Scènes d'écriture

Gustave Roud, photographié par Simone Oppliger | C. F. Ramuz à sa table de travail, photographie d’Albert Würgler, 1941 | Jacques Chessex, photographie de Marcel Imsand, 1969 | Autres images
 

Gustave Roud, photographié par Simone Oppliger

crlr-images-scenes-d-ecriture-roud-01786.jpgGustave Roud, photographié par Simone Oppliger, fonds Gustave Roud, CLSR
© Mémoires d’Ici, Centre de recherche et de documentation du Jura bernois, fonds Simone Oppliger

« Les Éditions Payot ont accueilli hier après-midi tout ce que la Suisse romande compte de poètes, de critiques et de lecteurs de poésie, à l’occasion de la sortie de presse du Gustave Roud de Philippe Jaccottet dans collection des “Poètes d’aujourd’hui” ». Ainsi Richard Garzarolli rend-il compte de l’événement dans la Tribune de Lausanne le 10 mars 1968. Roud est au faîte de la reconnaissance en Suisse romande. L’année précédente, on a fêté son septantième anniversaire, et il a reçu le prix de la ville de Lausanne. Tandis que sort son Requiem, peut-être son ouvrage le plus abouti, Jaccottet lui consacre cette monographie qui fixe durablement sa lecture de l’œuvre. En cette fin d’hiver 1968, Roud reçoit décidément « un hommage qu’il est certainement le seul à mériter en ce moment dans ce pays », conclut Garzarolli.

 

 

C. F. Ramuz à sa table de travail, photographie d’Albert Würgler, 1941

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C. F. Ramuz à sa table de travail, 1941, photographie d’Albert Würgler
Archives C. F. Ramuz, Pully

 

L’image est presque légendaire, tant elle a circulé, sous des formes diverses. Ramuz est assis dans son bureau de La Muette, la plume à la main, une cigarette dans l’autre, penché attentivement sur un manuscrit en chantier. La large table est recouverte de lettres, de volumes et de liasses de papier où l’on reconnaît l’écriture régulière de l’écrivain, sa manière si caractéristique de caviarder des lignes entières à l’estompe. L’encrier et le pot de colle complètent la panoplie de celui qui considérait son métier comme relevant de l’artisanat. Ramuz s’est plu à la mise en scène de soi, notamment par de tels portraits photographiques, contribuant à forger l’image d’un écrivain rivé à sa tâche, solitaire et acharné.

 

Jacques Chessex, photographie de Marcel Imsand, 1969

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Jacques Chessex signant des exemplaires de "Portrait des Vaudois", photographie de Marcel Imsand, 1969

Avec cette photographie de Jacques Chessex faisant le service de presse de Portrait des Vaudois, Marcel Imsand a fixé un moment symbolique de la carrière littéraire de l’écrivain. Dans l’ouvrage de 1969, son premier grand succès de vente, Chessex démontre sa capacité à capter l’air du temps, à restituer des comportements, des mentalités, des traits particuliers, tout en affirmant l’intensité de son lien avec le Pays de Vaud. Stylo en main, un coupe-papier posé sur la table de bois sombre, Chessex fait face à des exemplaires de son livre arrangés en piles que l’on imagine ordonnées en catégories : amis, écrivains, critiques, journalistes. « Je fais le portrait des Vaudois », écrit Chessex dans le dernier chapitre de l’ouvrage, où il identifie son pays à son père mort par suicide. Cette image, où le Chessex qui signe ses livres fait face au Chessex de la couverture qui écrit lui aussi, témoigne de la fonction de miroir qu’exerce, pour son auteur, Portrait des Vaudois.

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