Collaborateur·trice·s impliqué·e·s : Marc Atallah, Myriam Boller, Marcel Burger, Laura Delaloye Saillen, François Demont, Samuel Estier, Jean Kaempfer, Dominique Kunz Westerhoff, Christine Le Quellec Cottier, Daniel Maggetti, Rudolf Mahrer, Jérôme Meizoz, Stéphane Petermann, Antonio Rodriguez, Daniel Seixas Oliveira, Emilien Sermier, Gaspard Turin, Mathilde Zbaeren, Joël Zufferey.
Synthèse
La Section de français se distingue en Suisse occidentale par une attention importante accordée à la littérature contemporaine, tant sur les domaine du roman, de la poésie françaises et francophones que sur la science-fiction. Lancé par le prof. Jean Kaempfer au tournant des années 2000, le séminaire sur le «contemporain» est donné chaque semestre d'automne pour un public de master et de formation continue (enseignants du secondaire) par les professeurs Jérôme Meizoz et Antonio Rodriguez. Il aborde des corpus récents (de 1980 à nos jours) et propose des conférences de spécialistes (A. Gefen, G. Sapiro, L. Demanze) ainsi que des rencontres publiques avec des auteurs contemporains (P. Bergounioux, A. Ernaux, P. Assouline, M.-H. Lafon, C. Laurens, M. De Kerangal). Ce séminaire suscite de nombreux mémoires de master et a contribué à définir des projets de thèse en cours.
D’autres enseignements, notamment au niveau Bachelor (analyse de texte, histoire littéraire), contribuent à la visibilité académique des corpus contemporains. Ils témoignent de la vivacité de cette recherche régulièrement alimentée par des enseignants-chercheurs de la Section (tels Gaspard Turin, Antonin Wiser).
Plusieurs colloques organisés par la Section portent régulièrement sur le contemporain (journée d’étude sur Marie-Hélène Lafon en 2011; colloque international consacré à Michel Houellebecq en 2016). S’y ajoutent les publications de la collection Archipel avec plusieurs mémoires consacrés au contemporain; numéro collectif sur M.-H Lafon dirigé par Jean Kaempfer, les numéros de revue (numéro d’Europe sur Antoine Emaz, mars 2015, dirigé par Antonio Rodriguez), la publications de documents (Jours fastes, correspondance C. Bille-M. Chappaz, éd. Zoé, 2016, dirigée par Jérôme Meizoz) ainsi que des articles parus dans les revues (Etudes de lettres, a contrario…). Outre le domaine en langue française, ces recherches se concentrent également sur les littératures africaines subsahariennes (Christine Le Quellec-Cottier) et la science-fiction (Marc Atallah).
Sur le roman contemporain, Jérôme Meizoz a particulièrement mis l’accent sur « l’œil sociologue » (Slatkine, 2004) appliqué à la la littérature. Il y développe notamment une réflexion sur la « posture d’auteur » (Slatkine, 2007 et 2011).
Sur la poésie contemporaine, les travaux se concentrent surtout sur la notion de « réseau Poésie » à partir des théories « ANT » sociologiques, économiques et esthétiques, notamment de Bruno Latour et Michel Callon. Le site poesieromande.ch, le festival Printemps de la poésie ainsi que le projet de « Vallée lyrique » (2019) participent à une réflexion sur l’Acteur-Réseau, menée en parallèle par Antonio Rodriguez et la professeure Stéphanie Missonier (HEC-Lausanne). Cette perspective vise également à mieux comprendre le rôle de l’Université comme macro-acteur d’un domaine littéraire et culturel.
Sur la littérature francophone subsaharienne, la réflexion se construit autour du pôle Histoire et Fiction, en privilégiant une relecture de cette histoire littéraire construite dès sa naissance, au début du XXe siècle, sur le modèle français. Les enseignements et les recherches proposent une alternative fondée sur une pragmatique impliquant les voix en présence dans les récits ; ce projet permet de (re)tisser un lien entre une production littéraire née en réaction à la contrainte coloniale mais qui, dans notre monde globalisé, ne s’associe plus à une telle ontologie. Les travaux privilégient des démarches transnationales (selon les propositions de Ch. MacDonald et S. Suleiman dans French Global) et interdisciplinaires, avec l’histoire (F. Hartog, M. de Certeau), l’anthropologie (Ph. Descola, M. Augier) et la philosophie (P. Ricœur).
