... Il serait peut-être temps pour les sciences sociales et naturelles à oublier ce qui les sépare et à commencer à chercher conjointement ces « choses » dont la nature hybride les unifie déjà dans la pratique depuis de nombreuses décennies, ... (trad. de Bruno Latour, 1999, British Journal of Sociology)
Thématique
En 2013, nous sommes entrés dans une nouvelle décennie de la science hydrologique: "Panta Rhei - tout coule", visant à interpréter les processus qui régissent le cycle de l'eau en se concentrant sur leurs dynamiques dans le cadre de l'évolution rapide des systèmes humains. Au centre de Panta Rhei est l’idée que l'eau et la société ont évolué ensemble, et que, expliquer une sans comprendre l'autre, est susceptible d'être impossible. Du point de vue de la science de l'eau, il semble pertinent de considérer que la crise de l'eau actuelle est bien plus qu’une crise liée à la qualité physique, biologique et chimique de l’eau. D'autre part, les sciences sociales ont depuis longtemps reconnu et étudié la coévolution de l'eau et de la société, ainsi que le rôle de cette dernière dans les crises de l'eau. Donc, les objectifs du séminaire interfacultaire en environnement 2014 sont :
d’aborder la crise de l’eau dans une perspective scientifique à la fois naturelle et humaine ;
de réfléchir sur les approches qui peuvent mener à une utilisation de l’eau qui est plus sensible à la fois à nos besoins et sa disponibilité ;
de considérer et de critiquer cette notion de la "socio-hydrologie" comme convenu dans la nouvelle décennie hydrologique.
A perspective on recent developments and theoretical advances for modelling environmental change
Prof. Alberto Montanari, Université technique de Bologne, Italie
6 mars 2014
Suite à des problèmes techniques, la piste audio de cette captation n'est pas toujours présente pendant les 20 premières minutes de la conférence. Nous la mettons néanmoins à votre disposition dans l'espérance que vous pourrez la trouver utile. Veuillez nous excuser pour ce désagrément.
Abstract
Hydrological change is one of the most importante research issues in modern hydrology. The emergence of unprecedented patterns in water related environmental processes has been reported in several recent contributions, thus pointing out how relevant changes are affecting the fundamental hydrological dynamics. Water plays a central role for societal systems and therefore any change affecting water security, and water related risks in general, is a matter of concern for society. However, hydrological change is still "a well known unknown". On the one hand, humans are well aware that environmental systems are continuously changing. On the other hand, natural variability and the associated change are poorly known. As a matter of fact, a systematic theoretical framework for dealing with hydrological change is still lacking.
The awareness of the above research challanges is the reason why the International Association of Hydrological Sciences has decided to focus on "Change in hydrology and Society" during the scientific decade 2013-2022, by launching the Pantha Rhei research initiative. To address the challanges of societal and environmental change and deepen the knowledge of in-beteen hydrological systems, Pantha Rhei aims to promote frontier scientific research with a joint effort of the worldwide hydrologic community.
This talk will focus on ideas for the development of a theoretical framework to support the interpretation of modelling of hydrological change, therefore contributing to Pantha Rhei targets. An overview of the foremost available approaches to deal with hydrological change will be presented to better clarify how to
comprehend the changing behavior of hydrological systems,
improve our capability to support hydrological design,
and finally provide a satisfactory reply to the urgent societal issues related to water and environmental risks.
Reference
Site internet d'Alberto Montanari, sur lequel vous trouverez la présentation PowerPoint de sa conférence du 6 mars. Dans cette présentation figurent notamment quelques références bibliographiques en lien avec son sujet du jour.
How to make decisions about future water when there is still so much what we don't know
Prof. Keith Beven, Lancaster University, UK & Uppsalla University, Sweden
10 mars 2014
Abstract
There are many different studies in many different countries in which future projections of climate change have been used as inputs to hydrological models as a way of estimating the future hydrological impacts of change. This is being funded and done to inform decision making about how society should react to future change. But the future climate projections are uncertain and do not provide good reproduction of precipitation for the historical control period, nor of the last decade. And the hydrological models are uncertain.
It follows that the "evidence" might not be robust and the evidence might therefore have an effect on what decision is made. There are risk based decision making frameworks available but they generally require that the probabilities be considered complete, and that the loss function can be quantified. The epistemic nature of many of the sources of uncertainty in this approach suggests however that a consideration of the investment required to protect against a given level of change might be a more realistic approach that does not depend on climate projections. How much to invest then becomes as a political decision as to how risk averse (or accepting) a society (government) wants to be.
La gestion des cours d'eau entre environnement, social et économie, le mariage impossible
Jean-François Rubin, Maison de la rivière, Morges
13 mars 2014
Résumé
Aujourd'hui en Suisse, la pression sur les cours d'eau est de plus en grande: canalisation, pollution, production d'électricité, etc. Ces impacts sont encore amplifiés par le réchauffement climatique. La faune et la flore aquatique souffrent de cette situation et certaines espèces sont en danger. Pourtant des solutions existent. Comment allier protection de l'environnement, impacts économiques et activités sociales, c'est tout l'enjeu de la gestion des milieux aquatiques qui nous attend en lien avec le développement durable.
