibliothèque.

Avec certains de ces auteurs, Hindermann nouera des relations durables, même en dehors de la sphère strictement professionnelle. C'est le cas de l'artiste et écrivain tessinois Enrico Filippini (1917-1988) [2] ou de l'essayiste toscan Emilio Cecchi (1884-1966) [7]. Dans une conversation privée, Hindermann regretta de ne pas avoir rencontré Albert Camus (1913-1960), dont il traduit en allemand *L'Étranger [6].

Ses activités d'éditeur et de traducteur se concentrent principalement sur la littérature contemporaine, tandis que ses études universitaires, reprises à Zurich en 1951, s'orientent vers la langue et la littérature italiennes, françaises et allemandes des siècles précédents. Le début de son doctorat sur les métaphores dans la poésie amoureuse [4] a un impact direct sur le développement de la Bibliothèque. Cette recherche, d'une grande portée chronologique et thématique, favorise l'acquisition de titres allant des classiques gréco-latins à la littérature européenne médiévale, de Dante à la poésie baroque, avec des textes littéraires et critiques en français, allemand et italien.

Après Béguin, Janner et Walter Muschg, grâce auquel il obtient un poste de lecteur d'allemand à Oxford (1950-1951), Hindermann trouve à Zurich des professeurs tout aussi stimulants, notamment par leur ouverture disciplinaire : Emil Staiger (1908-1987), professeur de littérature allemande, qui aborde également Sophocle, Horace, Racine, Shakespeare, Dante et Tasso, et Reto R. Bezzola (1898-1983), qui enseigne les littératures française, italienne et rhéto-romane.

Grâce au titre de docteur, de nouvelles perspectives de travail s'ouvrent à Federico dans le domaine de l'enseignement ou de la recherche académique [3, 4]. En 1961, il commence à enseigner l'italien et le français au lycée d'Aarau et, de 1966 à 1968, il occupe une des chaires de philologie romane à l'université d'Erlangen-Nuremberg, « mit Schwerpunkt Italianistik » [V.1], mais sans grande conviction : « pour l'automne, je devrais occuper une des chaires de philologie romane, mais je ne pense pas que j'aurai la force, ou le désir, ou quoi que ce soit, de me séparer de ma famille. Cependant, j'ai aimé être professeur d'université » (Lettre de FH à G. Contini, 26.07.1966).

 

1. Italo Calvino, Il cavaliere inesistente, Torino, Einaudi, 1969, avec une dédicace « a Mathilde Hindermann con molti auguri per il compleanno, Italo Calvino, Zürich, 27 gennaio 1971 ». Le même jour, Il visconte dimezzato entre également dans la BFH, avec la dédicace « a Federico Hindermann, Italo Calvino, Zürich, 27. 1. 71 ». Au-delà de la renommée de l'écrivain, qui justifie le choix d'exposer ces volumes, la présence de livres de Federico et de Mathilde nous rappelle que par « Bibliothèque de Federico Hindermann », nous entendons l'ensemble des livres qui se trouvaient à Bachstrasse 63 quelques mois après la mort de FH (31 janvier 2012). Cela ne signifie pas que tous ces livres lui appartenaient et que tous ses livres s'y trouvaient encore. Certains - selon sa volonté - avaient été emportés en souvenirs par la famille et les amis, d'autres avaient quitté la maison avec ses enfants à partir des années 1960 [V.2]. En ce qui concerne l'appartenance, elle nous semble secondaire par rapport à l'usage, lui-même difficile à vérifier et qui ne correspond pas directement à l'appartenance. Un exemple emblématique concerne le livre Die Himmel erzählen. Astronomie heute de Rudolf Kühn, qui a certainement appartenu à Regine, l'aîné, comme en témoigne le cachet apposé sur l'ouvrage : « Regine Hindermann, Bachstrasse 63, 5000 Aarau ». Cela n'empêche pas FH de l'utiliser, de s'en approprier. Dans une lettre à Anna Felder (1938-2024), FH écrit : « J'ai monté le télescope (que j'avais donné à Regine il y a des années) et je commence à observer les étoiles. C'est difficile. Mais en étudiant un livre d'astronomie aujourd'hui, j'ai appris plusieurs choses intéressantes : par exemple, que pour voir un éclat très clair et très fort, il ne faut pas le fixer, mais le regarder d'un peu plus près. “Vision indirecte”, “indirektes Sehen”, disent les astronomes » (Oggiogno, 4.09.1973). FH reprend presque mot pour mot un passage du livre de Regine : « Wenn wir lichtschwache Objekte betrachten wollen, so dürfen wir nicht fixieren, d. h. nicht direkt auf sie hinschauen, sondern etwas seitlich an ihnen vorbei, damit das einfallende Licht auf einem seitlichen d. h. lichtempfindlichen Teil der Netzhaut auftrifft. Diese Methode des indirekten Sehens ... ». (p. 97). Le livre de Regine nous a ainsi conduit dans les archives d'Anna Felder, également déposées à Berne, et à partir de ses archives nous pourrions poursuivre notre enquête jusque dans la bibliothèque d'Anna. Dans un essai de 2015, Anna reprendra (« volera ») à son tour les mots de Federico : « Si je donne à ma courte contribution le titre Le regard indirect, c'est pour voler au domaine de l'astronomie une expression qui convient à mon critère de travail, l'écriture : écrire en italien et vivre en Suisse alémanique, où la langue d'usage est le suisse allemand et l'allemand. En astronomie, il semble que pour voir un éclat brillant et fort avec un télescope, il ne faut pas le fixer, mais le regarder d'un peu plus près. […] » (A. Felder, Lo sguardo indiretto, in «Chi sono io? Chi altro c’è lì?». Prospettive letterarie dalla e sulla Svizzera italiana, a c. di T. Crivelli e L. Lazzari, Firenze, Cesati, 2015, p. 67). Cette allusion aux mots de son partenaire (décédé depuis trois ans), est l'une des nombreuses qui parsème les œuvres d'Anna, une façon de nourrir secrètement le lien sentimental de ce couple aussi discret que soudé.

