La maison natale d’Edmond Gilliard à Fiez
La maison natale d’Edmond Gilliard à Fiez, photographie de Jean Pérusset
fonds Edmond Gilliard, CLSR
Edmond Gilliard est né dans cette maison le 10 octobre 1875 ; il y a passé ses premières années jusqu’en 1883, lorsque la reprise par son père d’une exploitation viticole en Valais a entraîné le déménagement de la famille à Sion. De son propre aveu, l’attachement de l’écrivain à ce domaine du pied du Jura est resté très fort, comme il le relate en 1963 dans ses mémoires, Tout-y-va : « Et Fiez ? Il fallait bien qu’il me tînt. Car combien de fois à Lausanne, pendant les ennuis de la classe, n’ai-je pas redessiné l’image de la maison, en lui prêtant des prétentions de château où ma fantaisie se complaisait ; et, comme poussé par un désir de me faire pardonner l’abandon, en prodiguant des embellissements moyenâgeux du plus mauvais goût… » Gilliard retournera vivre à Fiez pendant la saison d’été à partir de 1943, et jusqu’au moment où la maison devra être vendue. La perte matérielle n’ôtera cependant rien à la force symbolique du lieu, auquel Gilliard rattache sa vocation et son désir d’exprimer le Pays de Vaud, que Fiez incarne à ses yeux : « Pour moi, j’ai dit : j’ai fait de ma maison, et de Fiez, du véhiculaire par l’écriture, comme j’ai fait de ma naissance du viatique portatif… »
La maison d’Épautheyres où Jean-Pierre Monnier a habité
Né dans le Jura bernois, à Saint-Imier, en 1921, Jean-Pierre Monnier a fait sa carrière d’enseignant à Neuchâtel, et c’est dans les alentours qu’il a habité jusqu’en 1979, lorsqu’il a emménagé avec Françoise Quillet, qu’il a épousée en 1975, dans cette demeure d’un village vaudois situé au-dessus d’Yverdon-les-Bains. A l’orée de la soixantaine, Monnier vivra à Epautheyres une des expériences les plus bouleversantes de sa vie : le 3 avril 1981 naît son unique fils, Jean, dont il suivra avec émerveillement les années d’enfance. « Avec lui, si charnellement présent, j’ai le sentiment immédiat d’un bonheur hors du temps. Il y a des moments où je me dis que la mort me sera enfin plus facile », avoue l’écrivain en novembre 1981, dans les notes du « Livre de Jean » parues en 1997. C’est dans cette maison, liée pour lui à un sentiment de renouveau, que Jean-Pierre Monnier est décédé subitement le 29 novembre 1997.
La maison d’Épautheyres où Jean-Pierre Monnier a habité de 1979 à sa mort, photographie de Jean-Luc Giddey, 1993
fonds de la revue « Écriture », CLSR
Le Chalet-de-Brie, au-dessus de Saint-Légier, maison natale de Gustave Roud
Le Chalet-de-Brie, au-dessus de Saint-Légier, maison natale de Gustave Roud, en 1906
fonds Gustave Roud, CLSR
C’est dans ce domaine isolé, pris à ferme par son grand-père auquel son père, Samuel, avait succédé, que Gustave Roud est né le 20 avril 1897. Dans la monographie qu’il a consacrée en 1967 au poète et à son œuvre, Philippe Jaccottet cite des notes manuscrites dans lesquelles Roud revient sur ses premières années : « Avec ma sœur Madeleine (mon aînée de quatre ans), j’ai vécu la plus heureuse des enfances dans cette maison un peu perdue, au centre d’un vaste domaine “en un seul mas”, comme on dit, ce qui en faisait une sorte de petit univers clos. […] Le chemin, du Chalet-de-Brie au village, traversait de vastes étendues de prairies solitaires. C’est sans doute cette promenade quotidienne qui m’a donné le goût de la “marche en plaine” ». La famille quittera le Chalet-de-Brie en 1908 pour s’établir, à Carrouge, dans la ferme du grand-père maternel de Gustave Roud ; dans Requiem, en 1967, le poète évoque encore, sur le mode de la réminiscence émerveillée, la demeure où il a vu le jour : « O maison natale ! Comme une tache de neige la nuit, ses murs luisent doucement derrière un réseau de ramures et d’années, au fond du temps, parmi les vertigineuses prairies de l’enfance. »