Sixième Journées suisses d’histoire
29 juin – 1er juillet 2022
Université de Genève
Panel "La défense du paysage (1967-2021) : enjeux politiques, sociaux et culturels"
Jeudi, 30 juin
15h45 – 17h15
Université de Genève, salle M R280
Le 1er janvier 1967, la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage (LPN) entre en vigueur. L’application de la nouvelle loi marque un tournant pour les associations suisses de défense du patrimoine et de la nature. Alors que la LPN institue le droit de recours des organisations actives au niveau national (art. 12), la Confédération est aussi habilitée à soutenir financièrement ces mêmes organisations (art. 14). Des associations comme Patrimoine suisse (Heimatschutz) et la Ligue suisse pour la protection de la nature (auj. Pro Natura) jouissent pleinement des droits donnés par la LPN. Ce nouveau cadre juridique permet aussi la création d’autres structures nationales, à l’exemple de la Fondation suisse pour la protection et l’aménagement du paysage en 1970, qui dès ses débuts bénéficie du large soutien du Conseil fédéral et des parlementaires et fédère les diverses associations de défense du paysage. Dans ces mêmes années, l’écologiste Franz Weber mène avec succès des combats emblématiques, comme celui de la préservation de Lavaux contre le bétonnage et la frénésie immobilière, et crée dans la foulée plusieurs associations de défense du paysage, à l’exemple de Sauver Lavaux et Helvetia Nostra.
Depuis cinquante ans, on assiste aussi à un vif intérêt à l’échelle régionale et nationale pour la problématique du paysage tant au niveau de la société civile que de l’agenda politique. Cet intérêt est à mettre en relation avec l'avènement d'une société individualisée et toujours plus mobile, avec des modes de vie et des pratiques de consommation qui impactent de plus en plus le territoire. Ces changements sociétaux ont une influence directe sur un paysage toujours plus urbanisé et exploité. En même temps, on assiste à une idéalisation des paysages ruraux et à une stéréotypisation de la conception du paysage à des fins touristiques. La transformation des espaces - qu’ils soient urbains, péri-urbains ou ruraux - a provoqué des tensions qui ont eu notamment pour effet une multiplication d’actions civiques et politiques, souvent issues des milieux associatifs. Plusieurs de ces actions ont profondément influencé notre perception et considération actuelle du paysage, mettant un accent plus important sur les qualités et fonctions esthétiques du paysage ainsi que sur ses aspects écologiques.
A partir de ces considérations, les organisateurs souhaitent développer les axes de réflexion suivants: quel a été l’impact de la mise en vigueur de la LPN en 1967 sur l’action des organisations suisses de défense du paysage ? Comment ont évolué les combats politiques menés par ces associations ? De quelle manière l’action des ONG a influencé l’attitude de la population concernant la valeur du paysage ? De manière générale, comment a évolué la sensibilité vis-à-vis du paysage pendant ces 50 dernières années et dans quelle mesure les sensibilités sont-elles diverses selon les régions linguistiques ?
Invervenants: Thierry Largey, Stéphane Nahrath, Jean-David Gerber, Raimund Rodewald.
Modérateurs: Béatrice Lovis et Emmanuel Reynard
Plus d'informations sur les JSH 2022: https://geschichtstage.ch; lien direct vers le panel
Organisateurs : Philippe Kaenel, Béatrice Lovis, Emmanuel Reynard, Nelly Valsangiacomo, responsables de la Plateforme “Paysage”, un projet interfacultaire de l’Université de Lausanne, soutenu par le Centre des Sciences historiques de la culture (SHC) et le Centre interdisciplinaire de recherche sur la montagne (CIRM).