Sur la science-fiction et les littératures conjecturales, les recherches s’articulent autour d’un partenariat fort avec les collections du musée de la Maison d’Ailleurs (130'000 objets en lien avec les genres conjecturaux, depuis le XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui) et avec le Numerik Games Festival, où se sont plutôt les mouvements contemporains qui sont inspectés (cyberpunk, post-cyberpunk, création littéraire avec le « Prix de l’Ailleurs »). Les enseignements de Marc Atallah interrogent la narrativisation des utopies technocapitalistes, autant aux niveaux esthétique, philosophique qu’historique ; les perspectives adoptées peuvent se concentrer sur un auteur, un sous-genre de la science-fiction ou les liens tissés avec d’autres genres connexes (utopie, dystopie, voyages imaginaires). La science-fiction permet également de mettre en lumière certains enjeux cruciaux de notre contemporanéité, tant philosophiques que littéraires. De nombreux auteurs français rattachés à ce genre, tels Alain Damasio ou Pierre Bordage, interrogent ainsi la notion de communauté, entendue comme une forme sociale fondée avant tout sur la sensibilité à autrui et l’éthique de la considération. La thèse de doctorat de Colin Pahlisch est consacrée à cette question.
Les études du contemporain croisent plusieurs autres pôles de recherches développés par la Section de français. S'y ajoutent en effet:
- Les enseignements, recherches, éditions et médiations culturelles développés dans le domaine de la poésie (lien vers pôle poésie moderne et contemporaine);
- Les travaux d'édition et de médiation culturelle conduits au Centre des littératures en Suisse romande autour des auteurs contemporains actifs en Suisse francophone;
- Les enseignements, recherches, éditions et travaux de médiation culturelle menés par le Pôle pour les études africaines de la Faculté des Lettres sur la littérature francophone africaine;
- Les recherches, enseignements et travaux de médiation culturelle réalisés dans la branche "Science et littérature" du Collège des Humanités à l'EPFL, autour de l'imaginaire scientifique contemporain (dystopie, science-fiction, représentations culturelles de la robotique et de l'hybridation cybernétique), en lien avec les activités et les expositions de la Maison d'Ailleurs. La Section de français est partenaire du Prix de l'Ailleurs qui décerne chaque année des prix de création littéraire en lien avec la science-fiction et autres genres de l'imaginaire.
Médiations
Parmi les activités liées à l’étude du contemporain, certaines relèvent de la médiation culturelle :
- Maison d’Ailleurs, musée de la science-fiction, de l'utopie et des voyages extraordinaires. Ses expositions impliquent des liens étroits avec l’UNIL, des réflexions scientifiques sur la science-fiction adressées à un large public.
- Avec plus de 100 institutions-partenaires, le festival « Printemps de la poésie » fondé par Antonio Rodriguez et propulsé par l’Université de Lausanne est devenu un lieu fédérateur des pratiques et des événements en poésie contemporaine.
- Le Pôle pour les Etudes africaines de la faculté des Lettres de l’Unil PEALL est une plateforme qui met en réseau les programmes d’enseignement, les colloques, activités culturelles et invitations touchant au domaine interdisciplinaire des Etudes africaines en Suisse romande.
- La Convention signée avec L’Espace Held, à Ecublens, permet l’organisation d’événements au sein de cette Fondation qui habrite une collection exceptionnelle d’art africain.
- Le partenariat avec le Salon africain qui se tient chaque année durant le Salon du Livre de Genève est l’occasion de rencontres et tables rondes entre étudiants, chercheurs et écrivains.
Atelier de création
Parallèlement à la critique, la recherche sur la littérature contemporaine propose un atelier pratique d’écriture littéraire (sur des corpus contemporains), donné par Jérôme Meizoz au semestre de printemps (réservé au MA).