2. Felice Filippini, Il cebète. Allegoria e 8 dialoghi poco prima della diana, Locarno, Edizioni Carminati, 1950. Le livre contient une lettre dactylographiée de Felice Filippini adressée à Otto Kleiber, rédacteur en chef de la « National Zeitung » de Bâle : « [...] Federico Hindermann connaît mon travail depuis le début et a admirablement traduit certaines de mes nouvelles et beaucoup de mes pages en allemand. Si vous le pensez, vous pouvez faire appel à Federico Hindermann pour une analyse critique approfondie de mon travail actuel ». Commencé comme une relation de travail, le lien avec l'écrivain et artiste Felice Filippini (1917-1988) s'est rapidement transformé en amitié, comme en témoigne la riche correspondance, de 1944 à 1981 (cf. Manuela Kleis, La correspondance Federico Hindermann-Felice Filippini, Mémoire de Maîtrise universitaire ès Lettres, printemps 2019).

3. Reto R. Bezzola, Le sens de l'aventure et de l'amour (Chrétien de Troyes), Paris, La Jeune Parque, 1947 : « Al suo caro Fritz Hindermann per il grave passo dal “premerains vers” alla seconda parte decisiva della sua vita. 27. VII. 56 ». Cette dédicace doit être lue au moins à deux niveaux, celui de l'obtention du titre de docteur en juin 1956, avec une thèse dirigée par Bezzola lui-même, et celui du 35e anniversaire de Federico, né le 27 juillet 1921. Cette double perspective s'accorde avec la double allusion littéraire : à la fin de la première partie d'Erec et Enide de Chrétien de Troyes, qui se définit précisément par le syntagme « premerains vers » (selon l'interprétation qui en donne Bezzola aux pp. 87-134) et au début de la maturité de Dante, âgé, lui aussi, de trente-cinq ans : « Nel mezzo del cammin di nostra vita » (Dante, Inf. I, v. 1). À la suite de son doctorat, en 1966, Federico sera nommé professeur de philologie romane à l'université d'Erlangen-Nuremberg.

4. Federico Hindermann, Bilder der Liebesdichtung. Beiträge zu einer historischen Topik, Abhandlung zur Erlangung der Doktorwürde der Philosophischen Fakultät der Universität Zürich, vorlegt von Federico Hindermann von Basel. Angenommen auf Antrag von Herrn Professor Dr. R. Bezzola, Buchdruckerei Fritz Frei, Horgen-Zürich, 1963. Il s'agit de deux chapitres de la thèse de doctorat de FH, déposée à l'Université de Zurich. Il existe également une version sans les informations officielles sur le doctorat, la notice biographique et les remerciements, répartis entre les universités de Bâle et de Zurich : « Allen meinem Lehrern, den Herren Professoren Albert Béguin, Arminio Janner, Walter Muschg, Friedrich Ranke, Walther von Wartburg in Basel, Fritz Ernst, Konrad Huber, Theophil Spoerri, Emil Staiger, Arnald Steiger in Zürich, und insbesondere Reto R. Bezzola, bei dem diese Arbeit entstand, bleibe inc in herzlicher Dankbarkeit verpflichtet ».

5. « Atlantis. Länder - Völker - Reisen », XXVI, 7, juillet 1954 : « Herausgegeber : Martin Hürlimann. [...] Redaktionelle Mitarbeiter : F. Hindermann und Bettina Hürlimann » (p. I). Numéro spécial consacré à Buch und Verlag. « Atlantis » est un magazine mensuel illustré - 1929-1964 -, traitant de voyages, d'art, d'histoire et de culture générale. Depuis 1964, il fusionne avec la revue « Du. Zeitschrift für Kultur ». Dans ce numéro, FH signe (F. H.) les articles suivants : Italienische Buchhändler über den Buchabsatz. Eine Umfrage des « Europeo » (pp. XVIII-XX), Aus den Erinnerungen von Reinhard Piper (pp. XX-XXII) et Welche Empfehlung braucht ein unbekannter Autor, um gedruckt zu werden ? Eine Umfrage bei pariser Verlegern (pp. XXIII-XXIV). FH travaille pour Atlantis de 1947 à 1961 et contribue à « Du » par la suite. En plus des articles sur divers sujets culturels, FH publie de nombreuses traductions d'auteurs italiens et français : Giovanni Battista Angioletti, Riccardo Bacchelli, Piero Bianconi, Massimo Bontempelli, Emilio Cecchi, Francesco Chiesa, Felice Filippini, Ennio Flaiano, Tommaso Landolfi, Nicola Lisi, André Malraux, Paolo Monelli, Alberto Moravia, Ercole Patti, Charles Péguy, Mario Praz, William Saroyan (traduit de l'allemand et de l'italien : « ich bitte daher Aram den Coiffeur, seinen Onkel Misak und den Zirkus-Tiger, sowie den Autor und den Leser um Nachsicht »), Jules Supervielle, Elio Vittorini, Cesare Zavattini. Les numéros suivants d'« Atlantis » et « Du » sont conservés dans la BFH : 1937 (10), 1940 (5), 1941 (2, 3, 5, 10), 1946 (9), 1947 (1, 6, 8, 10, 12), 1948 (1, 2, 3, 8, 9, 10, 11), 1949 (2, 7, 9), 1950 (1, 4, 6, 9), 1951 (1, 5, 6), 1952 (12), 1953 (4, 11), 1954 (3, 7, 12), 1956 (4), 1957 (3, 12), 1958 (1, 7), 1959 (11), 1961 (2), 1962 (12), 1963 (11). « Du » : 1945 (12), 1957 (10), 1958 (12), 1976 (419, 420, 421, 426), 1977 (431, 433, 435, 436, 437, 438, 442), 1982 (7, 8, 9, 10, 11, 12), 1983 (1, 3, 4).

6. Albert Camus, L'Étranger. Roman, Paris, Gallimard, 1942. En 1951, FH signe la première traduction allemande du roman, Der Fremde, Übertragung von F. Hindermann, Büchergilde Gutenberg, Zürich, 1951. Dans l'un des deux exemplaires de l'édition originale française se trouvent des notes sur le lexique de L'Étranger et sur son interprétation, selon Situations I (1947) de Jean-Paul Sartre.

