Portraits

Hélène Perrin | Autoportrait photographique de Gustave Roud | Pierre-Louis Matthey | Suzanne Delacoste par Jacques Thévoz, 1962 | Autres images
 

Hélène Perrin

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Hélène Perrin, photographie de Marcel Imsand
© Photo Élysée

De son vrai nom Liliane Perrin, Hélène Perrin est l’auteur d’une œuvre aussi intense que méconnue. Décrite parfois comme la « Sagan suisse », elle met en scène, dans La Fille du pasteur (1965) et La Route étroite (1967), ses deux romans écrits dans la vingtaine parus chez Gallimard, des jeunes femmes qui se révoltent contre le conformisme de la société bourgeoise. Journaliste, elle n’est revenue au roman qu’à la fin de sa vie, avec Un marié sans importance (1993), nourri de l’expérience de son mariage tardif avec un jeune Albanais du Kosovo. Adossée à un platane qu’on devine immense, elle paraît ici perdue et concentrée à la fois, tout comme la photographie elle-même, dont l’arrière-plan indistinct contraste fortement avec la figure nette de l’écrivain.

 

Autoportrait photographique de Gustave Roud

crlr-images-portraits-roud-02229.jpgAutoportrait photographique de Gustave Roud, fonds G. Roud, CLSR
© Association des Amis de Gustave Roud

Mille neuf cent quinze. Gustave Roud a dix-huit ans, il entame des études de lettres à Lausanne, et vient de publier ses premiers poèmes dans les Cahiers vaudois. Dans sa maison de Carrouge, il se met en scène à sa table de travail, l’air absorbé par la lecture. Plume en main, il semble prêt à écrire sur le papier où repose sa main gauche. Le costume, la lampe, les vases remplis de petits bouquets, la main droite élégamment posée sur le front, tout respire le calme et la concentration de l’étudiant au travail. Pourtant, les ouvrages sagement posés sur la nappe ne sont pas tous au programme. À sa droite, les Œuvres de Rimbaud recueillies au Mercure de France en 1912, avec une préface de Paul Claudel, et au-dessous un Horace latin de 1764. À sa gauche, un exemplaire des Poésies de Mallarmé parues à La NRF en 1914. Ouvert devant lui enfin, Seize à vingt, le premier recueil de Pierre-Louis Matthey que les Cahiers vaudois ont publié dans leur septième livraison, dont on distingue le frontispice, un portrait du poète par Rodolphe-Théophile Bosshard. Sur cette image, Roud se représente en écrivain naissant, au milieu de devanciers proches ou lointains. Le 27 mai 1925, Roud notera dans son Journal : « Un jour quand j’étais collégien, je me rappelle, Pache déplorait que le Pays de Vaud n’eût aucun grand poète : cette pensée me traversa en éclair : ce sera moi. »

 

Pierre-Louis Matthey

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Pierre-Louis Matthey, fonds Henry-Louis Mermod, CLSR

La silhouette de Pierre-Louis Matthey se détache sur des espaliers qu’on aimerait situer à Avenex près de Nyon, dans les « jardins du père ». Mais cette photographie a été prise vraisemblablement dans le parc de Fantaisie, la maison d’Henry-Louis Mermod, qui a édité l’œuvre du poète à partir de 1941. L’image met en évidence le visage si caractéristique de Matthey, son « beau profil d’oiseau de proie » qui trouverait son origine dans le mariage d’un de ses ancêtres officier du régiment de Meuron avec une Indienne d’Amérique. L’expression altière du visage, la profondeur du regard, rappellent les portraits de jeunesse de l’auteur de Seize à vingt, dont Roud évoquait la « pureté de “jet” » en citant Hölderlin : « Ein Rätsel ist Reinentsprungenes – Enigme, ce qui naît d’un jaillissement pur ! »

Suzanne Delacoste par Jacques Thévoz, 1962

« Sa vie a été un roman, celui d’une femme aux immenses cheveux noirs, au regard profond et sombre, assez courageuse pour rire de tout et pour tenir le coup. » C’est Jean-Pierre MacDonald qui rend ainsi hommage à Suzanne Delacoste, à sa mort en 1963. L’écrivain a publié trois romans dans les années d’après-guerre, laissant plusieurs textes inachevés, dont un roman intitulé « Couleur de sable ». Valaisanne d’origine, elle est née au Brésil où son père était ingénieur, puis a vécu à Lausanne où elle a travaillé comme journaliste à La Nouvelle Revue de Lausanne, commençant par la rubrique « Pile ou face » dans laquelle elle dialogue avec Jean Peitrequin. Dans un de ces billets consacrés aux « femmes qui écrivent », elle note le 15 juillet 1948 : « Je soupçonne les hommes d’être mortifiés de la place minime que nous leur faisons dans nos œuvres immortelles… C’est pourquoi ils nous lisent si peu, en diagonale, en piaffant. »

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Suzanne Delacoste par Jacques Thévoz, 1962 fonds Suzanne Delacoste, CLSR
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