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Volume collectif sous la direction de Christine Le Quellec Cottier et Valérie Cossy (UNIL)
Paru le 18 mai 2022 dans la collection « Bibliothèques francophones » des éditions Classiques-Garnier, Paris.
Toutes les contributions du présent volume sont accessibles en ligne sur le site de l'éditeur.
"Un panorama de diverses productions artistiques et culturelles sur les femmes africaines et afro-descendantes, qui permet d'en révéler les enjeux politiques."
– Florian Alix, Nonfiction
Réunissant trente contributions de chercheuses et chercheurs d’Afrique, d’Europe et d’Amérique du Nord, Africana. Figures de femmes et formes de pouvoir interroge les discours portant sur les représentations de voix féminines subsahariennes et diasporiques. À l’heure où les stéréotypes de genre sont dénoncés au niveau planétaire, il paraît essentiel d’analyser comment s’affirment, se négocient ou s’inventent des façons d’être femme par le biais de la littérature ou de l’histoire, du discours savant ou de la BD, du cinéma ou des arts visuels. La diversité des approches critiques, traversant le temps et l’espace, est enrichie par des entretiens exclusifs avec les écrivaines Djaïli A. Amal, Bessora, Calixthe Beyala et Véronique Tadjo.
Mots clés pour le volume :
Afrique subsaharienne – francophonie – femmes – féminismes – littérature – arts – histoire –
diaspora – intermédialité
– "Tribune" (Émilien Sermier pour le blog du groupe de recherche ACHAC, 22.02.2023)
– "Résistances plurielles des femmes de l’afro-diaspora" (Florian Alix pour la revue Nonfiction. Le quotidien des livres et des idées, 31.08.2022)
– "Écrivaines africaines : la sortie de l'invisibilité" (Isabelle Rüf pour le quotidien Le Temps, 13.08.2022)
– Interview de Christine Le Quellec Cottier par Michel Ndeze (RTS-La 1ère, Vertigo, 27.06.2022)
Christine Le Quellec Cottier et Valérie Cossy, Préface
Première partie
POUVOIR DE DÉNONCER
Déjouer les assignations
Yvette Marie-Edmée Abouga
Dialogues des corps ou l’érotisme au féminin : du mutisme à la parole transgressive dans Volcaniques. Anthologie du plaisir de Léonora Miano
Anthony Mangeon
Ororo, Dora Milaje, Shuri, Onyesonwu : sur quelques figures de femmes puissantes africaines, de l’univers Marvel à la fantasy afro-futuriste contemporaine
Marjolaine Unter Ecker
Pratiques artistiques féminines en Afro-diaspora. Atlantique noir et Afropéa : vers une émancipation des genres ?
Irena Wyss
Renouer le dialogue entre les cultures et intégrer les exclus : femmes et pouvoir chez Léonora Miano
Vincent Simedoh
Corps, jouissance et hétérotopie des possibles chez Ken Bugul, Calixthe Beyala et Sami Tchak
Isabelle Chariatte
Repenser les catégories du féminin dans Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie
Ninon Chavoz
Généalogie d’une exception. Les romans de génération chez Bessora et Namwali Serpell
Bessora, Calixthe Beyala et Véronique Tadjo
Entretien avec trois auteures
Deuxième partie
POUVOIR DE PARTICIPER
Histoire et Fiction
Nicolas Bancel
La Vénus hottentote. Anatomie politique de la fortune d’une dissection (1815-1888)
Eloïse Brière
Lucie Cousturier en Afrique : traverser l’écran colonial androcentriste
Catherine Mazauric
Adame Ba Konaré, une historienne et la question du pouvoir
Émeline Baudet
Quelle vulnérabilité de genre ? Les discours sur le développement face aux fictions d’Emmanuel Dongala
Alice Desquilbet et Charlotte Laure
D’une Kimpa Vita à l’autre. Lectures croisées de la « Jeanne d’Arc du Congo » dans les pièces de Bernard Dadié et Sony Labou Tansi
Anaïs Stampfli
Hommage à la femme noire de Simone Schwarz-Bart. Mise en lumière de plusieurs générations d’héroïnes noires
Valérie Cossy
Présence objective des corpus et processus subjectif de rememory selon Jean-Marie Volet et Margaret Busby
Troisième partie
POUVOIR DE CHOISIR