7. Emilio Cecchi, Florentiner Plastik des Quattrocento, 65 Aufnahmen von M. Hürlimann, [Übertragung des Textes aus dem Italienischen von Federico Hindermann], Zürich, Atlantis Verlag , 1951. Ce volume est le fruit de la collaboration de l'écrivain et essayiste Emilio Cecchi (1884-1966), le photographe Martin Hürlimann (1897-1984), propriétaire d'Atlantis Verlag, et FH, qui travaille depuis 1948 sur l'œuvre de Cecchi par des critiques et des traductions. Atlantis, par l'intermédiaire de FH, commande au célèbre écrivain florentin un texte pour accompagner la sélection de photos d'Hürlimann. La correspondance entre FH et Cecchi, déposée à Berne et à Florence, permet de suivre l'évolution de ce projet éditorial et de saisir certains aspects de la traduction de FH, confronté à la « clarté et à la force allusive de son style » (Lettre de FH à Cecchi, 8.03.1951). En 1956, le texte original est également publié par Garzanti, dont la *troisième édition, de 1960, est conservée dans la BFH, avec une trentaine d'autres œuvres de Cecchi, dont trois avec dédicace. La dernière anticipe de peu la mort de sa fille Giuditta (juillet) et celle d'Emilio lui-même (septembre) : « a Federico Hindermann, con tanta gratitudine per la sua amicizia, il suo dev.mo Emilio Cecchi, Roma, 13 aprile 1966 ». En 1962, Cecchi avait demandé à FH et à sa femme des nouvelles sur un médecin suisse qui proposait un traitement novateur pour la sclérose en plaques dont souffrait sa fille de 50 ans. Sur la traduction de Goldfisch, voir IV.2.

8. Photo de FH.

Vitrine IV - Zurich - 1971-1986

Dans le curriculum vitae de 1970, la collaboration avec la revue « Image » de Hoffmann & Laroche est logiquement biffée. Après avoir quitté son poste de professeur universitaire, Hindermann retourne en Suisse et retrouve du travail dans le monde de l'édition, mais cette fois-ci avec de plus grandes ambitions. Depuis 1971, il dirige les éditions Manesse et édite la prestigieuse série « Manesse Bibliothek der Weltliteratur » [2]. Les 150 volumes édités dans les quinze ans suivants trouveront place dans l'intimité de sa chambre à coucher et, depuis la mort de Federico, sont conservés par sa dernière fille, Caterina. Dans la Bibliothèque il en reste quelques exemplaires qui illustrent assez bien le caractère de la collection et l'orientation que Federico lui a donnée : « que je sois [...] romaniste, germaniste et comparatiste n'a pas d'importance ; j'ai essayé depuis ma jeunesse, au moins par des traductions, de connaître le plus grand nombre possible de cultures et j'ai fait mienne, comme Walther Meier, la célèbre maxime de Voltaire : “Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux” » (FH, Für Hörer aller Fakultäten, « Börseblatt », 1-4.01.1983, p. 39).

C'est dans cette multiplicité culturelle que l'on peut reconnaître le caractère principal de la « Manesse Bibliothek der Weltliteratur », ainsi que celui de la Bibliothèque de son directeur qui, en plus des littératures allemande, française et italienne, comprend désormais aussi la littérature anglo-saxonne dans sa langue originale (Shakespeare, Lewis Carrol, Orwell, Joyce, Hemingway, Dickens, C. S. Lewis, Hopkins, Emily Dickinson, Golding, etc.), japonaise, chinoise, hispanique, arabe, russe, etc., et des genres particuliers, tels que maximes, aphorismes et anecdotes, la mystique (de Meister Eckhart à Simone Weil), les sciences naturelles, la philosophie des sciences, etc. La Bibliothèque et le catalogue Manesse vivent une relation symbiotique, d'échange mutuel, comme nous pourrions le démontrer en comparant les auteurs présents dans l'une et dans l'autre.

Mais la période de direction de Manesse coïncide aussi avec celle de la première saison poétique en italien, qui aura un impact particulier sur la Bibliothèque. À partir de janvier 1971, Hindermann commence à publier quelques poèmes en italien, accompagnés d'une traduction en allemand, sur la « Neue Zürcher Zeitung » [3], et à partir de 1973 il offre aux amis des petites plaquettes de poèmes pour la fin d'année : Qualche poesia del '73, Qualche poesia del '74, del '75, '76, etc. [5]. L'Almanacco dello Specchio Mondadori de 1975, qui comprend neuf poèmes, Verso le feste, est le premier volume dans lequel la poésie en italien s'adresse à un public plus large. De 1978 à 1986, l'éditeur milanais Vanni Scheiwiller publie six recueils de poèmes et un recueil d'épigrammes (en allemand) [6].

La décision du quinquagénaire de se présenter au public italien avec des vers en italien doit être comprise comme la dernière étape d'un rapprochement de l'Italie, l'étape finale par laquelle Hindermann franchit la frontière non pas comme journaliste, touriste ou émigré, mais comme poète italien. Il s'agit d'un geste symboliquement important qui, s'il ne porte pas les fruits espérés en termes de reconnaissance littéraire, permet à Hindermann de créer de nouveaux contacts avec des intellectuels italiens et de renforcer ceux qui existent déjà : « A Federico Hindermann ringraziandolo della preziosa plaquette e ricordandolo con simpatia, Italo Calvino, gennaio 1974 » [7].

Parmi les liens italiens qui dépassent certainement le simple hommage entre écrivains et dont il reste des traces significatives dans la Bibliothèque, on peut citer ceux avec Felice Filippini, avec la famille Cecchi, le critique Mario Praz, qui séjourne au moins deux fois chez les Hindermann, le poète Giovanni Ramella Bagneri, l'écrivain tessinois Piero Bianconi, le critique et poète Adolfo Jenni, Enrico Lombardi et Fabio Pusterla, qui vont contribuer à la reconnaissance de la poésie de Federico dans la Suisse italienne.

L'écrivain et critique littéraire Pietro Citati (1930-2022), présent dans la Bibliothèque avec plus de vingt ouvrages, a joué un rôle important dans la présentation de l'œuvre poétique de FH en Italie. Leur première rencontre, en 1951, sera évoquée par Citati en 1975, dans l'Almanacco dello Specchio : « J'ai rencontré Federico Hindermann pour la première fois à Zurich, alors que j'avais une vingtaine d'années et que je sortais – plein d'arrogance, de lectures et de pensées banales – de la Scuola Normale de Pise. Je n'aimais pas la Suisse : elle n'était pas assez dramatique. [...] Lors d'un séminaire sur la littérature provençale, j'ai rencontré un étudiant plus âgé que les autres, qui essayait de disparaître parmi les tables et les livres, comme si disparaître était son désir suprême. Quelqu'un d'autre aurait pu comprendre mieux que moi que cet homme d'une douceur anormale, au visage trop fin et délicat, connaissait si bien les livres et les avait si bien assimilés, qu'il n'osait plus en parler. Alors, pour la première fois, j'ai su ce qu'est un homme de lettres » (Pietro Citati, Introduzione, in Almanacco dello Specchio, Milano, Mondadori, 1975, p. 394).

