L'histoire urbain a gardé la mémoire des liens qui relient la ville, la santé et l'urbanisme. En Europe, au 19ème siècle, l'urbanisme naissant s'est développé en réponse aux effets de l'habitat insalubre et de mauvaise qualité. Au 20ème siècle les postulats sanitaires hygiénistes ont orienté la recherche urbanistique du Mouvement moderne faisant de la tabula rasa le premier jalon de l'invention d'un nouveau tissu urbain moderne en rupture radicale avec la ville historique héritée.
A l'ère de l'urbain généralisé, les problèmes posés par la mobilité automobile, l'accélération du métabolisme des ressources matérielles, la pollution de l'eau, de l'air, du sol, par la toxicité des matériaux, etc., constituent à nouveau des défis majeurs. Mais la « peste » la plus terrible est peut-être celle qui ne divulgue pas ses traits. L'accélération des rythmes de vie, les situations de stress et de carence temporelle, autant que notre vie urbaine sédentaire nous tuent à petit feu. Bouleversant notre regard sur le corps, l'origine de la maladie et les moyens de la soigner, de la santé publique, et l'environnement urbain, le 20ème siècle a aussi transformé notre regard sur l'urbanisme. Désormais, l'interdisciplinarité mais aussi la transversalité de l'action collective s'imposent pour aborder les enjeux complexes de l'interaction entre la qualité de l'environnement urbain et l'état de santé des citadins.
Les textes publiés dans ce numéro d'Urbia, à l'initiative du groupe Métasanté, réunissent des réflexions croisées, menées par des urbanistes et des médecins, des architectes, des ingénieurs et des géographes, autour des ces enjeux contemporains. Ils visent à améliorer modestement la compréhension du rôle de la qualité des espaces urbains dans le domaine de la santé afin de favoriser la mise en œuvre de politiques et de programmes permettant d'installer la qualité architecturale, la qualité des espaces publics, mais aussi l'entretien de soi et la préservation de la santé au cœur des politiques d'urbanisme.