Performances médiatiques, picturales et cinématographiques
Fatoumata Seck
La sutura dans l’intercase : Goorgoorlou et le travail des femmes
Hanane Raoui
Le phénomène drag king
Benoît Turquety
Otages : des femmes dans l’histoire. À partir de Sembène Ousmane
Coudy Kane
La figure féminine entre l’écrit et l’image chez Fatou Diome et Sembène Ousmane)
Kodjo Adabra
Pouvoir et paradoxe féminins à l’écran d’Ousmane Sembène : cas de Moolaade et de Faat Kiné
Daddy Dibanga
Présences des femmes dans les films documentaires de réalisatrices sénégalaises : En attendant les hommes de Katy Lena Ndiaye et Congo, un médecin pour sauver les femmes d’Angèle Diabang
Lucienne Peiry
Baya Mahieddine, Chaïbia Talal et Seyni Awa Camara. L’émancipation du corps et de l’esprit
Quatrième partie
POUVOIR DE RÉSISTER
Rapports de forces
Xavier Garnier
Les femmes monumentales d’Yvonne Vera. Proposition de lecture écopoétique
Eric Touya de Marenne
Voix politiques, transcendantes et transgressives dans les œuvres de Véronique Tadjo et d’Isabelle Eberhardt
Amandine Herzog-Novoa
Pouvoir de la parole et parole de pouvoir au féminin chez Nicole Cage-Florentiny : « Les fous ne sont pas ceux que l’on croit »
Moussa Sagna
Écriture de soi et expérience fictionnelle chez Fatou Diome : entre auto-thérapie et contestation du pouvoir
Koutchoukalo Tchassim
Femme sujet et femme objet : approche genre et féministe de Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye
Aïssatou Abdoulahi
L’Œuvre de Djaïli Amal : un miroir de la condition de la femme au Nord-Cameroun
Djaïli Amadou Amal
Interview exclusive par Aïssatou Abdoulahi
Christine Le Quellec Cottier
Circulations éditoriales. Enjeux de la réception française du roman de Djaïli Amadou Amal, Les Impatientes
Yvette Marie-Edmée Abouga – Dialogues des corps ou l’érotisme au féminin. Du mutisme à la parole transgressive dans Volcaniques. Anthologie du plaisir de Léonora Miano
Les nouvelles du recueil Volcaniques démontrent le caractère transgressif d’une parole qui se libère lorsque le sujet féminin se charge d’interroger son propre corps. Du déchiffrement de soi émerge l’affirmation d’une individualité comme lieu de pouvoir et de (re)construction identitaire. Sachant que sa sexualité est porteuse d’injonctions normatives, il s’agit de comprendre comment le volume Volcaniques suggère une autre économie du corps et des plaisirs de la femme noire.
Mots clés : Corps féminin, noir, sexualité, transgression, pouvoir
Anthony Mangeon – Ororo, Dora Milaje, Shuri, Onyesonwu : sur quelques figures de femmes puissantes africaines, de l’univers Marvel à la fantasy afrofuturiste contemporaine.
Cet article explore les représentations de « femmes puissantes » africaines dans l’univers des comics et de la science-fiction afro-futuriste contemporaine, depuis leur apparition sous la plume d’auteurs blancs, dans les années soixante-dix, jusqu’à leur traitement esthétique et scénaristique par des nombreux auteurs afro-américains, puis par des artistes ou écrivaines africaines ou afro-descendantes comme les dessinatrices A. Martinez et A. N. Richardson, ou les romancières N. Okorafor et R. Gay.
Mots clés : Comics, science-fiction, femmes, afro-futurisme, Black Panther
Marjolaine Unter Ecker – Pratiques artistiques féminines en Afro-diaspora. Atlantique noir et Afropéa : vers une émancipation des genres ?
Sont étudiées les convergences entre l’Atlantique noir et Afropéa à partir d’un corpus de créatrices afrodescendantes (Anis, Doumbia, Fabienne Kanor et Miano). Les pratiques artistiques inscrites dans ces espaces fondamentalement hybrides ouvrent des possibilités d’émancipation pour les femmes noires qui subissent particulièrement la domination du fait du genre et de la race. Il pose ainsi la question des capacités agissantes du medium artistique vis-à-vis du contexte dans lequel il s’inscrit.
