Territoires

Les recherches du CIRM concernent les territoires de montagne, en particulier les Alpes. Afin de pouvoir croiser les résultats obtenus par des recherches diverses, trois territoires sont étudiés plus en détail: les Alpes valaisannes, les Alpes vaudoises et le Jura vaudois.
 
Ces trois territoires mettent en interface des environnements de haute / moyenne montagne et de plaine, ruraux / urbains dans deux cantons différents, avec des défis de développement spécifiques et complexes.
 
Une part importante de l’activité du CIRM a lieu sur le site de Sion de l’UNIL.
 
 

Alpes vaudoises

Ce périmètre comprend les Alpes et Préalpes vaudoises (district d'Aigle et partie du district Riviera Pays-d'Enhaut située à l'est de la Veveyse). Il correspond au territoire du projet Rechalp, sans inclure Lavaux.

Le but de cette rubrique est de fournir aux personnes intéressées à travailler dans ce périmètre des descriptions thématiques générales. Ces différents descriptifs sur les milieux et domaines d’études des Alpes vaudoises peuvent être copiés et utilisés sans aucune restriction en indiquant la source  « © UNIL, projet Rechalp et CIRM ».

Climatologie

La région des Alpes vaudoises a une superficie d’environ 700 km2 avec des altitudes comprises entre 372 mètres (Lac Léman) et 3210 mètres (sommet des Diablerets). De par sa situation, cette région est exposé aux afflux d’air humide d’Ouest à Nord, comme l’ensemble du versant Nord des Alpes, ce qui lui confère un climat humide et frais, comparativement à celui observé à l’intérieur de la chaîne des Alpes plus abrité et ensoleillé comme le Valais central.

Les températures moyennes annuelles calculées pour la période 1981-2010 avoisinent 10 à 11°C au bord du lac Léman et dans la vallée du Rhône dans le Chablais, 3°C à 2'000 m/mer et -3°C à 3'000 m/mer. Les températures moyennes mensuelles oscillent entre 1.5°C pour le mois le plus froid (janvier) et 20°C pour le mois le plus chaud (juillet) en plaine. Elles varient entre -8.5°C et +4°C à haute altitude à 3'000 m/mer. Sur les plus hauts sommets des Alpes vaudoises le permafrost est présent toute l’année. Les fonds de vallée peuvent favoriser des accumulations d’air froid qui influencent les températures moyennes, surtout en saison froide.

La pluviométrie varie aussi fortement en fonction de la topographie régionale et locale dans les Alpes vaudoises. Il tombe ainsi en moyenne 1000 à 1300 mm de précipitations par année selon les endroits au bord du lac Léman et dans la vallée du Rhône dans le Chablais, alors qu’elles avoisinent 2400 mm par an sur les sommets exposés à 3'000 m/mer. Le régime pluviométrique est de type semi-continental avec des précipitations en moyenne plus élevées en saison chaude (orages). (Rédigé en collaboration avec le Prof. Jean-Michel Fallot)

Economie

Les Alpes vaudoises font partie d'un territoire cantonal qui contribue à hauteur de 8% à la production totale suisse. Bénéficiant depuis longtemps du pouvoir d'attraction sur les touristes étrangers et également suisses, l'économie des Alpes vaudoises repose en grande partie sur les activités liées directement ou indirectement au tourisme. Les défis s'accumulent cependant depuis quelques années, plus particulièrement avec la force du franc, même si les Alpes vaudoises s'en sortent mieux que d'autres régions montagneuses, grâce au tourisme d'affaires et de congrès très présent dans la région lémanique. (Rédigé en collaboration avec le Prof. Délia Nilles)

Faune

La région des Alpes vaudoises a une superficie d’environ 700 km2, comprenant les districts du Pays d’Enhaut, d’Aigle et une partie de la Riviera. Tous les étages de végétation (collinéen, montagnard, subalpin, alpin et nival) sont représentés dans les Alpes vaudoises où le gradient d’altitude varie entre 372 mètres (rives du Léman) et 3210 mètres (sommet des Diablerets).

