Hélène Perrin
Hélène Perrin, photographie de Marcel Imsand
© Photo Élysée
De son vrai nom Liliane Perrin, Hélène Perrin est l’auteur d’une œuvre aussi intense que méconnue. Décrite parfois comme la « Sagan suisse », elle met en scène, dans La Fille du pasteur (1965) et La Route étroite (1967), ses deux romans écrits dans la vingtaine parus chez Gallimard, des jeunes femmes qui se révoltent contre le conformisme de la société bourgeoise. Journaliste, elle n’est revenue au roman qu’à la fin de sa vie, avec Un marié sans importance (1993), nourri de l’expérience de son mariage tardif avec un jeune Albanais du Kosovo. Adossée à un platane qu’on devine immense, elle paraît ici perdue et concentrée à la fois, tout comme la photographie elle-même, dont l’arrière-plan indistinct contraste fortement avec la figure nette de l’écrivain.
Autoportrait photographique de Gustave Roud
Autoportrait photographique de Gustave Roud, fonds G. Roud, CLSR
© Association des Amis de Gustave Roud
Mille neuf cent quinze. Gustave Roud a dix-huit ans, il entame des études de lettres à Lausanne, et vient de publier ses premiers poèmes dans les Cahiers vaudois. Dans sa maison de Carrouge, il se met en scène à sa table de travail, l’air absorbé par la lecture. Plume en main, il semble prêt à écrire sur le papier où repose sa main gauche. Le costume, la lampe, les vases remplis de petits bouquets, la main droite élégamment posée sur le front, tout respire le calme et la concentration de l’étudiant au travail. Pourtant, les ouvrages sagement posés sur la nappe ne sont pas tous au programme. À sa droite, les Œuvres de Rimbaud recueillies au Mercure de France en 1912, avec une préface de Paul Claudel, et au-dessous un Horace latin de 1764. À sa gauche, un exemplaire des Poésies de Mallarmé parues à La NRF en 1914. Ouvert devant lui enfin, Seize à vingt, le premier recueil de Pierre-Louis Matthey que les Cahiers vaudois ont publié dans leur septième livraison, dont on distingue le frontispice, un portrait du poète par Rodolphe-Théophile Bosshard. Sur cette image, Roud se représente en écrivain naissant, au milieu de devanciers proches ou lointains. Le 27 mai 1925, Roud notera dans son Journal : « Un jour quand j’étais collégien, je me rappelle, Pache déplorait que le Pays de Vaud n’eût aucun grand poète : cette pensée me traversa en éclair : ce sera moi. »