Mots clés : Atlantique noir, Afropéa, intersectionnalité, pratiques artistiques, créations féminines
Irena Wyss – Renouer le dialogue entre les cultures et intégrer les exclus : femmes et pouvoir chez Léonora Miano
Léonora Miano met en scène et en voix nombre de figures féminines que le lecteur retrouve parfois d’un roman à l’autre. Cet article s’attachera à deux d’entre elles : Epupa, qui apparait dans L’Intérieur de la nuit et dans Les Aubes écarlates et Boya, figure centrale de Rouge impératrice. Nous verrons que ces deux personnages, étroitement associés à la notion de pouvoir et d’invention, permettent à l’auteure de poursuivre sa réflexion sur les relations interculturelles et interpersonnelles.
Mots clés : femmes, pouvoir, relations interculturelles, invention
Vincent Simedoh – Corps, jouissance et hétérotopie des possibles chez Ken Bugul, Calixthe Beyala et Sami Tchak
À partir de l’observation de Spivak sur le « double déplacement » subi par les subalternes dans la construction impérialiste, cet article interroge les enjeux de la représentation romanesque du sujet féminin dans la littérature francophone subsaharienne dans les romans de Ken Bugul, de Calixthe Beyala et de Sami Tchak à partir notamment de la notion de transgression et de jouissance selon Bataille et Lacan et du féminisme décolonial de Vergès.
Mots clés : subalternes, corps, Tchak, Beyala, Bugul, transgression
Isabelle Chariatte – Repenser les catégories du féminin dans Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie
À travers son roman Americanah, Adichie retrace les dangers des images réductrices concernant la perception de la femme noire. Elle illustre la complexité des expériences selon les contextes culturels et sociaux tout en suscitant des échos avec les mouvements féministes américains et nigérians. Le féminisme d’Adichie s’affirme comme un élan libérateur et invite à une réflexion libre et authentique sur la question de l’auto-détermination de chaque femme.
Mots clés : Black feminism, sisterhood, auto-détermination, Ch. N. Adichie, racialisation
Ninon Chavoz – Généalogie d’une exception. Les romans de génération chez Bessora et Namwali Serpell
Cet article offre une lecture croisée du premier roman de l’écrivaine d’origine zambienne Namwali Serpell (The Old Drift, 2019) et du cycle de La Dynastie des Boiteux, initié en 2018 par l’auteure suisso-gabonaise Bessora (deux tomes parus à ce jour). En présentant ces œuvres comme des « romans de génération », il s’agit de démontrer en quoi elles élargissent et dévoient le modèle du « récit de filiation » répandu dans la littérature française, conduisant à la mise en valeur de personnages féminins d’exception, situés à la croisée de l’histoire et de la fiction.
Mots clés : Bessora, Namwali Serpell, générations, histoire, science-fiction
Bessora – Entretien avec trois auteures
Bessora grandit entre l'Europe, les Etats-Unis et le Gabon. Après des études à HEC Lausanne et une brève carrière dans la finance, tout en poursuivant une thèse en anthropologie, elle fait le choix de la littérature et publie en 1999 son premier roman 53 cm. Le ton souvent drôle et caustique de ses fictions lui a apporté de nombreux succès internationaux. Sa récente Dynastie des boiteux (2018) remonte le temps d’une histoire familiale, féminine et collective entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. Son dernier roman, Les Orphelins (2021), retrace l'itinéraire de deux jumeaux entre l'Allemagne et l'Afrique du Sud, aux origines de l'apartheid. Elle est présidente du Conseil permanent des écrivains, ainsi que du Syndicat national des auteurs et des compositeurs.
Calixthe Beyala – Entretien avec trois auteures
Née à Douala au Cameroun, elle est l’auteure d’une œuvre fondatrice riche de multiples figures de femmes. Dès la publication de C’est le soleil qui m’a brûlée (1987), elle dévoile un style sans tabou et sans retenue et offre une nouvelle approche sur la femme, toujours au cœur de son écriture. Avec Maman a un amant (1993), Comment cuisiner son mari à l’africaine (2000), Femme nue, femme noire (2003) ou plus récemment Le Christ selon l’Afrique (2014), elle retourne et détourne tout ce que l’on croyait savoir sur le patriarcat, la pudeur, ou la condition des femmes. Engagée dans la société civile, elle vit au Cameroun.