Une faune très variée et diversifiée se partage les différents étages de végétation. La façon dont les espèces sont réparties le long du gradient altitudinal est directement associée aux habitats qu’elles peuvent occuper. Par exemple, pour vivre à des altitudes élevées, les espèces ont besoin d’une grande tolérance physiologique au froid. En plaine par contre, les espèces doivent pouvoir supporter la compétition avec les nombreuses autres espèces présentes. Les facteurs qui peuvent affecter la façon dont la biodiversité est répartie le long de gradients environnementaux sont 1) le climat (ex: la température, qui détermine la quantité d’énergie disponible), 2) les facteurs spatiaux, comme la taille de l’aire d’étude, 3) l’histoire évolutive des espèces et 4) les processus biotiques, comme la compétition ou le mutualisme entre espèces.

Un grand nombre d’espèces d’insectes (1974), d’arthropodes (34), de mollusques (166), d’amphibiens (15), de reptiles (14), de mammifères (64), et de poissons (26) ont été observées dans les Alpes vaudoises. Les espèces les plus emblématiques sont la salamandre noire présente dans le Vallon de Nant, l’aigle royale qui survole les plus hauts sommets, le lynx, la vipère péliade, ou encore le machaon et l’apollon (papillon) (source Centre Suisse de Cartographie de la Faune).

En 2014, 153 espèces d’oiseaux ont été observées dans les Alpes vaudoises (dont 142 nicheuses). Les espèces les plus fréquentes des forêts de conifères sont, entre autres, l'accenteur mouchet, la mésange noire, la mésange huppée, le roitelet huppé, la grive musicienne, la grive draine, le merle à plastron et le venturon montagnard. D'autres espèces typiques des régions montagneuses y sont présentes, telles que le tétras lyre, la perdrix bartavelle, le pic tridactyle et la bergeronnette des ruisseaux. Des oiseaux des hautes Alpes telles que le pipit spioncelle, l'accenteur alpin, le chocard à bec jaune et la niverolle alpine comptent également parmi les espèces nicheuses de cette zone. Dans la région des Grangettes (grande importance ornithologique) qui est la zone humide de nidification la plus importante du Lac Léman. Le grèbe huppé, le milan noir et le pic vert font partie des 68 espèces qui y nichent. Cette zone est un site de nidification important pour le loriot d’Europe, le rossignol philomèle et les rousseroles effarvattes (source Vogelwärte & Birdlife)(Rédigé en collaboration avec Jean-Nicolas Pradervand).

Géologie

Plusieurs grandes unités tectoniques sont présentes dans les Alpes vaudoises. Une partie de la Riviera aux alentours de Vevey et de Montreux se trouve dans la Molasse Subalpine. Plus au sud-ouest, deux gros ensembles se partagent le reste des Alpes vaudoises: les nappes des Préalpes et les nappes helvétiques. Ces grands ensembles peuvent à leur tour être subdivisés en plusieurs nappes. Pour les Préalpes, il faut mentionner : les nappes des Préalpes médianes plastiques et rigides, les nappes du Niesen, de la Simme, de la Brèche, du Gurnigel, la zone submédiane ainsi qu’une partie des nappes Ultrahelvétiques. Les nappes de Morcles, des Diablerets, du Wildhorn (Mt-Gond et Sublage) ainsi que les nappes Ultrahelvétiques se rattachent, elles, à l’ensemble helvétique. La région est également recouverte de dépôts du Quaternaire, entre autres dans la plaine du Rhône où les dépôts alluviaux peuvent être particulièrement épais. (Rédigé en collaboration avec le Prof. Jean-Luc Epard)

Géomorphologie

La géomorphologie des Alpes vaudoises est fortement conditionnée par la géologie locale, et présente une très riche diversité, liée à la diversité des types de roches et de styles tectoniques des différentes nappes. Dans les Préalpes, les versants sont souvent raides et végétalisés. Là où se trouvent des calcaires massifs, les parois sont souvent bien développées. Dans ces secteurs les cônes et les voiles d’éboulis sont légion. De très nombreux glissements de terrain affectent les versants de flyschs (ex. La Frasse) ou les versants morainiques. Dans les nappes alpines (Helvétique) se développent de très hauts versants alternant parois et vires.

