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Le XXIe siècle, déjà désigné comme le siècle du numérique, a le pouvoir de rendre le besoin de l’immédiat à porter de mains. Cet immédiat que l’on considère acquis et logique de nos jours, a-t-il une valeur ? Peut-on s’en passer ? Cette (r)évolution qui nous donne une puissance aux limites sans cesse repoussées peut-elle être la solution ? Grâce à une approche pluridisciplinaire du thème de l’environnement et du numérique, ce cycle de conférence de 2020 a pour objectif de mieux comprendre le paradoxe du numérique. Un outil permettant une transition rapide mais ô combien énergivore et source de conflits dans un monde où le mot « environnement » prend davantage de sens en ces temps qui courent.
Le Big Data, un grand mot devenu générique pour définir ce qui nous échappe, nos données ! Au cours de cette présentation nous essaierons de comprendre d’où viennent-elle, à quoi servent-elles, et que représentent-elles dans le siècle du numérique. Pour cela, nous allons d’abord vous dévoiler le potentiel que peut offrir le Big Data afin d’améliorer ou de mieux entreprendre le monde de demain.
Par la suite, à l’heure où le changement climatique est dans la conscience de tous, nous discuterons sur l’impact que peuvent avoir internet et ces données. En effet, ce nouvel outil si puissant, n’est-il pas finalement le plus calorifique dans l’aire du XXIe siècle ?
Les développements numériques concernent tous les domaines, y compris la biologie, et notamment la biogéographie, science qui étudie la distribution géographique des organismes vivants.
Dans cette présentation, je montrerai comment, au cours des trois dernières décennies, l’informatique et les big data ont révolutionné à la fois nos connaissances sur les organismes et leur distribution spatiale, mais aussi notre capacité à les modéliser et anticiper les changements futurs, notamment sous l’influence des changements climatiques et d’utilisation des terres. Je poursuivrai en montrant comment ces simulations biogéographiques ont contribuées de façon majeur aux rapports des groupes intergouvernementaux sur le climat (GIEC) et sur la biodiversité (IPBES).
Et je terminerai avec des perspectives futures, montrant que, s’il est important que la science puisse continuer à progresser grâce au numérique, cela ne doit pas nous empêcher d’agir au plus vite sur les principales causes de dégradation des écosystèmes et de la biodiversité.
Dans cet exposé, une présentation des faiblesses de la stratégie suisse numérique afin d’esquisser une réflexion sur les risques d’une fuite en avant non maîtrisée dans le tout-numérique et la complexité. En particulier, les risques de l’hyperconnectivité résultant de la 5G et le coût environnemental seront discutés. La société numérique consomme de plus en plus d'énergie et de matières premières. Elle connaît un taux de croissance de 9 à 10% par année (doublement tous les 7 à 8 ans) devenant ainsi un puissant accélérateur du changement climatique. Une vue des nouvelles vulnérabilités sera discutée et un plan d’action sera proposé.
Où en est le numérique ? Présenté ici comme le sauveur de la planète (smartcities, agriculture connectée etc.) il est aussi mis en cause ailleurs pour ses consommations croissantes. Comment faire la part des choses ?
La conférence reviendra sur les principaux enjeux : matière, énergie, toxique, déploiement de "l'économie numérique", depuis les années 1990 et même peut-être un peu avant, attitude des principaux acteurs, exploration des trajectoires à venir, positionnement des grandes idées politiques sur le sujet, des théories, ainsi André Gorz et les espoirs placés dans "l'immatériel", cette "technologie carrefour" - ou le concept illichien de "monopole radical". Il apparaitra qu'une position technocritique est plus que jamais nécessaire.
Le numérique est un univers, avec sa mythologie et sa rhétorique propre: il est infini, illimité, tant dans le temps que dans l’espace. Partant de ce présupposé et en tant que chercheurs en sciences de l’Antiquité, nous questionnerons cet espace virtuel où tout semble possible, où la mémoire et le patrimoine culturels sont dématérialisés et le stockage illimité, alors que les ressources ne le sont pas.