Véronique Tadjo – Entretien avec trois auteures
Née à Paris, d’un père ivoirien et d’une mère française, elle a grandi à Abidjan en Côte d’Ivoire où elle a suivi son cursus scolaire et universitaire jusqu’à la maîtrise. Auteure d’une thèse sur l’acculturation afro-américaine, elle poursuit sa carrière académique en Afrique du Sud et vit désormais à Londres. Elle déploie ses talents en tant que poète, romancière, traductrice, auteure et illustratrice de livres pour la jeunesse. Sa fascinante Reine Pokou (2005) interroge sans complaisance l’histoire ivoirienne, comme L’Ombre d’Imana (2001) ou En compagnie des hommes (2017) celle du continent et Loin de mon père (2010) l'histoire familiale.
Nicolas Bancel – La Vénus hottentote. Anatomie politique de la fortune d’une dissection (1815-1888)
La Vénus hottentote, baptisée sous le nom de Saartjie Baartman, est une esclave originaire d’Afrique du Sud. Cet article porte sur le discours scientifique consacré au XIXe siècle à délimiter les frontières physiologiques de la « race hottentote », ainsi qu’à résoudre l’énigme de la parenté hypothétique des grands singes avec l’homme : Saartjie Baartman illustrerait le chaînon manquant et son apparence physique corrobore les théories alors en vogue sur l’hyper-sexualité des « sauvages ».
Mots-clés : Vénus hottentote, anthropologie raciale, racisme, spectacles ethniques, Cuvier
Eloïse Brière – Lucie Cousturier en Afrique : traverser l’écran colonial androcentriste
En 1921, pour la première fois, le ministère des Colonies envoie en mission une femme pour étudier la femme africaine. Lucie Cousturier entreprend alors un long voyage en Afrique occidentale française afin de s’informer sur la place des femmes dans la société africaine. Pendant dix mois elle rencontre des femmes du Sénégal, de la Guinée, et du Soudan (actuel Mali). Sa mission, toutefois, reposait sur un malentendu et les conclusions de son rapport sont jugées dangereuses pour l’ordre colonial.
Mots clés : Lucie Cousturier, AOF, femme africaine, mission coloniale, 1920
Catherine Mazauric – Adame Ba Konaré, une historienne et la question du pouvoir
Historienne, enseignante-chercheure, Adame Ba Konaré a côtoyé le pouvoir politique en tant que « Première Dame » du Mali durant la présidence (1992-2002) de son époux A. O. Konaré. Elle problématise la question du pouvoir entre histoire érudite et populaire, sources écrites et orales, sciences humaines et littérature. Le clair-obscur de la régie des instances énonciatives participe d’une stratégie composite visant à promouvoir une puissance alternative à l’exercice rugueux du pouvoir.
Mots clés : femmes, griots, histoire, Mali, puissance d’agir
Émeline Baudet – Quelle vulnérabilité de genre ? Les discours sur le développement face aux fictions d’Emmanuel Dongala
Cet article interroge les discours portés sur les femmes africaines par les institutions de développement, tels que repris dans les romans Photo de groupe au bord du fleuve et Johnny chien méchant d’Emmanuel Dongala. Les héroïnes y contestent ces discours, ainsi que les moyens mis en œuvre pour leur conférer pouvoir et autonomie, dès lors que ces derniers sont imposés par des instances extérieures et dominantes, au nom de leur prétendue « vulnérabilité de genre ».
Mots clés : littérature africaine, Dongala, vulnérabilité, agency, institutions de développement
Alice Desquilbet & Charlotte Laure – D’une Kimpa Vita à l’autre. Lectures croisées de la « Jeanne d’Arc du Congo » dans les pièces de Barnard Dadié et Sony Labou Tansi
Béatrice du Congo – alias Kimpa Vita – est une prophétesse chrétienne congolaise ayant lutté contre la colonisation portugaise, avant de périr sur un bûcher en 1706, personnage éponyme des pièces de théâtre de l’Ivoirien Bernard Dadié et du Congolais Sony Labou Tansi. Cet article porte sur les ressources de la forme théâtrale lorsqu’elle donne la parole à cette figure historique. En représentant l’action politique et révolutionnaire de cette guerrière martyre, ces deux écrivains masculins reconduisent-ils des stéréotypes de genre ou les détournent-ils ?