L’humidité du climat des Alpes vaudoises maintient une ligne de névé relativement basse, ce qui explique la présence de plusieurs petits glaciers dans les versants Nord de la chaîne Dent de Morcles – Grand Muveran – Diablerets. Le retrait de ces glaciers depuis la fin du Petit Age Glaciaire a mis à jour de vastes champs proglaciaires délimités par des moraines localement bien conservées (glacier des Martinets, Plan Névé). Les extensions passées des glaciers locaux se matérialisent par de vastes étendues de couverture morainique du Würm et du Tardiglacaire, ainsi que par de nombreux cordons morainiques tardiglaciaires particulièrement bien conservés dans les massifs préalpins (haute Veveyse, Hongrin, col des Mosses, vallées de l'Etivaz, la Forclaz).

Les formes périglaciaires actives comme les glaciers rocheux sont peu nombreuses du fait des altitudes modérées et de la présence à relativement basse altitude des glaciers. Par contre la région compte plusieurs glaciers rocheux fossiles de grande dimension, comme par exemple dans le flanc nord-ouest du Mont d’Or ou autour de la Gummfluh.

La torrentialité est très active là où les pentes sont fortes et la charge sédimentaire importante. Les vallées de l'Etivaz, le versant sud du massif des Diablerets (Anzeindaz) et le vallon de Nant sont les secteurs où ce phénomène est le plus actif. On peut y observer de volumineux cônes de déjection. Ailleurs, les formes d’accumulation fluviatile sont généralement restreintes car les vallées sont le plus souvent très encaissées.

Les formes karstiques sont particulièrement bien développées autour de la Tour de Famelon, avec la présence d’une vaste étendue de lapiés. Des karsts particuliers sont observés dans les gypses de la Zone des Cols (cols de la Croix, du Pillon, Krinnenpass) et de la Zone submédiane (La Lécherette). (Rédigé en collaboration avec le Dr. Christophe Lambiel et le Prof. Philippe Schoeneich)

Hydrologie

L’hydrologie des Alpes vaudoises est déterminée par : (1) leur position au sein de l’Europe, qui induit de fortes influences Atlantiques sur le climat ; (2) leur gradient altitudinal, impliquant qu’une proportion significative des précipitations hivernales peut tomber sous forme de neige ; et (3) leur emplacement au Nord-Ouest de la chaîne principale des Alpes suisses, entrainant des précipitations dues à la forte orographie. Du fait qu’une proportion significative des précipitations hivernales peut tomber sous forme de neige, l’écoulement dans les bassins versants est typiquement nival-pluvial. L’équilibre entre le stock de neige hivernale, la fonte d’été et l’écoulement direct dépend principalement du gradient altitudinal des bassins versants. Ce dernier détermine la proportion de précipitation tombant sous forme de neige ainsi que combien de temps la couverture neigeuse persiste. Cet équilibre n’est pas simplement contrôlé par les précipitations hivernales totales mais aussi par la température, selon ses effets sur le stock de neige de chaque bassin versant. Plus généralement, la réponse hydrologique peut être résumé comme suit : (1) pour les bassins versants de faible altitude (< env. 800m), l’écoulement suit généralement les précipitations, bien qu’elles puissent être occasionnelles et temporairement stockées sous forme de neige, (2) pour les bassins de moyenne altitude (env. 800 m à env. 1'500 m), il y a habituellement de la neige hivernale stockée, et la fonte des neiges a généralement lieu au début du printemps ; et (3) pour les bassins versant de haute altitude, des stocks de neige conséquent peuvent avoir lieu entrainant un pique de la fonte des neiges, ce qui rend aussi l’écoulement plus tardif au printemps. A noter que ces altitudes sont indicatives et qu’elles varient selon les années en fonction des conditions prédominantes du bassin versant. Elles vont aussi varier selon l’aspect du bassin versant.

