En automne 2005, j’ai commencé un Bachelor en Lettres à l’UNIL en français moderne et en histoire et esthétique du cinéma ; j’ai ensuite remplacé le français par le journalisme à Neuchâtel. J’ai malheureusement subi un échec définitif dans ce cursus en 2009. J’ai décidé de reprendre mes études de Bachelor avec UniDistance en langue et littérature françaises. Le programme était assuré par l’Université de Dijon. J’ai obtenu mon diplôme de Licence en Lettres en juillet 2013.
J’avais toujours l’histoire de l’art dans un coin de ma tête et j’ai décidé de m’inscrire au Master en Lettres de l’UNIL, sachant qu’il y avait une spécialisation autour de l’art suisse. Mais comme je n’avais pas de formation dans la discipline, j’ai dû réaliser un programme de mise à niveau préalable avant mon admission en Master.
Au cours de ce programme, durant lequel je suivais des cours de niveau bachelor en histoire de l’art, je me suis rendu compte que j’étais davantage attirée par le patrimoine suisse et l’architecture locale. Les œuvres d’art présentées dans les musées me passionnaient moins que les objets du quotidien avec leur capacité de raconter la vie et la société du passé. J’ai donc finalement choisi de m’inscrire au programme de spécialisation « Les arts et la Suisse » en plus de mon Master monodisciplinaire en histoire de l'art.
J’ai eu la chance de participer, dans le cadre de plusieurs séminaires, à l’inventaire du château de la Sarraz, dirigé par le prof. Dave Lüthi. J’ai beaucoup apprécié l’aspect pratique de cet enseignement : on sélectionnait des objets par rapport à une thématique précise ; puis on les inventoriait, les décrivait, les photographiait ; on établissait des liens entre eux ; on est parvenu à établir des généalogies. Cela a renforcé mon goût pour les objets fonctionnels, pour l’étude concrète de la réalité matérielle du passé. Cette expérience m’a permis de travailler comme guide puis comme chargée d’inventaire au château de la Sarraz.
Le programme de spécialisation « Les arts et la Suisse » m’a offert l’occasion de me familiariser avec le milieu professionnel de l’étude du patrimoine. Pour ma spécialisation, j’ai réalisé un stage de recherche sur une maison de Cully qui a appartenu à l’architecte Pierre Margot. Le stage m’a été proposé par Dave Lüthi, lui-même ayant été sollicité par le conservateur des monuments historiques, qui souhaitait qu’une étude historique soit réalisée sur cette maison.
Il faut souligner le rôle central de Dave Lüthi pour l’intégration des étudiant·e·s au milieu des spécialistes du patrimoine du Canton de Vaud. Grâce à ses nombreux contacts, Dave Lüthi met en relation les étudiant·e·s avec les professionnels du domaine. Il leur offre la possibilité d’écrire des articles dans la revue Monuments vaudois ou de contribuer aux volumes de la collection « Architecture de poche » de la Société d’histoire de l'art en Suisse. Il s’efforce, dans son enseignement, de garantir un lien entre la théorie et la pratique.
Pour mon stage, j’ai exploré les archives de Pierre Margot qui avaient été conservées par ses filles ; j’ai visité la maison avec elles, j’ai pris des photos, et j’ai retracé toutes les transformations réalisées sur le bâtiment par l’architecte. La maison remonte au XVIIe siècle et se situe dans le noyau historique de Cully, dans une parcelle d’origine médiévale. Pierre Margot est un personnage à part dans le milieu de la restauration des monuments. Il s’est lancé dans ce domaine en solitaire et ne s’est jamais conformé aux principes du service des monuments historiques du Canton de Vaud, qui a été créé à la fin des années 60 alors que sa carrière était déjà bien entamée. Il a fait œuvre de pionnier, mais s’est toujours comporté en franc-tireur. Le stage m’a mise sur la voie du mémoire, que j’ai consacré à la figure de Pierre Margot.
À la fin de mon Master, j’ai rejoint l’Association romande des historien·ne·s de l’art monumental (ARHAM). À l’occasion de l’AG où j’ai été acceptée, j’ai organisé une visite de la maison de Pierre Margot. Au contact des membres de l’association et grâce aux encouragements de Dave Lüthi, j’ai décidé de me lancer comme indépendante. On m’a très vite proposé un mandat sur les restaurations de Pierre Margot réalisés sur la Maison du prieur à Romainmôtier dans les années 1960. J’ai rendu aux architectes mandatés pour de futures rénovations un rapport sur les transformations apportées à la maison, le tout parallèlement à la fin de mes études. Le projet de restauration est malheureusement suspendu, mais mon expertise a permis une compréhension plus fine de l’histoire du bâtiment.
Pour être rémunérée par rapport à ce travail, je devais posséder le statut d’indépendante. Je me suis fait aider pour les démarches administratives par Catherine Schmutz, conservatrice au château de Nyon, indépendante depuis des années. Il fallait simplement que je m’affilie à une caisse AVS en prouvant que j’avais des mandats ou des promesses de mandats.