Uniformes

Croquis d’Alexandre Cingria | C. F. Ramuz gymnasien, 1895 | Zofingiens sur un char, années 1900 | Autres images
 

Croquis d’Alexandre Cingria

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Croquis d’Alexandre Cingria, sans date, fonds Alexandre Cingria, CLSR

La vie d’Alexandre Cingria a été peuplée de costumes et d’uniformes, depuis les déguisements de son enfance à La Belotte jusqu’aux habits de scène qu’il a conçus pour le Théatre du Jorat, en passant par sa tenue d’officier de l’armée suisse. C’est sans nul doute lors d’un séjour en France, dans les années 1900, qu’il a croqué ce dragon aux pantalons garance. Amoureux de la couleur et de ses vibrations, le peintre-verrier ne pouvait qu’être attentif aux uniformes de l’armée française d’avant 1914, que les conditions du combat moderne se chargeront de rendre moins chamarrés.

C. F. Ramuz gymnasien, 1895

« J’ai eu […] un uniforme dont les collégiens d’aujourd’hui ont perdu sans doute jusqu’au souvenir, avec un pantalon gris de fer, une tunique bleu sombre à boutons dorés, un ceinturon dont la boucle de fermeture, dorée également, était une reproduction de l’écusson cantonal ; et la fanfare avait un plumet blanc et les tambours un plumet rouge. C’était le corps des cadets. Nous avions un fusil et à l’occasion des cartouches (à blanc). Nous étions répartis, comme de vrais soldats, en sections et compagnies. Nous avions même une batterie d’artillerie composée de deux petits canons de bronze qui étaient tirés par les servants. Deux fois par semaine, le mercredi et le samedi, c’est-à-dire les deux seuls après-midi où nous étions libres, on nous menait faire l’exercice sur la place de Beaulieu. À l’aller et au retour, défilé en ville. Les officiers avaient des sabres et des gants de coton blanc. Moi, sans trop savoir comment, ni pourquoi, j’avais fini par devenir sergent : on m’avait donné un sifflet qui était relié à la boutonnière par une passementerie en laine rouge; elle me barrait le haut de la poitrine et me remplissait de fierté. » C’est en ces termes que Ramuz se souvient, dans Découverte du monde, de son appartenance aux cadets lorsqu’il était élève au Gymnase classique cantonal à Lausanne, de 1894 à 1896. Organisé sur le modèle des troupes régulières, le corps des cadets dispensait aux collégiens et aux gymnasiens vaudois une formation de type militaire.

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C. F. Ramuz gymnasien, 1895

Zofingiens sur un char, années 1900

crlr-images-uniformes-zofingue-03356.jpgZofingiens sur un char, années 1900, fonds Paul Budry, CLSR

Juchés sur un char à échelles, portant bottes, sautoirs, casquettes et moustaches, ces joyeux Zofingiens, dont Paul Budry, évoquent l’époque où les étudiants romands, imitant en cela leurs camarades de langue allemande, appartenaient à des sociétés dont la vie animée mêlait festivités, rites initiatiques et camaraderie, et dont le socle était la reproduction sociale. Tout comme C. F. Ramuz, Ernest Ansermet et Benjamin Grivel, Budry était entré à Zofingue, qui réunissait les Vaudois nés dans des familles libérales, souvent membres de l’Église libre.

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