 

1. Lebenslauf. Curriculum vitae de FH de 1921 à 1970, avec mise à jour de 1971. « Né le 27 juillet 1921 à Biella >près de Turin< (Italie. >Je suis bilingue<), fils de Max Hindermann, commerçant, citoyen de Bâle, et d'Amalia née Filippi, de Turin, j'ai fréquenté l'école communale à Turin et le gymnase à Bâle. Après l'examen de maturité, je me suis inscrit à l'université de Bâle au printemps 1940. Parallèlement à mes études de langues et littératures romanes et allemandes, je travaillais à la rédaction du “National-Zeitung”(ma mère était décédée en 1934, mon père en 1938, et je devais gagner ma vie et celle de mon jeune frère), d'abord à mi-temps, puis à partir de 1942, à plein temps. Un congé en été 1940 m'a permis d'obtenir le diplôme d'enseignement de l'italien à l'Université pour étrangers de Pérouse (avec le maximum des points), un second, en 1941, de passer un semestre à Rome. Lorsque j'ai quitté la rédaction du “National-Zeitung” en 1947 pour prendre le poste de lecteur des éditions Atlantis et de rédacteur du mensuel “Atlantis” à Zurich, j'ai interrompu les études que je poursuivais irrégulièrement à côté de mon travail. Un séjour à Oxford, de 1950 à 1951, en tant que lecteur d'allemand à l'université, m'a incité à me réinscrire ; à Zurich, où j'ai retravaillé aux éditions Atlantis à mon retour d'Angleterre, j'ai obtenu mon doctorat en juin 1956 avec la mention summa cum laude dans les matières suivantes : histoire de la langue et de la littérature italiennes, histoire de la littérature française, histoire comparée de la littérature. En 1961, j'ai quitté la maison d'édition Atlantis pour enseigner l'italien et le français à l'école cantonale d'Aarau, où ma femme exerçait la profession de pédiatre et vivait avec nos trois enfants. En 1966, j'ai été invité à occuper une chaire de philologie romane >(avec spécialisation en italien)< à l'université d'Erlangen-Nürnberg et le 22.3.1967, j'ai été nommé professeur ordinaire de cette discipline dans cette même université. Comme ma famille ne pouvait pas se décider à s'installer définitivement en Allemagne, et que les nombreux voyages devenaient trop pénibles à la longue, j'ai demandé d’être libéré de mes obligations de professeur ordinaire à la fin de l'année 1968. Je travaille actuellement comme rédacteur de la revue “Image”, publiée par la société Hoffmann & La Roche, Bâle. > Depuis, je dirige la Manesse V. à Z. et publie la Manesse Bibl. d. W. Je suis citoyen de Bâle. | Aarau, le 30 Août 1970 ».

2. Riccardo Bacchelli, Der Teufel auf dem Pontelungo, Nachwort von Federico Hindermann, Zürich, Manesse Verlag, 1972. *E. Cecchi, Goldfische, Aus dem Italienischen übersetzt und Nachwort von Federico Hindermann, Zürich, Manesse Verlag, 1973. *E. Vittorini, Gespräch in Sizilien, Nachwort von Federico Hindermann, Zürich, Manesse Verlag, 1977. Les volumes présentés ici ne sont qu'une partie de ceux qui ont été personnellement édités, introduits ou traduits par FH au cours des années 1971-1986 (et au-delà, voir V.1), mais même pour la publication des autres, plus d'une centaine, le goût et les choix du directeur ont été décisifs. FH avait amené chez Manesse l'esprit d'ouverture d'Atlantis, où les nouveautés littéraires étaient accueillies avec la même faveur que les auteurs confirmés. Mais le désir d'arracher à l'oubli des écrivains de valeur avec des éditions et des versions philologiquement irréprochables, ne se traduisait pas toujours par un succès commercial : « Ici, chez Manesse, nous n'avons pas réussi à faire connaître à un large public des auteurs comme Benito Pérez Galdós, Marie de France, Walter de la Mare, Ennio Flaiano ou Edmund Gosse ; ce ne furent, commercialement parlant, que des échecs » (FH, Zum Geleit, in Zur Literatur der Welt. 40 Jahre Manesse Bibliothek, Zürich, Manesse, p. 13). FH a également publié des anthologies thématiques (Anekdoten in der Weltliteratur, 1980, Kinder... , 1981, Katzen..., 1982, Bäume..., 1985) et a créé une collection pour bibliophiles, qui accueille des œuvres de *John Keats, Johan Peter Hebel, Robert Burton, *Giovanni Boccaccio, Homère et Gérard de Nerval (réimpression de l'Aurelia traduite par FH en 1943). Il s'agit de livres de grand format, à tirage limité, avec illustrations originales signées par l'auteur. L'impression de « Manesse-Drucke » est confiée à la Stamperia Valdonega de Martino Mardersteig, que Federico connait probablement par le biais de l'éditeur de ses poèmes, Vanni Scheiwiller. L'admiration pour Valdonega s'exprime dans la dédicace de Qualche poesia (1990) : « à la famille Mardersteig, en la remerciant pour la maîtrise de la composition et de l'impression, de génération en génération ».

3. Aspettando il carnevale - Auf die Fasnacht wartend, « Neue Zürcher Zeitung », 21.02.1971, avec corrections au crayon. En 1971, FH se présente au public germanophone dans la NZZ en tant que poète en italien : c'est le début d'une saison créative qui durera jusqu'à sa mort, en 2012. La décision d'écrire en italien est surprenante pour quelqu'un qui parle le suisse allemand depuis quarante ans et qui écrit quotidiennement dans la langue de Goethe. L'italien est la langue du départ, de l'homme et du traducteur, une langue enfantine et une langue littéraire ou scientifique, mais surtout, dans ces années-là, c'est la langue du sentiment qui lie FH à l'écrivaine tessinoise Anna Felder (1938-2024), enseignante à Aarau [III.1]. Un an plus tôt, FH avait traduit le premier roman d'Anna, Tra dove piove e non piove, paru en feuilleton dans la NZZ (plus tard en volume, Quasi Heimweh, Rodana-Verlag, Zürich, 1970, réimpression : Suhrkamp, Frankfurt am Main, 1990).