Adaptation de la ressource aux besoins sociétaux ou adaptation des besoins à la ressource disponible: que choisir et que faire ?
Prof. André Musy, EPFL, Suisse
20 mars 2014
Résumé
Points principaux qui seront abordés: définition de la ressource; évolution de la ressource (au niveau temporel, qualitatif) ; nouvelle ressource (eaux usées, eaux dépollués, eaux salée et saumâtre); évolution des besoins (sociétaux – domestiques, agricole, industriel,…) et leur évolution (temporel et spatiaux); adéquation possible selon les régions, selon les types de besoins, selon les cultures, solutions alternatives: eau virtuelle , consommation raisonnée et adaptée.
Référence
André MUSY, Christophe HIGY et Emmanuel REYNARD Hydrologie : une science de la nature, une gestion sociétale
Water and participation: how should we integrate people into hydrology
Prof. Stuart Lane, Université de Lausanne, Suisse
3 avril 2014
Le droit à l'eau : une exigence humanitaire
Prof. Bernard Drobenko, Université du Littoral, France
17 avril 2014
Le propos visera à présenter en quoi il y a nécessité de répondre à un besoin humain fondamental : le droit à l’eau. Sur la planète, tous les jours meurent des milliers de personnes qui ne disposent pas d’eau potable pour survivre et qui subissent les effets de l’absence d’équipements d’assainissement. Souvent les crises écologiques avec l’impact du changement climatique privent les populations de tout accès à l’eau ; elle se double d’une crise humanitaire avec l’impossibilité de pouvoir satisfaire les besoins fondamentaux.
Le droit à l’eau doit être compris comme la nécessité de disposer de suffisamment d’eau potable pour répondre aux besoins fondamentaux et d’un équipement pour récupérer les eaux usées. Le droit à l’eau, intégré à certaines conventions internationales sectorielles a été reconnu en 2010 par l’Assemblée Générale des Nations Unies, puis confirmé. Il doit désormais devenir une réalité. Au-delà de cette reconnaissance universelle certains Etats ont reconnu le droit à l’eau. Les sociétés doivent le mettre en œuvre dans les plus brefs délais : comment fournir à chaque être humain gratuitement une quantité d’eau pour répondre aux besoins fondamentaux et lui assurer un équipement garantissant l’hygiène et l’intimité ? Un droit opposable, un droit dont la méconnaissance sera sanctionnée. Quels moyens ? Il apparaît que la question des moyens exigés est surmontable, elle dépend de la seule volonté politique.
Références
Ouvrage en ligne Publication sous la direction de B. Drobenko
Vertigo éditeur novembre 2010 La gestion intégrée des zones côtières : risques et responsabilités
Ouvrage en ligne Publication sous la direction de B. Drobenko
Vertigo éditeur décembre 2013 Les territoires de GIZC : rénover la vision intégrée de la mer et du littoral
Mémento Droit de l’urbanisme
Gualino/LGDJ/Montchrétien octobre 2003, 8° Ed. octobre 2013
B. Drobenko, Mémento Droit de l’eau
Lextenso/Gualino 1° Ed. 2008 / Réedition en cours Johanet 2014
B. Drobenko, L’essentiel du droit de l’eau
Lextenso/Gualino 2° Ed. 2013
B. Drobenko et J. Sironneau, Code de l’eau
Editions Johanet 3° Ed. en cours mars 2013
B. Drobenko, Le droit à l’eau : une urgence humanitaire
Ed. Johanet novembre 2010, 2° Ed. juin 2012
Gestion de l'eau en milieu urbain, outils et défis pour Genève
Christophe Higy, Directeur Général, Direction générale de l’eau, Etat de Genève, Suisse
1er mai 2014
Résumé
Genève est un canton aux multiples facettes de par sa petite taille et sa diversité géographique. De par sa position géographique à l’extrémité du Léman, la confluence en milieu urbain du Rhône et de l’Arve, son urbanisation et sa composante transfrontalière importante, Genève doit faire face à d’importants défis en matière de gestion des eaux. Cette présentation abordera les principaux défis en terme de gestion des ressources en eau face auxquels Genève se doit de répondre pour garantir la sécurité des biens et des personnes vivant sur son territoire que ce soit concernant les changements climatiques, ou le maintien de la qualité environnementale des cours d’eau. On y présentera aussi les principaux outils de gestion mis en oeuvre, en particulier en matière de gestion transfrontalière des eaux.
The hydrologic cycle and the hydrosocial cycle
Prof. Jamie Linton, Queens University, Canada & University Paris-Ouest, France
8 mai 2014
Abstract
This presentation considers how different ways of understanding the relation between water and human society have been reflected in different concepts of the circulation of water from the 1930s to the present in English-language hydrological and geographical literature. In 1931, the modern concept of the hydrologic cycle was introduced as a framework for the hydrological sciences in the United States by the American hydrologist Robert E. Horton. Originally conceived as representing a purely "natural" (i.e. non-social) process, the hydrologic cycle quickly spread in scientific, administrative and popular discourse. Scientific and cultural developments in the post-war years – especially the growing concerns for the human impact on the natural environment – gave rise to new ways of conceptualizing and representing the hydrologic cycle, so as to accommodate and reflect anthropogenic influences on the quality and flow of water in the hydrosphere.