En été, dans certains bassins versants, la neige accumulée peut être suffisante pour maintenir des niveaux élevés de débit minimal. Si ce n’était pas le cas, le débit des rivières serait très faible. Il est malgré tout influencé par des événements tempétueux convectifs occasionnels. Les bassins versants de hautes altitudes peuvent contenir de très petits glaciers (en général moins de 5% de la surface du bassin) ce qui permet aussi de maintenir un faible débit durant l’été. La contribution des eaux souterraines joue aussi un rôle important pour maintenir un débit minimal.

Il y a un fort impact humain sur l’hydrologie dans la plupart des régions. Beaucoup de bassins sont exploités à des fins hydroélectriques, bien que cela concerne moins les barrages que les transferts d’eau. L’eau est extraite, puis transférée en altitude à travers des tunnels, et enfin retournée soit dans la sa rivière initiale soit dans une rivière d’une vallée voisine au travers de petite centrale hydroélectrique. Bien qu’elle soit relativement petite au niveau du stockage de l’eau, ce genre d’abstraction peut changer de manière conséquente le volume d’eau à l’intérieur d’une rivière canalisée, aussi bien qu’entrainer des problèmes de gestion des sédiments (Rédigé en collaboration avec le Prof. Stuart Lane)

Pédologie

La roche mère de la région des Alpes vaudoises est principalement calcaire, mais des schistes, granites et dolomites peuvent aussi être trouvés. Différents types de sols sont présents allant de sols bruns profond (brunisols) aux sols bruns lessivés (neoluvisols). Des sols fins reposant directement sur le substrat (lithosol) sont également observable. Ces derniers ont une plus grande influence sur la végétation.

Une pédogenèse alcaline est promue par la présence de cation et carbonates. Cependant, cette dernière peut être suivie d’une pédogenèse acide suite à la lixivation des carbonates. L’accumulation de loess post-glaciaire dans cette région accélère la transition à une pédogenèse acide. (Rédigé en collaboration avec le Dr. Carmen Cianfrani & Aline Buri)

Histoire de la médecine

Aussi loin que les documents disponibles le laissent voir, les Alpes Vaudoises constituent longtemps un exemple parfaitement représentatif de ce que toute région à la fois rurale et montagneuse présente en termes de pratiques sanitaires et médicales. Ainsi, dès le Moyen Âge, on y relève la présence de praticiens aux compétences hétérogènes, allant d’herboristes et vendeurs de drogues ambulants, de « rebouteux » détenteurs de « secrets », de chirurgiens et sages-femmes dotés d’un savoir acquis à travers un apprentissage pratique, jusqu’à quelques rares (du moins avant le 19e siècle) attestations de la présence de médecins savants, diplômés d’universités étrangères, et parfois de grand renom (comme, au 18e siècle, Albert de Haller, qui toutefois, nommé inspecteur des salines de Bex, s’établit dans la région pour d’autres raisons que médicales). L’organisation médico- sanitaire, comme ailleurs, est réglée au travers de diverses réglementations en matière d’épidémies, de commerce des médicaments ou encore de contrôle de l’activité sanitaire. Les institutions d’accueil et de soin des malades sont elles aussi à l’image de ce que l’on observe ailleurs, avec quelques spécificités géographiques : bien avant l’invention de l’hôpital moderne médicalisé au 19e siècle, on note, le long des chemins de plaine du Chablais, l’activité de petites institutions à fonction d’hospices, accueillant les pèlerins, soignant les malades, nourrissant les indigents. Cette proto-histoire médico-alpine comprend également quelques pratiques en marge de la médecine proprement dite, comme les bains thermaux connus ici ou là, mais qui – tels les bains de Lavey – ne seront véritablement exploités sur le plan médical qu’à partir du 19e siècle.

S’il faut parler d’un « essor médical » des Alpes Vaudoises, il est lui aussi contemporain du processus dit de « médicalisation de la société » observé ailleurs en Europe, qui comprend l’histoire de la transformation des médecins en un corps de professionnels homogènes (du fait d’une formation désormais unifiée accomplie dans les facultés de médecine), la subordination d’autres catégories de soignants à l’autorité médicale (comme les sages-femmes, les garde-malades), leur marginalisation voire leur interdiction légale (comme pour le vaste ensemble flou des « rebouteux ») ; ce processus s’accompagne aussi de la construction d’un système sanitaire articulé autour de l’infirmerie ou de l’hôpital médicalisé (Aigle, Château d’Oex, …), qui vise à couvrir les besoins de l’ensemble de la population, qui s’amorce dès la fin du 19e siècle et se poursuit jusqu’à nos jours.