Mots clés : Béatrice du Congo-Kimpa Vita, colonisation, théâtre, B. Dadié, S. L. Tansi
Anaïs Stampfli – Hommage à la femme noire de Simone Schwarz-Bart. Mise en lumière de plusieurs générations d’héroïnes noires
Cet article étudie Hommage à la femme noire d’André et Simone Schwarz-Bart. Il s’agit ici de revenir sur la genèse de ce projet encyclopédique et d’étudier les moyens mis en œuvre pour restituer l’histoire de femmes noires de la préhistoire aux années 1980. Nous reviendrons sur le choix de mêler récits fictifs et historiques. Ce choix a fait l’objet de critiques mais il est assumé par le couple Schwarz-Bart qui propose une vision poétique et vivante des femmes ainsi mises en valeur.
Mots clés : André et Simone Schwarz-Bart – intersectionnalité – témoignages – légendes – traduction
Valérie Cossy – Présence objective des corpus et processus subjectif de rememory selon Jean-Marie Volet et Margaret Busby
À partir de la bibliothèque de littérature francophone féminine subsahariennes constituée par Jean-Marie Volet, cet article interroge le tournant épistémologique qui a marqué l’étude de la littérature et des sciences humaines à la fin du XXe siècle. Cette collection est mise en perspective grâce à une comparaison avec les anthologies de Margaret Busby parues en 1992 et 2019. La démarche de l’un et de l’autre est éclairée par les commentaires de Toni Morrison sur son roman Beloved (1987).
Mots clés : histoire littéraire, histoire, fiction, Afrique, anthologie, femme, gender
Fatoumata Seck – La sutura dans l’intercase : Goorgoorlou et le travail des femmes
Au Sénégal, les politiques d’ajustement structurel ont influencé les rapports de pouvoir entre les sexes. Nous examinons l’ambivalence des portraits des femmes dans les planches de la BD d’A. Mendy, Goorgoorlou, qui met en scène le défi quotidien des ménages en proie à cet ajustement. Le concept de sutura (discrétion), comme instrument heuristique, permet d’analyser comment les stratégies féminines sont présentées, autant dans l’expérience de lecture que dans le sens et le contenu des histoires.
Mots clés : femmes, économie, sutura, intercase, Sénégal
Hanane Raoui – Le phénomène drag king
Cet article met en lumière des femmes originaires de pays subsahariens qui performent la masculinité et s’auto-façonnent une image fictionnelle dans l’entre-deux des identités genrées, manière de faire voler en éclats les stéréotypes fondés sur le sexe, suggérant que l’homme est supérieur à la femme. Il s’agit de montrer qu’au-delà d’un simple déguisement, l’identification à la masculinité représente pour ces femmes drag kings une double expression de contrainte et de libération.
Mots clés : drag kings, performance, gender, Afrique subsaharienne, libération
Benoît Turquety – Otages : des femmes dans l’histoire. À partir de Sembène Ousmane
Emitaï (1971) et Ceddo (1977) constituent une sorte de diptyque au sein de l’œuvre filmée de Sembène Ousmane : un village y est confronté à une transition historique majeure, assiégé par une force extérieure face à laquelle il s’agit de décider s’il faut ou non résister. La violence passe par la prise en otage du féminin. Cet article étudie comment, à partir de ce principe commun, les deux films adoptent des schémas opposés, Sembène opérant une critique radicale de la figure de la femme otage de la société patriarcale, et l’incarnant en des femmes qui, seules ou ensemble, ne cessent de la déborder.