While integrating water and society, these concepts and representations reflected a rigid distinction and separation between nature and society, characteristic of modernity. As this distinction has weakened in more recent years, new concepts and representations of the hydro-social dynamic have appeared that reflect new ways of understanding this relationship. The presentation concludes with a discussion of the “hydrosocial cycle”, a concept that has been developed by the author and other critical geographers as a way of representing and analyzing the political and social dimensions of water.
References
Linton, J. (2008). "Is the Hydrologic Cycle Sustainable? A historical-geographical critique of a modern concept." Annals of the Association of American Geographers 98(3): 630-649.
Linton, J. (2010). What is Water ? The History of a Modern Abstraction. Vancouver, British Columbia, UBC Press.
Linton, J. (2014). "Modern Water and its Discontents." WIREs Water 1: 111-120.
Linton, J. and J. Budds (in press). "The hydrosocial cycle: Defining and mobilizing a relational-dialectical approach to water." Geoforum.
Changement climatique: quelle influence pour les systèmes hydriques en Suisse ?
Martine Rebetez, climatologue, Institut fédéral de recherche WSL & Université de Neuchâtel
15 mai 2014
Résumé
L’augmentation globale des températures entraîne des modifications climatiques à large échelle. Le réchauffement touche aussi les cours d’eau et les océans. Les précipitations changent de manière significative, comme l’altitude de la neige.
En Suisse, si l’on observe nettement des modifications saisonnières et des modifications des valeurs extrêmes, on distingue peu d’augmentation ou de diminution de la somme des précipitations annuelles. Les différences sont et ont toujours été très importantes d’une année à l’autre. La part des extrêmes, dans les précipitations, a en revanche déjà changé de manière significative.
L’augmentation des températures, et donc de l’altitude de la neige, est susceptible d’accroître la portée des événements de fortes précipitations et l’augmentation des températures constitue également un facteur d’augmentation des situations de sécheresse.
Le lien entre les fortes précipitations et les inondations n’est pas forcément direct car il dépend pour une grande part des aménagements humains, de la végétation, de l’état du lit des cours d’eau et des pentes. Aujourd’hui, les questions de sécurité rejoignent ainsi les préoccupations des pêcheurs, celles des biologistes et des protecteurs de la nature.
Références
Rebetez M, 2011. La Suisse se réchauffe. PPUR – Le Savoir Suisse, Lausanne, 144 pages
Rebetez M, 2006: Helvetien im Treibhaus. Haupt Verlag, CH Wissen, 151 Seiten
Rebetez M, 2009: Le Alpi sotto serra. Casagrande, Bellinzona, 128 pages
Serquet G, Marty C, Rebetez M, 2013. Monthly trends ands the corresponding altitudinal shift in the snowfall/precipitation day ration, Theor. Appl. Climatol. 114:437-444
Rebetez M., Dupont O., Giroud M., 2009. An analysis of the July 2006 heatwave extent in Europe compared to the record year of 2003. Theor. Appl. Clim. 95: 1-7
Rebetez M., Reinhard M., 2008. Monthly air temperature trends in Switzerland 1901–2000 and 1975–2004. Theor. Appl. Climatol. 91: 27–34
Rebetez M, Mayer H, Dupont O, Schindler D, Gartner K, Kropp J, Menzel A., 2006. Heat and drought 2003 in Europe : a climate synthesis. Ann. For. Sci. 63: 569–577
Reinhard M., Rebetez M., Schlaepfer R., 2005. Recent Climate Change: Rethinking Drought in the Context of Forest Fire Research in Ticino, South of Switzerland, Theor. Appl. Clim. 82: 17-25
Rebetez M., 2004. Summer 2003 maximum and minimum daily temperatures over a 3300 m altitudinal range in the Alps, Clim. Res. 27:45-50
Anthropological Dimensions of Hydrology : water rights, indigenous values and the "common good" in New Zealand
Prof. Veronica Strang, Durham University, UK
22 mai 2014
Abstract
Through the sale of hydroelectric and water company shares, trading schemes and the physical control of freshwater supplies, there is continual acceleration worldwide in the privatization of water resources. Key opponents to the social and material enclosure of this ‘common good’ are indigenous communities who, having had their land and water appropriated by colonial societies, are now seeing these subjected to further economic colonization, exploitation and ecological degradation, often by transnational corporations with little or no local social or environmental accountability. Indigenous protests about the imposed redirection of hydrological flows are not merely attempts to assert prior rights of ownership and managerial responsibility. They are also a critique of dualistic Western notions of Culture and Nature and of ideologies and practices oriented towards unlimited growth which, they say, conflict with their integrated worldviews, and their more sustainable and reciprocal relations with place.
This paper focuses particularly on a recent case brought by the Māori Council against the Crown in New Zealand. As well as initiating a lively national discussion about water rights and ownership, the case articulated inter-cultural dialogues which resonate with wider national and international debates about environmental values and ways of understanding human relationships with water.