L’espace et le temps constituent deux dimensions majeures et étroitement liées de l’organisation de notre vie quotidienne. Les villes sont une dérivée du temps. Elles en gardent les traces. Multiples, les temporalités urbaines sont à la fois celles des villes elles-mêmes dans leur matérialité et celles des hommes qui les habitent. Les sociétés urbaines contemporaines se glissent dans une enveloppe de formes bâties dont elles ont hérité une large part. Mais elles procèdent en permanence à une réactualisation de ces formes anciennes et à une mise au présent de leurs fonctions, de leurs usages et de leurs significations. Cette reconstruction temporelle de la ville agit non seulement sur l’habitabilité de la ville mais aussi sur la qualité de notre temps.
Concevoir la ville c’est la préparer à habiter notre temps, les usages que nous en faisons. L’urbanisme peut-il contribuer à mieux formaliser dans le temps les aspirations et les attentes des citadins ? Quels projets pour mieux maîtriser les rythmes de la ville, harmoniser nos temporalités éclatées, libérer du temps ? Comment prendre en compte les rythmes dans l’observation et l’aménagement pour construire une « rythmanalyse », dont Henry Lefebvre avait bien mesuré les enjeux ? Comment concevoir concrètement un urbanisme des temps ?
À travers ce numéro consacré au thème du temps et de l’urbanisme, Urbia propose d’aborder frontalement ces questions. Il s’appuie sur une dizaine de communications présentées lors de la 10ème Rencontre franco-suisse des urbanistes, intitulée « Concevoir la ville pour vivre le temps », », organisée le 5 juillet 2013 à Lausanne en partenariat par la section romande de la Fédération Suisse des Urbanistes, l’association française Urbanistes des Territoires et l’Institut de Géographie et Durabilité de l’Université de Lausanne.