Chercheuses / Chercheurs :
Laura Hostettler Macias, Emmanuel Ravalet, Patrick Rérat
Durée:
Janvier 2021 - décembre 2024
Financement:
Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique
Chercheuses / Chercheurs :
Laura Hostettler Macias, Emmanuel Ravalet, Patrick Rérat
Durée:
Janvier 2021 - décembre 2024
Financement:
Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique
Il existe un large consensus politique sur le télétravail comme moyen de mettre en œuvre la transition vers une mobilité durable en diminuant le nombre de déplacements, la congestion des infrastructures et la consommation d'énergie. Mais les choses sont-elles vraiment aussi évidentes en ce qui concerne les différentes formes de mobilité spatiale ? Dans le cadre de cette recherche, nous souhaitons développer une vision critique des liens entre les pratiques de télétravail et les mobilités résidentielles et quotidiennes. Nous proposons ainsi d'évaluer les éventuels "effets rebond spatio-temporels" du télétravail. Ce projet vise à répondre à trois questions de recherche :
(1) "Où les gens travaillent-ils ? Cette question n'est pas aussi évidente qu'il n'y paraît à première vue. Des tendances telles que l'augmentation des temps et des distances de déplacement, le potentiel de la numérisation ainsi que les restructurations économiques (la transition vers une économie de la connaissance) et les changements sur le marché du travail (les contrats de courte durée, les emplois à temps partiel) montrent que le lieu où les gens travaillent est en train d'être redéfini. Trois formes principales de télétravail peuvent être identifiées : Le télétravail à domicile (y compris résidence secondaire), le télétravail itinérant (par exemple dans le train) et le télétravail dans des tiers-lieux (dédiés, comme les espaces de co-working, ou non, comme les cafés). La diversité du télétravail est encore renforcée par la variété des contextes géographiques, des situations sociales et privées, des environnements professionnels, etc.
(2) "Quels sont les effets du télétravail sur la mobilité quotidienne et résidentielle ?" Cela soulève la question d'un éventuel "effet rebond spatio-temporel". En d'autres termes, la réduction de la fréquence des trajets domicile-travail pourrait générer d'autres tendances (par exemple, une plus grande tolérance à la pendularité de longue distance, une augmentation des trajets pour d'autres motifs, une tendance à la multirésidentialité, une diminution de la mobilité résidentielle). Plus spécifiquement, nous étudierons le rôle du télétravail dans le choix des lieux de résidence et de travail, les déplacements évités et/ou rendus possibles par le télétravail et le bilan global des émissions de gaz à effet de serre des télétravailleurs et des non-télétravailleurs.
(3) "Pourquoi les gens télétravaillent-ils ? Cette question porte sur les motivations, les incitations et les arbitrages qui conduisent au télétravail ainsi que sur sa temporalité. Nous prévoyons d'analyser la pratique du télétravail dans une perspective de parcours de vie qui permet de structurer les différentes sphères qui constituent la biographie d'un individu (par exemple, la famille, l'éducation, le travail, le logement, etc.) et les événements clés (commencer un nouvel emploi, fonder une famille, un événement dans la carrière du/de la partenaire) qui peuvent conduire au télétravail.
Ce projet s'appuie sur la littérature des mobilities studies et sur les différentes formes de mobilité concernées ici (mobilité résidentielle, multirésidentialité, mobilité quotidienne et temporaire). Il est basé sur une approche mixte qui combine les avantages des méthodes quantitatives (mesurer les tendances, comparer les groupes) et des méthodes qualitatives (comprendre les processus de décision). Une première partie analysera le Microrecensement mobilité et transports ainsi que l'Enquête suisse sur la population active. Nous organiserons ensuite une enquête représentative à l'échelle nationale (n=5 000) pour évaluer les pratiques de mobilité et de télétravail sur une base hebdomadaire et le choix des lieux de résidence et de travail. Enfin, 30 entretiens biographiques aborderont en détail les pratiques de télétravail et de mobilité.
Alors que les différentes formes de télétravail sont en augmentation, on sait très peu de choses - notamment en Suisse - sur leur impact sur le choix du lieu de résidence ainsi que sur la mobilité quotidienne et de loisirs. Le projet apportera des éléments cruciaux et originaux pour une meilleure compréhension du potentiel du télétravail à réguler les pratiques de mobilité.
Hostettler Macias, Laura, Emmanuel Ravalet & Patrick Rérat, 2022. « Potential rebound effects of teleworking on residential and daily mobility ». Geography Compass. https://serval.unil.ch/fr/notice/serval:BIB_E047726DC0D7