4. Hans Urs von Balthasar, Das Weizenkorn, Luzern, Verlag Räber & Cie, 1944. Qu'est-ce qui fait ce livre de 1944 dans la vitrine des années '80 ? Entre ses pages se trouve le brouillon d'une *lettre dans laquelle FH expose à un responsable de la maison d'édition Adelphi (Milan), un projet qui ne sera réalisé qu'en 1992, avec l'éditeur Guanda (Parme) : Quanto silenzio. Le brouillon n'est pas daté, mais d'après la correspondance avec Pietro Citati il est antérieur au mois d'août 1988. Le 26 juin de cette année, Hans Urs von Balthasar [II] décède à l'âge de 83 ans ; affecté par la disparition de l'ami, Federico cherche dans sa bibliothèque Das Weizenkorn ; il le trouve, il en lit quelques textes ; le brouillon d'une lettre qu'il vient d'écrire à Adelphi fait office de marque-page. Que signifie tout cela ? Simplement Vivre|Livre. Avec Weizenkorn, nous sommes à l'aube de la passion de FH pour les aphorismes, les maximes et les anecdotes, qui se concrétisera plus tard dans l'anthologie Anekdoten (Manesse, 1985) et dans sa propre production, avec Zugelaufen (Scheiwiller, 1981) et Un pugno di mosche (anaedizioni, 2003) [V.4].

5. Qualche poesia del '76, « mit den herzlichsten Wünschen für 1977 | Federico ». La plaquette exposée est adressée à Gustav Siebenmann, alors professeur de philologie romane à l'université d'Erlangen-Nuremberg. L'absence du nom du poète, le minimalisme du titre de la série (Qualche poesia del...), l'absence de reliure ou de numérotation des feuillets, imposant un ordre aux textes, sont les signes d'une poétique de l'humilité face à un ordre supérieur, auquel le poète s'adresse avec une poésie qui est à la fois expression d'émerveillement devant la Création et interrogation sur le Mystère de son existence. Une attitude « docile contre », comme l'indique le titre du deuxième recueil de Scheiwiller, Docile contro. Parmi les destinataires de cette plaquette et de celles des années précédentes se trouve également l'écrivain tessinois Piero Bianconi (1899-1984), qui répond à l'hommage par l'invitation à rassembler les poèmes dans un livre : « Et merci pour la désormais traditionnelle corbeille de poèmes [...] qui va rejoindre ses frères aînés, mais qui devrait maintenant être rassemblée dans un livre, cher ami, confié à la gloire menteuse : mais il n'y a pas mieux... » (Piero Bianconi, *lettre à FH, Capodanno 1977). En 1978, FH publiera en effet son premier recueil, Quanto silenzio. Poesie 1972-1976 [6].

6. Federico Hindermann, Quanto silenzio. Poesie 1972-76, Nota di Pietro Citati, Milano, All'insegna del pesce d'oro, 1978, *Docile contro (ivi, 1980), *Trottola (ivi, 1983), *Baratti (ivi, 1984), *Ai ferri corti (ivi, 1985), *Quest'episodio (ivi, 1986). Ces six recueils représentent la première saison poétique de FH, caractérisée par l'utilisation d'une métrique libre et d'une syntaxe continue (la seconde - 1998-2012 - se démarquera de la première par l'utilisation exclusive du “stornello”, c'est-à-dire de la plus petite forme métrique italienne ; V.3). Les titres ne laissent aucun doute sur l'atmosphère qui règne dans cette poésie, visant à quantifier l'incommensurable (Quanto silenzio) ou à s'opposer en s'abandonnant (Docile contro) à quelqu'un ou à quelque chose, dont on comprend vite qu'il s'agit de l'Autre, du Sens, de Dieu, approché par l'observation de la Création. L'opposition, qui n'est plus synthétique comme dans l'oxymore, est alors décomposée en deux titres, auxquels l'échange pacifique (Baratti) fait place à la tension (Ai ferri corti). La docilité avec laquelle le poète s'adapte à la Nature est égale à sa détermination à en saisir les secrets, qui concèdent quotidiennement, à qui sait les lire, dans toute manifestation de la vie animale, végétale et même minérale, des signaux décisifs, des indices d'un Sens supérieur. L'inspiration poétique n'a donc pas besoin d'occasions extraordinaires, de faits qui rompent la monotonie, de rythmes frénétiques ou géologiques, car c'est précisément dans le fait apparemment insignifiant, dans l'« épisode » (un autre concept cher au poète) qu'une habitude millénaire de l'homme avec la Nature semble rendre insignifiant, que se condense le sens le plus complet de notre être. Les épisodes de coexistence ordinaire entre le moi et le monde, habituellement rabaissés par l'homme moderne au rang de décor ou relégués dans la partie la moins vigilante et la moins critique de la conscience, sont éclairés et étudiés dans leur fascinante complexité.

7. Italo Calvino, Il castello dei destini incrociati, Torino, Einaudi, 1973. Dédicace : « A Federico Hindermann ringraziandolo della preziosa plaquette e ricordandolo con simpatia, Italo Calvino, gennaio 1974 ». Treize autres ouvrages d'Italo Calvino (1923-1985) sont conservés dans la Bibliothèque, dont quatre avec des dédicaces de remerciement pour l'envoi de recueils de poésie. En 1963, FH avait déjà accueilli une sélection de nouvelles de Calvino dans sa collection de « Testi italiani d'autori contemporanei » (Aarau, Sauerländer), qui s'inspire probablement à la « Collezione di testi italiani » et à la « Collection de textes français » de Francke. En 1975, la « Manesse Bibliothek der Weltliteratur » accueille Italienische Märchen, Gesammelt, neu gefaßt und eingeführt von Italo Calvino, une traduction allemande d'une soixantaine de contes de fées italiens publiés d'abord par Einaudi en 1956, puis par Mondadori en 1968.s

8. Photo de FH.

Vitrine V - Aarau - 1986-2012

En 1986, Federico Hindermann prend sa retraite. Pendant quelques années, il poursuit son activité éditoriale, chez Manesse et chez d'autres éditeurs [1]. Sa retraite coïncide avec une phase de fatigue poétique, confirmée par la parution de son anthologie personnelle Quanto silenzio (1992) [IV.4], qui semble clore une saison créative. L'éloignement du monde du travail a un impact direct sur la croissance de la Bibliothèque, dont les acquisitions, au cours des années 1990 à 2012, diminuent de moitié par rapport aux vingt années précédentes, qui ont plutôt confirmé la tendance de la période 1940-1970.

