De Hippodamos de Milet à Vitruve, de la Cité idéale de Platon à l’Utopie de Thomas More, des principes d’Alberti à la Cité-jardin de Howard, de l’idéal hygiéniste de Richardson ou à celui de la Cité radieuse du Corbusier, de Broadacre City au New urbanism, de la cité végétale de Schuiten à la cité idéale durable du futur, la ville a toujours été au cœur de l’imaginaire utopique.
Au fil des deux derniers siècles, les urbanistes ont cru parfois pouvoir résoudre les problèmes de la vie collective en créant des formes urbaines parfaites, radieuses, libérées de toute contrainte par la raison technique, justes ou simplement pleinement efficaces et rigoureusement organisées dans leurs zonages fonctionnels. Aujourd’hui, les ambitions semblent plus modestes, mais davantage ouvertes à la demande et aux aspirations des usagers. L’utopie universelle, parfois piètrement réduite à la norme dans son passage au réel, cède la place au débat face aux différents choix qui s’offrent aux sociétés. C’est certain, l’urbanisme n’a pas terminé sa mue. Les métamorphoses de la ville contemporaine mettent les urbanistes toujours en demeure de proposer de nouvelles idées, de nouvelles images, et d’inventer de nouvelles pratiques ouvrant vers la production d’un espace différent, emblème d’une société différente.
Structurée autour de la relation entre l’utopie, l’imaginaire et le projet urbain, cette 19ème édition des Cahiers du développement urbain durable assume une grande diversité des problématiques entre les contributions qui la composent. La succession des différents articles a été organisée en essayant d’enrichir la problématique dans un axe temporel qui confronte utopies et dystopies, mais aussi visions intemporelles, anticipations fictionnelles et démarches expérientielles de la production urbaine.