Passeport de François Lachenal, 1945
| Carte d’identité de C. F. Ramuz, 30 juin 1940
| Permis de conduire de Paul Budry
| Badge de journaliste de Mousse Boulanger
| Autres images
« Profession : écrivain. » Combien d’auteurs romands ont pu affirmer de la sorte, sur leurs papiers officiels, leur statut d’écrivain professionnel ? « Homme de lettres », « journaliste », oui, ainsi Budry, Crisinel, Gustave Roud, mais pas « écrivain ». Cette carte d’identité de C. F. Ramuz nous rappelle que le romancier a vécu de sa plume, et ce, non pas en sacrifiant son travail personnel à la rédaction d’articles alimentaires, mais en se consacrant entièrement à l’édification d’une œuvre exigeante et diverse. On relèvera au passage qu’aux yeux des autorités communales de Pully des années 1940, l’écrivain dont le visage est devenu si familier aux Suisses romands ne se distinguait par aucun « signe particulier »…
Le permis de conduire de Paul Budry n’aurait que peu de valeur, s’il n’avait joué un rôle – même anecdotique – dans l’histoire des lettres romandes. En 1926, Budry emmène C. F. Ramuz et le peintre Henry Bischoff dans sa Talbot « à la recherche de la France ». Le but ? Rejoindre Henri Pourrat en Auvergne et, pour Ramuz, étudier la France rurale en vue d’un essai sur la paysannerie qui restera inachevé. Rien que de très banal, dira-t-on, à ceci près que Ramuz le sédentaire ne quittait pour ainsi dire pas le canton de Vaud, hormis pour de courts séjours à Paris. Sans ce permis, Ramuz n’aurait sans doute jamais visité les campagnes françaises depuis la Savoie jusqu’au Massif central.