Mots clés : Sembène Ousmane, Emitaï, Ceddo, cinéma, féminisme, colonialisme
Coudy Kane – La figure féminine entre l’écrit et l’image chez Fatou Diome et Sembène Ousmane
Les figures féminines créées par Diome et Sembène oscillent entre « la prise en compte de l’émancipation des femmes réelles et des fantasmes misogynes ». Face à ces contradictions, une représentation réaliste, au cinéma, restaure à la femme sa quotidienneté souvent passée sous silence, alors que l’éloge de sa perfection est décrié par les écrivaines. Cet article porte sur la manière dont le cinéma et la littérature proposent de dépasser la simple dénonciation de l’oppression.
Mots clés : femme, quotidienneté, autonomie, Fatou Diome, Sembène Ousmane
Kodjo Adabra – Pouvoir et paradoxe féminins à l’écran d’Ousmane Sembène : les cas de Moolaade et de Faat Kiné
À travers Moolaade et Faat Kiné, Ousmane Sembène critique l’ordre patriarcal et défend l’émancipation des femmes africaines. Dans cette contribution, notre analyse, par une nuance non superfétatoire, va au-delà du vraisemblable qui permet de non seulement glorifier le féminisme de Sembène mais aussi de remettre en cause l’acte paternaliste intrinsèque à l’approche négo-féministe du réalisateur, paradoxe que nous démontrons dans la construction du pouvoir féminin chez les héroïnes Kiné et Collé.
Mots clés : négo-féminisme, émancipation, patriarcat, cinéma africain, Sembène
Daddy Dibinga – Présence des femmes dans les films documentaires de réalisatrices sénégalaises : En attendant les hommes de Katy Lena Ndiaye et Congo, un médecin pour sauver les femmes d’Angèle Diabang
À partir de l’analyse comparative des films En attentant les hommes et Congo, un médecin pour sauver les femmes, réalisés par deux Sénégalaises (Kati Lena Ndiaye et Angèle Diabang), il s’agit de montrer comment, avec l’aide du média et du contact avec les réalisatrices, les femmes interviewées passent d’une situation d’enfermement à une situation « ouverte » que la caméra et le discours manifestent.
Mots clés : Angèle Diabang, Katy Lena Ndiaye, cinéma, documentaire, réalisatrices
Lucienne Peiry – Baya Mahieddine, Chaïbia Talal et Seyni Awa Camara. L’émancipation du corps et de l’esprit
Illettrées et d’origine humble, l’Algérienne Baya (1931-1998), la Marocaine Chaïbia (1929-2004) et la Sénégalaise Seyni Awa Camara (1945) trouvent dans la création artistique une forme d’émancipation et de résistance puissante, tout en laissant s’épanouir une inventivité esthétique et plastique saisissante. Donnant libre cours à leurs impulsions créatrices, elles s’attachent tout particulièrement à la représentation de la figure féminine dans leurs peintures et leurs sculptures.
Mots clés : Baya, Chaïbia, Awa Camara, Art brut, résistance, inventivité
Xavier Garnier – Les femmes monumentales d’Yvonne Vera. Proposition de lecture écopoétique
L’écriture de la romancière zimbabwéenne Yvonne Vera passe par un rapport concret aux lieux pour dire les grandes violences historiques qui ont traversé l’Afrique australe. Le récit de ce qui arrive à leurs corps permet de dire la façon dont elles portent l’histoire du pays et lui donnent une voix. Les femmes, chez Yvonne Vera, sont monumentales parce que leurs corps blessés, atrocement mutilés, restent debout et se découpent dans le ciel comme de grandes silhouettes rocheuses qui parlent au monde.
Mots clés : écopoétique, Yvonne Vera, lieux, femmes, corps
Eric Touya de Marenne – Voix politiques, transcendantes et transgressives dans les œuvres de Véronique Tadjo et Isabelle Eberhardt
À travers leur expérience d’écoute, les deux auteures reconfigurent leur subjectivité, et proposent une dimension transcendantale, en tant que « priorité morale superlative de l’autre personne » (Levinas). Leur interprétation de la voix de l’autre a également des implications politiques dans la mesure où elle est transgressive. Pour développer cet argument, nous explorerons la pensée de Homi Bhabha, Paul Ricœur, et Martha Nussbaum.