Une particularité toutefois affecte spectaculairement l’histoire médicale des Alpes Vaudoises : l’exploitation de facteurs géo-climatiques spécifiques. En effet, à la faveur d’un mouvement sociétal et culturel de grande ampleur, la science médicale se met à considérer, dès la moitié du 19e siècle, l’air d’altitude, et plus généralement l’environnement alpin comme de puissants agents thérapeutiques, actifs contre toutes sortes de maladies, et tout particulièrement contre la tuberculose. Ce vaste mouvement va faire des Alpes Vaudoises, et de Leysin en particulier, le lieu d’une véritable industrie sanitaire, orchestrée par des promoteurs, entrepreneurs et médecins d’envergure, tel Auguste Rollier, connu dans le monde entier pour ses méthodes d’héliothérapie. Entre la fin du siècle et les années 1960, d’innombrables malades (ils pourront être plusieurs milliers à séjourner à la fois) monteront en altitude pour entreprendre des cures sanatoriales souvent de longue durée, dans de grands établissements ou de petites cliniques, qui, en plus d’être des lieux de soin et d’enseignement scientifique, constituent, si l’on peut dire, un véritable poumon économique de la région.

Après cet âge d’or de la médecine sanatoriale, interrompu assez brutalement dès les années 1950 par l’avènement d’autres méthodes et modes thérapeutiques, la reconversion ne se fera pas sans mal, certains établissements poursuivant leur vocation médicale sous d’autres formes, d’autres étant réemployés à des fins touristiques, éducatives, d’autres étant détruits ou poursuivant leur lente dégradation. La médecine, agent crucial du développement économique et des transformations sociales dans les Alpes vaudoises, continue ainsi de marquer l’architecture des bâtiments, le tissu urbain, le territoire même, et au-delà, l’histoire à la fois naturelle et culturelle des Alpes vaudoises. (Rédigé en collaboration avec le Prof. Vincent Barras)

Végétation et milieux écologiques

La région des Alpes vaudoises a une superficie d’environ 700 km2, comprenant les districts du Pays d’Enhaut, d’Aigle et une partie de la Riviera. Tous les étages de végétation (collinéen, montagnard, subalpin, alpin et nival) sont représentés dans les Alpes vaudoises où le gradient d’altitude varie entre 372 mètres (rives du Léman) et 3210 mètres (sommet des Diablerets). Les huit groupes principaux de milieux de Suisse (Delarze & Gonseth 2008) sont présent dans les Alpes vaudoises (Eaux libres ; rivages et lieux humides ; glaciers, rochers, éboulis et moraines ; pelouses et prairies ; landes, lisières et mégaphorbiaies ; forêts ; végétations pionnières des endroits perturbés par l’homme; plantations, champs et cultures).

En basse altitude, les forêts de feuillus (essentiellement des hêtraies, quelques chênaies dans les conditions les plus chaudes) côtoient les milieux anthropisés (vignobles, prairies, champs, constructions, etc.). Les forêts de moyenne altitude sont naturellement composées d’hêtres et de sapins, même si les forestiers y favorisent les épicéas. L'exploitation agricole reste importante avec beaucoup de prairies et pâturages. Plus haut, les forêts d'épicéas dominent, cette essence formant généralement la limite de la forêt. Localement, mélèzes et aroles sont présents. Les landes à rhododendrons sont fréquentes dans les surfaces peu pâturées autour de la limite de la forêt, et les brousses d'aulne vert colonisent localement les pâturages abandonnés. Au-dessus, l'étage alpin est essentiellement occupé par des pelouses alpines entrecoupées de larges surfaces d'éboulis et de rochers. (Rédigé en collaboration avec le Dr. Pascal Vittoz)

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Alpes valaisannes

Le périmètre « Alpes valaisannes » comprend l’ensemble du territoire du canton du Valais.

