Conservateur de minéralogie et pétrographie
Minéralogiste et conservateur de musée
C'est de ma plus tendre enfance que remonte l'attrait pour les cristaux. Un grand-père collectionnant quelques géodes d'améthyste ramenées d'un voyage au Maroc, puis plus tard, en jouant dans les montagnes du Val d'Illiez, la découverte de quelques bien modestes cristaux de calcite et de quartz. Tant de bijoux aux yeux d'un petit garçon...Cependant, il y a eu un petit plus : la chance d'avoir eu des parents amoureux de la nature. Que d'innombrables promenades et de découvertes de la merveilleuse Helvétie. Que d'observations et de comparaisons des composantes de la nature. Des règnes animal, végétal et minéral, j'ai choisi le dernier, certainement le plus mystérieux car le plus éloigné des êtres vivants que nous sommes.
Les raisons du choix
D'abord l'immortalité, la pérennité du monde minéral à l'échelle humaine. Puis la perfection des formes : dans la nature, seuls les cristaux offrent des formes rectilignes et géométriquement parfaites. Et enfin la couleur, souvent éclatante et qui contrairement aux fleurs, ne disparaît pas.Toujours fidèle à la beauté et à la poésie des cristaux, j'ai entrepris en 1984 des études universitaires en géologie avec une spécialisation en minéralogie dès 1988. Ce cursus universitaire s'est couronné par une thèse de doctorat en 2003, effectuée parallèlement à mon travail de conservateur de minéralogie au Musée de géologie, poste que j'occupe depuis 1990.
Certes, le domaine scientifique se distingue par sa rigueur extrême. Ainsi, le beau minéral finement cristallisé aux couleurs chatoyantes est impitoyablement analysé puis classifié par les minéralogistes et cristallographes. La beauté s'estompe aux yeux du scientifique, elle devient formule chimique, groupe d'espace, témoignage de l'histoire de la Terre : en somme un objet quantifié de manière rigoriste.
Débordé, puis noyé par la science ? Je le refuse, si un minéralogiste, qui plus est conservateur de musée, ne sait plus voir la beauté réelle des cristaux qu'il étudie ou qu'il présente au public d'un musée, mais s'extasie devant des colonnades de chiffres ou se perd dans des interprétations fumeuses et sans fond, alors il perd pied face à la réalité. Un minéral est naturellement beau et il mérite tout le respect dévolu à un maître du temps.