Mots clés : transgression, transcendance, altérité, écoute, voix
Amandine Herzog-Novoa – Pouvoir de la parole et parole de pouvoir au féminin chez Nicole Cage-Florentiny : « les fous ne sont pas ceux qu’on croit »
Dans le roman C’est vole que je vole de N. Cage-Florentiny, trois stratégies déconstruisent des stéréotypes féminins et dénoncent le patriarcat : d’abord le pouvoir de la parole en tant que vecteur contestataire, perceptible autant par des allégories que le trouble mental de Malaïka, puis le processus métanarratif qui traverse le récit. Celui-ci incarne, selon nous, la catharsis de la narratrice malade, grâce au procédé d’écriture dévoilé au lecteur, troisième stratégie à l’œuvre.
Mots clés : Nicole Cage-Florentiny, Martinique, maladie mentale, stéréotypes, contestation
Moussa Sagna – Écriture de soi et expérience fictionnelle chez Fatou Diome : entre auto-thérapie et contestation du pouvoir
L’œuvre romanesque de Fatou Diome est souvent réduite à la question de l’émigration. Cette lecture semble être influencée par l’incapacité de l’auteure à choisir sa « véritable » patrie entre Niodior et Strasbourg. Pourtant, une autre lecture permettrait de constater qu’à l’intérieur des récits, Fatou Diome dénonce le masochisme des insulaires de son village. Aussi sera-t-il question d’analyser comment l’écriture de soi a abouti, chez elle, à une contestation du pouvoir des hommes de Niodior.
Mots clés : Fatou Diome, écriture de soi, contestation, féminisme, traumatisme
Koutchoukalo Tchassim – Femme sujet et femme objet : approche genre et féministe de Trois femmes puissantes de Marie Ndiaye
Il s’agira de qualifier les représentations des trois héroïnes des récits de Trois femmes puissantes par Marie Ndiaye. L’analyse sociocritique du roman permet de considérer les trois personnages (Norah, Fanta et Khady Demba) comme simultanément présentés en tant qu’objets et sujets. Les figures féminines subissant les dérives autoritaires et mesquines des hommes, mais développent leur propre résistance. Leur négo-féminisme est partie prenant de leur statut de « femmes puissantes ».
Mots clés : femmes, Marie Ndiaye, sujet, objet, féminisme, genre
Aïssatou Abdoulahi – L’Œuvre de Djaïli Amal : un miroir de la condition de la femme au Nord-Cameroun
Ancrée dans le contexte sahélien camerounais et reflet des mentalités de cette aire, l’œuvre de Djaïli met en lumière le difficile destin de la femme, compromis par les rigueurs socioculturelles et ce, à travers la polygamie, les violences conjugales et parentales. Il est question dans le cadre de cet article de voir comment ces romans reflètent la condition de la Sahélienne grâce aux outils de la sociopoétique, approche qui accorde une place de choix aux représentations sociales.
Mots clés : Djaïli A. Amal, femme, Pulaaku, Nord-Cameroun, sociopoétique
Djaïli Amadou Amal – Interview exclusive par Aissatou Abdoulahi
Ch. Le Quellec Cottier – Circulations éditoriales. Enjeux de la réception française du roman de Djaïli Amadou Amal, Les Impatientes
Nous envisageons la diffusion d’œuvres littéraires depuis Afrique, avec le cas récent du roman de Djaïli A. Amal, Les Impatientes, lauréat 2020 du Prix Goncourt des Lycéens, qui a paru au Cameroun en 2017 sous le titre Munyal, les larmes de la patience. La comparaison des deux versions dément la motivation culturelle donnée par l’éditrice française de la transformation du texte, tout en confortant la « fabrication » par le centre d’une « vraie littérature d’Afrique ».
Mots clés : circulations éditoriales, D. A. Amal, Les Impatientes, Munyal, Éditions Emmanuelle Collas
Le film réalisé par la Bibliothèque Cantonale et Universitaire de Lausanne à l’occasion de l’exposition Africana de l’été 2020 permet d’écouter le Professeur Jean-Marie Volet, chercheur à l’université Western Australia, qui a légué sa bibliothèque et ses archives consacrées à la littérature féminine d’Afrique à l’institution lausannoise.
Ce geste magnifique a permis l’arrivée de 3500 volumes, en donnant une ampleur nouvelle au fonds déjà existant et en favorisant le développement des « études africaines » en Faculté des Lettres.
Plaquette Africana exposition.pdf (29317 Ko)