Ces problématiques sont à la base des réflexions de #ASAnumerica, un groupe transdisciplinaire qui interroge les pratiques du numérique au sein de l’archéologie, de l’histoire ancienne et de la philologie grecque et latine à l’Université de Lausanne. Gardiens de la mémoire culturelle du passé, nous soulignerons les liens entre les approches numériques dans nos disciplines et aborderons la question des ressources numériques et naturelles, dont l’exploitation génère des déchets. Dès lors, le numérique est un environnement ni distant ni distinct de l’environnement naturel. C’est pourquoi nous aborderons une approche écologique du numérique et plaiderons pour son utilisation raisonnée, sobre et éthique.
#ASAnumerica est né en 2019 de la rencontre entre trois chercheurs de l’Institut d’archéologie et des sciences de l’antiquité de l’Univerité de Lausanne (ASA).
Leurs recherches vont de la modélisation 3D du temple de Baalshamîn à Palmyre (Dr Patrick M. Michel, chargé de recherches ASA), à la visualisation en réseau des inscriptions versifiées dans le monde romain (Dylan Bovet, assistant diplômé ASA) en passant par l’édition numérique d’un manuscrit byzantin de l’Iliade (Ariane Jambé, doctorante FNS).
Leur collaboration a mis en lumière des méthodes, des pratiques et des réflexions communes autour des nouvelles technologies dans le domaine des sciences de l’Antiquité. #ASAnumerica est attentif à considérer les nouvelles technologies avec un regard critique, aiguisé par les sciences humaines. C’est dans cette optique, qu’il développe une approche qui peut être appelée une « écologie numérique ».
Depuis le début des années 2000, le problème public que constituent les "déchets d'équipements électriques et électroniques" (DEEE ou e-waste en anglais) s'est construit avant tout sur l'idée d'un dumping environnemental, qui consiste à souligner que les pays riches se débarrassent d'objets indésirables en les envoyant dans les pays pauvres, où ceux-ci causent des dommages considérables aux populations locales en polluant l'environnement dont elles dépendent pour leur bien-être et leur survie.
Dans sa présentation, le Dr Yvan Schulz reviendra sur les origines de ce discours dominant sur le DEEE, en se basant avant tout sur le cas de la République populaire de Chine. Il montrera en quoi il est indispensable de dépasser ce discours, afin de comprendre les flux matériels transnationaux, les mécanismes du commerce international et la matérialité des DEEE dans toute leur complexité. En parallèle, le Dr Schulz illustrera également certaines des façons dont ce discours a été instrumentalisé, en Chine et ailleurs, à des fins autres que rétablir une certaine justice au niveau mondial.
Alliées ou ennemies, la transition énergétique et la transition numérique ? La première option a des allures d’évidence. La dématérialisation n’est-elle pas économe en kilomètres de transport et en matières premières ? Ne peut-on, grâce à des outils « intelligents », régler au mieux nos consommations de chauffage ou d’électricité ? Le papier ne s’efface-t-il pas derrière les données stockées sur un cloud ?
Ce serait oublier la dimension énergivore des infrastructures matérielles nécessaires à cet enveloppement numérique de nos vies : réseaux, centres de stockage, utilisation de métaux rares, obsolescence rapide, etc. sans compter tous ces « besoins » de consommation créés par les possibilités numériques : baskets ou frigos connectés, trottinettes en libre-service, etc.
Alors, face à l’urgence climatique, que faire ? Revenir en arrière ? En détaillant les atouts et les écueils de nombreuses pistes (smart cities, voitures connectées, champs numériques, industries 4.0…), Eric Vidalenc nous invite plutôt à « remettre le numérique à sa place » : celle qui pourra nous apporter un mieux-être réel et davantage d’autonomie dans un monde plus juste et plus sobre.