Le but de cette rubrique est de fournir aux personnes intéressées à travailler dans ce périmètre des descriptions thématiques générales. Ces différents descriptifs peuvent être copiés et utilisés sans aucune restriction en indiquant la source  « © UNIL, CIRM ».

Climatologie

La région des Alpes valaisannes équivalente au canton du Valais a une superficie de 5 224.25 km2 avec des altitudes comprises entre 372 mètres (Lac Léman) et 4 634 mètres (Pointe Dufour dans le massif du Mont Rose). Si on excepte le Bas Valais exposé aux afflux d’air humide d’Ouest à Nord, le reste du canton du Valais est protégé de ces afflux d’air humide par les Alpes bernoises, ainsi que de ceux du Sud-Ouest à Sud-Est par la crête principale des Alpes valaisannes. Le Valais central et le Haut-Valais bénéficient ainsi d’un climat plus sec et ensoleillé que le reste de la Suisse. Seul le Tessin est en moyenne aussi ensoleillé que le Valais.

Les températures moyennes annuelles mesurées pour la période 1981-2010 avoisinent 10 à 11°C dans la plaine du Rhône dans le Chablais et le Valais central, 2 à 3°C à 2 000 m/mer et -3°C à -4°C à 3 000 m/mer. Les températures moyennes mensuelles oscillent entre 0 et 1°C pour le mois le plus froid (janvier) et 19 à 21°C pour le mois le plus chaud (juillet) dans la plaine du Rhône en aval de Loèche. Elles varient entre -10°C et +4°C à haute altitude à 3 000 m/mer. La neige et les glaciers sont présents toute l’année sur les plus hauts sommets des Alpes valaisannes. Les fonds de vallée peuvent favoriser des accumulations d’air froid qui influencent les températures moyennes, surtout en saison froide, notamment dans la vallée de Conches et le Lötschental.

La pluviométrie varie aussi fortement en fonction de la topographie régionale et locale dans les Alpes valaisannes. Il tombe ainsi en moyenne 550 mm de précipitations par année dans l’endroit le plus sec du Valais et de la Suisse à Ackersand-Stalden, 600 à 800 mm dans la vallée du Rhône entre Martigny et Brig, ainsi que dans les vallées latérales des Alpes valaisannes, et 1000 à 1200 mm dans la vallée du Rhône dans le Bas-Valais. Les précipitations dépassent 2000 mm par an sur les sommets des Préalpes du Chablais et la crête principale des Alpes valaisannes (Grand St-Bernard) et même 3000 mm par an sur les sommets les plus élevés des Alpes bernoises.

Le régime pluviométrique est de type semi-continental avec des précipitations en moyenne plus élevées en saison chaude (orages) dans le Chablais et le versant Nord des Alpes. Mais ce maximum pluviométrique estival est beaucoup moins prononcé en Valais en amont de St-Maurice où un maximum pluviométrique plus ou moins marqué apparaît en hiver, comme dans le Jura neuchâtelois et vaudois. Il traduit une influence du climat océanique qui s’atténue quand on va en direction de l’Est et du Haut-Valais. Près de la crête principale des Alpes valaisannes et dans la région du Simplon, le régime change sensiblement avec la présence de 2 maximums pluviométriques au printemps et en automne qui coïncident avec une fréquence plus grande des afflux d’air humide du Sud-Ouest à Sud-Est depuis la Méditerranée. Ils provoquent un effet de barrage sur le versant Sud des Alpes et la crête principale des Alpes valaisannes. On retrouve là une caractéristique du climat nord-méditerranéen comme en Italie du Nord et au Tessin.

Rédigé par Jean-Michel Fallot, Institut de géographie et durabilité, FGSE

Géologie

Le canton du Valais a le privilège de voir affleurer sur son territoire une très grande variété de terrains constitutifs des Alpes. Les Alpes valaisannes sont également caractérisées par la diversité des roches qui les composent. On y trouve aussi bien des roches sédimentaires peu métamorphiques au front des Alpes que des roches profondément transformées lors de la formation des Alpes, comme par exemple dans les secteurs du Simplon, du Nufenen ou de Zermatt. Les Alpes valaisannes ont fait l’objet d’études géologiques depuis le XIXe siècle et sont d’ailleurs toujours un thème d’actualité pour les chercheurs suisses et étrangers.