Cependant, la Bibliothèque signale une nouveauté qui contredit l'impression d'épuisement intellectuel de Federico Hindermann et montre plutôt une réaction extraordinairement vitale. À partir de la fin des années '80, les nouvelles acquisitions diminuent, mais elles s'orientent indiscutablement vers les “sciences exactes” [2]. L'intérêt croissant pour la physique quantique et l'astronomie, pour la philosophie des mathématiques et des sciences ne peut que surprendre à première vue. Mais on se rend vite compte qu'il ne s'agit là que d'une mise à jour radicale de ce que Hindermann avait exploré pendant des décennies à travers les œuvres des mystiques, des théologiens et des philosophes : des présocratiques à Dante, de Nicolas de Cuse à Pascal, de Bartoli à Goethe naturaliste, du poète-scientifique Georg Büchner à Adolf Portmann, professeur de biologie à Bâle depuis les années 1930. En général, Hindermann s'intéresse à toute expérience spirituelle (et poétique) dans laquelle la connaissance scientifique a été mise au service d'une élévation intérieure, d'un rapprochement à l'Absolu. La science contemporaine a prouvé de façon expérimentale l'existence d'une réalité physique qui, à bien des égards, correspond, dans ses principes et sa logique, à la représentation que l'homme se fait du monde métaphysique.

La réaction poétique est toute aussi radicale, même si à peine esquissée dans la dernière partie du recueil Poesie 1978-20o2 (Verona, Stamperia Valdonega, 2002), qui comprend la réimpression des cinq livrets de Scheiwiller [V.6] et une poignée de vers récents, dont 32 “stornelli”. C'est le début de la deuxième saison poétique de Hindermann qui, après trente ans de métrique libre, se consacrera jusqu'à la fin de ses jours à l'écriture de “stornelli” (a5BA) [3]:

Il tempo stringe:

vibrano gli strings, campane a morto;

“sì dentro impetrai” e tutt’è Sfinge.

 

À ce tournant poétique vient s'ajouter la décision de publier au Tessin. L'appréciation de son œuvre par la critique suisse italienne depuis les années '80, avec Piero Bianconi [IV.5], Giovanni Orelli [I.6], Enrico Lombardi et Fabio Pusterla, convainquent Hindermann à se tourner vers les éditeurs tessinois. La critique italienne n'avait au contraire pas démontré beaucoup d'intérêt pour son œuvre. Au Tessin il aura aussi la possibilité de collaborer avec des artistes dans la conception de livres d'art (Mimmo Paladino, Sergio Emery, Paolo Mazzuchelli et surtout Luca Mengoni) [4-5]. Sans être un bibliophile, Federico avait d'ailleurs toujours soigné la qualité typographique de ses livres [IV.2].

 

1. Französische Dichtung, Zweiter Band : Von Corneille bis Gérard de Nerval, Herausgegeben von Hanno Helbling und Federico Hindermann, Beck, München, 1990. *Italienische Erzähler. Von « Novellino » bis Carlo Gozzi, Herausgeben von Federico Hindermann, Zürich, Manesse, 1991. Pendant les premières années de sa retraite, FH a continué à éditer des volumes d'anthologie, qui lui permettaient d'aborder des thèmes, des cultures et des siècles différents. Deux anthologies thématiques sont parues chez Manesse : Vögel in der Weltliteratur (1987) et *Inseln in der Weltliteratur (1988), qui poursuivent la série des Anekdoten (1980), Kinder (1981), Katzen (1982), Bäume (1985). A l'éditeur allemand Engelhorn, FH a confié trois petits volumes : Kleine Geschichten aus der Frühlingszeit (1988), Kleine Geschichten aus Zürich (1988), Kleine Geschichten aus der Schweiz (1992), liés à Schweizer Erzähler (Manesse, 1985). Les anthologies présentées ici, consacrées à la poésie française du XVIIe au XIXe siècle et aux conteurs italiens du XIIIe au XXe siècle (le deuxième volume, également de 1991, s'intitule Von Camillo Boito bis Goffredo Parise), sont plus étroitement axées sur les littératures nationales. Dans les deux volumes, FH fait preuve d'une remarquable ouverture chronologique : Novellino (13e siècle), F. Sacchetti (vers 1330-1400), Piovano Arlotto (vers 1396-1484), C. Boito (1836-1914), G. Faldella (1846-1928), G. Giacosa (1847-1906), C. Dossi (1849-1910), L. Pirandello (1867-1936), M. Bontempelli (1878-1960), F. Tozzi (1883-1920), E. Cecchi (1884-1966), N. Lisi (1893-1975), C. Alvaro (1895-1956), E. Vittorini (1908-1966), T. Landolfi (1908-1979), E. Flaiano (1910-1972), B. Fenoglio (1922-1963). Également dans le domaine de la littérature italienne : Grazia Deledda, Schilf im Wind. Roman (1992), *Luigi Pirandello, Mattia Pascal.Roman (1995).

2. Biblia Sacra, iuxta Vulgatam Clementinam, [...], Matriti, Biblioteca de autores cristianos, 1964 ; *Nikolaus von Kues, Drei Schriften von verbogenen Gott, Hamburg, Meiner, 1958 ; *Albert Béguin, Pascal par lui-même, Paris, Seuil, 1961 ; *Simone Weil, Attente de Dieu, préface de J. M. Perrin, Paris, Fayard, 1966 ; *Adolf Portmann, Biologie und Geist, Frankfurt am Main, Suhrkamp, 1973 ; *Paul Davies, Gott und die moderne Physik, München, Goldmann, 1989. Lors d'une interview de 2004, FH nous propose cette réflexion : « Un questionnaire, donc. Des questions, des réponses : un quiz, comme c'est la mode aujourd'hui, et on gagne l'un ou l'autre prix. [...] voilà, il me vient des noms, et des choses disparates, tout un ensemble chaotique à mettre en ordre, à éclaircir. Socrate ; Blaise Pascal, le pari de Pascal ; la coincidentia oppositorum de Nicolas de Cuse, sa docta ignorantia » (Pusterla, Quelques questions, cit., p. 130). Ce chaos n'est qu'apparent. Le “savoir de ne pas savoir” est un principe commun aux trois penseurs, ainsi que l'intérêt de Nicolas de Cuse et Blaise Pascal pour les langages scientifiques dans une perspective théologique. Dans sa quête poétique et spirituelle, FH se nourrit de l'œuvre de ces savants. Son intérêt pour la biologie, l'astronomie, la physique et les mathématiques est lié à celui pour la philosophie, la théologie, la mystique et la poésie. Ainsi, le miroir obscur de saint Paul, la coincidentia oppositorum de Nicolas de Cuse, la théométrie de Bartoli, l'attention de Weil, les « Grenzen des wissens » de Portmann sont autant d'ouvertures sur le Créateur. Les *notes sur le « pari » de Pascal, insérées dans le roman Blanche (1943) de Raymonde Vincent, épouse d'Albert Béguin, sont le premier témoignage d'une réflexion qui influencera la poétique de FH : « La condition de l'homme, incarné [“embarqué”] l'oblige à parier ». Liste des ouvrages scientifiques présent dans la Bibliothèque : H.-P. Dürr, Das Netz des Physikers. Naturwissenschaftliche Erkenntnis in der Verantwortung (1988), E. Schrödinger, Mein Leben, meine Weltansicht (1989), P. Davies, Gott und die moderne Physik (1989), H. Weyl, Philosophie der Mathematik und Naturwissenschaft (1990), K. R. Popper, Science et histoire sur le fil des souvenirs (1990), W. Heisenberg, Der Teil und das Ganze. Gespräche im Umkreis der Atomphysik(1991), S. W. Hawking, Über das Universum (1991), R. Courant, Was ist Mathematik ? (1992), A. Weil, Lehr- und Wanderjahre eines Mathematikers (1993), A. Pais, Il danese tranquillo. Niels Bohr, un fisico e il suo tempo, 1885-1962, 1885-1962 (1993), F. J. Tipler, Die Physic der Unsterblichkeit. Moderne Kosmologie, Gott und die Auferstehung der Toten (1994), W. Pauli, Writings on physics and philosophy(1994), A. I. M. Rae, Quantephysik : Illusion oder Realität ? (1996), D. A. Gillies, La filosofia della scienza nel XX secolo (1995), L. Cresci, Le curve celebri. Invito alla storia della matematica attraverso le curve(1998), P. Hoyningen-Huene, Formale Logik. Eine philosophische Einführung (1998), E. P. Fischer, An den Grenzen des Denkens. Wolfgang Pauli - ein Nobelpreisträger über die Nachtseiten der Wissenschaft(2000), K. R. Popper, Lesebuch : ausgewählte Texte zu Erkenntnistheorie, Philosophie der Naturwissenschaften, Metaphysik, Sozialphilosophie (2000), C. J. Hogan, Das kleine Buch vom Big Bang. Eine Kosmos-Fibel (2000), R. Penrose, Les deux infinis et l'esprit humain (2002), E. P. Fischer, Brücken zum Kosmos. Wolfgang Pauli - Denkstoffe und Nachtträume zwischen Kernphysik und Weltharmonie(2004), Ch. P. Enz, « Pauli hat gesagt ». Eine Biographie des Nobelpreisträgers Wolfgang Pauli, 1900-1958 (2005). R. Kaplan, Die Geschichte der Nul (2006).

3. « Il tempo stringe » (inc.) et d'autres manuscrits de “stornelli”, écrits sur différents supports. « Il tempo stringe » : ce “stornello”, tiré de Gira la mola (2007), décrit l'état du poète, dont la certitude de mourir s'accompagne de l'incertitude sur la mort. Le poète éprouve à chaque instant l'effroi du comte Ugolino - cité dans la note -, qui se transforme en pierre « en entendant fermer la porte d'en bas » (Dante, Inf. XXXIII, v. 46) et en réalisant ainsi l'horrible mort qui l'attend, lui, ses enfants et ses petits-enfants. Pour le vieux poète, dont le « temps se fait court », le « glas » sonne continuellement et imperceptiblement dans la « vibration » de la matière : « Il tempo stringe: / vibrano gli strings, campane a morto; / “sì dentro impetrai” e tutt’è Sfinge. (Dante, Inf. XXXIII, 49) » [« Le temps se fait court : / vibrent les strings, glas ; / “sì dentro impetrai” e tutt'è Sfinge. (Dante, Inf. XXXIII, 49) ». Selon la String theory le mouvement des « strings » « correspondrait à différents états de vibration, comme différentes notes jouées sur une corde de guitare » (J. Gribbin, Q come quanto, Cesena, Macro, 2004, p. 732). La similitude employée par les scientifiques avec les instruments à cordes (guitare ou violon) est traduit par le « glas » du memento moride FH. La ressemblance entre stringe-strings-Sfinge ramène le Temps et la Mort à la dimension du Mystère. Dans la Bibliothèque, nous trouvons deux volumes consacrés à la théorie des cordes ou Strings : Superstrings. Eine allumfassende Theorie der Natur in der Diskussion (1994), T. M. Boehm, Cosmology of brane universes and brane gases (2004).

4. Federico Hindermann, Un pugno di mosche, disegni di Luca Mengoni, anaedizioni, Locarno 2003. *Bocca di leone, linoleografie di Luca Mengoni, Locarno, anaedizioni, 2004. *Fiore di loto, incisione di Paolo Mazzuchelli, Locarno, anaedizioni, 2005. *I sette dormienti, a cura di Matteo M. Pedroni, con sette acquerelli di Mimmo Paladino, Bellinzona, edizioni sottoscala, 2018. Un pugno di mosche est un recueil d'aphorismes en italien, commencé au début des années '90 et publié seulement dix ans après. C'est un livre précieux, aussi bien pour son contenu, qui recèle souvent des indications de poétique, que pour le genre littéraire qu'il adopte. La passion pour la brièveté en prose remonte à la jeunesse, aux Pensées de Pascal, étudiées par Albert Béguin [V.2] et aux maximes de Hans Urs von Balthasar [IV.4]. Beaucoup plus tard, Federico écrira des petites proses de réflexion en allemand, dont un choix est présenté dans Zugelaufen, Milano, All'insegna del pesce d'oro, 1981. Un pugno di mosche est le seul exemple de prose littéraire en italien de Federico, l'italien étant pour lui la langue exclusive de la poésie. Nous indiquons ci-dessous les noms de quelques aphoristes de la Bibliothèque : W. H. Auden (1974), C. J. Burckhardt (1978), E. Brock (1958, 1970, 1975), M. Ebner-Eschenbach (1946), G. Fieguth (1978), H. Grothe (1977), Kafka (1946), C. G. Jochmann (1983), Il libro dei mille savi de F. Palazzi et S. Spaventa (1945), G. Levi della Vida (1959), Ch. J. de Ligne (1979), J. Luczak (1984), Pestalozzi-Anekdoten de A. Haller (1946), S. von Radecki (1968), Schopenhauer (1938, 1945 et 1991), R. A. Schröder (1977).

5. Luca Mengoni, Sphinx, Locarno, anaedizioni, 2007. Catalogue de l'artiste tessinois Luca Mengoni (1972), dont les œuvres sont en partie inspirées par les poèmes que FH dédie aux papillons ou aux sphinx. L'un de ses “stornelli” est cité dans le catalogue : « Così la sfinge : / rugiada l'orna, va sposa e spira ; / così si sa : il tempo sempre stringe ». Le livre est accompagné d'un mot de l'artiste pour FH : « 1. octobre 2007 | Cher Federico, voici les papillons qui, à partir de tes poèmes, ont filtré dans mes images. Ciao Luca ». Mengoni avait déjà abordé les papillons de FH en illustrant Girandola di farfalle (Locarno, Dadò, 2006), mais leur collaboration remontait à 2003, avec le recueil d'aphorismes, Un pugno di mosche (anaedizioni) [4], sélectionné lors du concours national pour « Les plus beaux livres suisses ». La fascination de FH pour les papillons et les oiseaux remonte à sa jeunesse, aux cours du biologue Adolf Portmann, à l'université de Bâle : « Vous savez, si j'avais eu de l'argent, je pense que j'aurais étudié la biologie quand j'étais jeune, au lieu d'être journaliste et ensuite professeur. En effet, l'un de mes plus chers maîtres était Adolf Portmann, un grand biologiste bâlois, que j'allais souvent écouter lorsque mon travail m'en laissait le temps. J'ai beaucoup appris de lui ; je me souviens de ses merveilleuses observations sur les poissons, sur les plumes d'oiseaux. Pour moi, ce sont des choses dans lesquelles il me semble pouvoir entrevoir quelque chose de plus durable, un sens presque religieux de la vie qui s'exprime de cette manière et que nous ne pouvons saisir qu'à travers ces couleurs, ces lignes, ces apparences minimales » (Enrico Lombardi, Incontro con Federico Hindermann. Un poeta al microscopio, « Corriere del Ticino », 10.01.1987, p. 25). La Bibliothèque ne possède que deux livres de Portmann (1897-1982), un livre de poche de 1973 (Biologie und Geist, 1956) [2] et un catalogue de ses dessins scientifiques : peu de chose si l'on pense à l'importance de Portmann dans la poétique de FH ! En réalité, les livres du zoologiste bâlois étaient plus nombreux dans les années '60 et comprenaient l'ouvrage le plus connu, Die Tiergestalt. Studien über die Bedeutung der tierischen Erscheinung (1948, 1960). C'est ce que nous révèle la fille aînée de Federico, Regine (1947), qui avait suivi les cours de Portmann à Bâle et acheté ses livres, qu'elle partageait avec son père.

6. Photo de FH assis à la table du salon, où il passait une grande partie de la journée à écrire des “stornelli”, à lire, à méditer et à fumer de Muratti, « aria », selon ses propres mots.

La biblioteca di Federico Hindermann

Federico Hindermann – 1921-2012 – ha fornito indicazioni assai precise sulla destinazione della sua biblioteca: alla famiglia e agli amici, secondo i loro desideri e interessi, e poi tutto a un’istituzione pubblica che ne garantisse da una parte l’identità, delineatasi nel corso di settant’anni (1940-2011), dall’altra l’utilità, mettendola a disposizione di tutti, lettori e studiosi. La speranza di Federico Hindermann, che sia cioè offerta una seconda vita ai suoi libri, ha incontrato il desiderio di parenti e amici che, con la valorizzazione della biblioteca, intendono favorire la memoria di un intellettuale fin troppo riservato. Lasciare insomma che i libri, «di cui non osava più parlare» tanto li aveva assimilati (Citati 1978, p. 7), d’ora in poi parlino di lui, delle sue passioni e del suo lavoro, e stimolino nuove passioni e nuovi lavori.
I familiari hanno così accettato la proposta del dr. Matteo Pedroni, studioso e amico di Federico Hindermann, di legare l’intera biblioteca alla Sezione d’italiano dell’Università di Losanna che, dal canto suo, s’impegna a valorizzarla.

Per qualunque informazione, si prega di rivolgersi a Matteo Pedroni (matteo.pedroni@unil.ch), responsabile del progetto.

Biografia

Federico Hindermann nasce presso Biella il 27 luglio 1921, da padre basilese e da madre torinese. All’età di dieci anni si trasferisce con la famiglia nella città paterna, dove poi si iscriverà all’Università, pur non potendo frequentare regolarmente a causa della prematura scomparsa dei genitori. Hindermann s’indirizza così verso l’attività giornalistica, scrivendo per la «National-Zeitung» (Basilea) e in seguito per il mensile «Atlantis» (Zurigo), in cui appariranno sue traduzioni da testi letterari italiani e francesi. In questo ambito si era già distinto volgendo in tedesco l’Aurélia di Nerval (1943), in seguito l’Étranger di Camus (1951) e, fra gli italiani, opere di Vittorini e di Pirandello. Negli anni Cinquanta, dopo essere stato lettore di tedesco a Oxford, riprende gli studi addottorandosi a Zurigo in letteratura comparata. Si apre così la stagione dell’insegnamento: dapprima al liceo di Aarau, poi – dal ’66 al ’69 – all’Università di Erlangen, come professore di filologia romanza. Nel quindicennio successivo – 1971-1986 – Hindermann assumerà la direzione della Manesse Verlag e della prestigiosa collana di classici “Manesse Bibliotheck der Weltliteratur”, per la quale curerà personalmente diversi volumi e traduzioni (Cecchi, novellieri italiani ecc.). Parallelamente, a partire dagli anni Settanta, inizierà a pubblicare poesie in italiano presso l’editore milanese di origine svizzera Vanni Scheiwiller (nel 1940 aveva esordito con otto poesie in tedesco). Le sei raccolte (Quanto silenzio ’78, Docile contro ’80, Trottola ’83, Baratti ’84, Ai ferri corti ’85 e Quest’episodio ’86) sono riunite nell’importante volume di Poesie 1978-2001 (Verona, Valdonega, 2002), che gli vale – nel 2003 – il Premio Schiller alla carriera. Negli ultimi anni ha pubblicato in Ticino presso le edizioni Sottoscala, Armando Dadò, ANAedizioni ed Edizioni Opera Nuova. Una scelta di suoi versi, tradotta in tedesco da Antonella Pilotto (Fügsam dagegen/Docile contro, Zurigo, Limmat Verlag, 2009), ha ottenuto l’«Anerkennungsgabe der Literaturkommission» della città di Zurigo. Federico Hindermann muore ad Aarau il 31 gennaio 2012. 

Bibliografia

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