Les domaines paléogéographiques qu'il est possible d'étudier dans les Alpes valaisannes débutent au nord par de la Molasse affleurant en quelques points dans le secteur du Bouveret. La rive gauche du Rhône entre Monthey et Le Bouveret est constituée d'unités tectoniques des Préalpes, transportées sur de longues distances depuis les unités penniques du versant sud du Rhône. Les zones situées en rive gauche du Rhône entre Monthey et Martigny, mais aussi la majorité des terrains au Nord du Rhône entre Martigny et Brigue, font partie du domaine helvétique et constituent les « Hautes Alpes Calcaires ». Les massifs des Aiguilles-Rouges, du Mont-Blanc et de l'Aar représentent le soubassement (le socle) de ces unités et sont constitués principalement de gneiss d'âge paléozoïque ou plus ancien. Au sud du Rhône, du Val d'Entremont, en amont d'Orsières, au Saastal affleurent les unités penniques constituées de roches sédimentaires mésozoïques, souvent associées à leur soubassement gneissique paléozoïque. Plus haut, dans la partie amont de ces vallées actuellement occupées par de grands lacs de barrage (Mauvoisin, Dix, Moiry), ainsi que dans le secteur de Zermatt, il est possible d'observer les roches qui constituaient l'océan, la Téthys, dont la fermeture est à l'origine de la formation des Alpes. Les roches qui constituaient le continent se trouvant au sud de cet océan forment actuellement les hauts sommets tels que le Mont Collon, la Dent Blanche, le Weisshorn et le Cervin.

Le Valais est non seulement un site idéal pour étudier la formation des Alpes, il permet également d'y observer les phénomènes liés à leur érosion. Rappelons que c'est dans le val de Bagnes qu'ont été faite des observations cruciales qui ont alimenté la théorie glaciaire qui concluait à un réchauffement climatique ayant fait disparaître les glaciers qui occupaient les vallées alpines dans les temps anciens.

Rédigé par Jean-Luc Epard, Institut des sciences de la Terre, FGSE

Géomorphologie

La géomorphologie des Alpes valaisannes est fortement liée à l’histoire glaciaire de la région. Au cours des différentes glaciations pléistocènes, les glaciers ont façonné le relief, dessinant l’ossature des vallées que l’on connait aujourd’hui, avec la profonde incision de la vallée du Rhône et les nombreuses vallées secondaires qui s’y raccordent de façon plus ou moins perpendiculaire.

 

La décompression générée par le retrait des grands glaciers de vallée est à l’origine de nombreuses instabilités de versant, à l’instar des tassements et des glissements – la plupart inactifs aujourd’hui – visibles le long des versants de la vallée du Rhône. Dans les vallées latérales, certains de ces glissements sont toujours actifs. C’est le cas du glissement de Moosfluh (Aletsch), qui s’est activé suite au retrait récent du glacier d’Aletsch. Les traces d’érosion glaciaire se manifestent aussi sous la forme de roches moutonnées, particulièrement présentes dans les régions cristallines comme le massif du Mont Blanc, le massif de l’Aar ou la nappe de la Dent Blanche (région Arolla-Zermatt). Si le till (moraine de fond) recouvre une grande partie des versants, les cordons morainiques des premiers stades du Tardiglaciaire sont relativement peu nombreux, du fait de la forte déclivité des pentes et de la remobilisation des matériaux par les instabilités de versant (glissements, laves torrentielles). Plus haut dans les vallées, les édifices morainiques du Dryas Récent (stade de l’Egesen) sont par contre souvent bien conservés, tout comme les moraines du Petit Age Glaciaire et les marges proglaciaires qui s’agrandissent année après année consécutivement au retrait accéléré des glaciers.

Du fait des hautes altitudes, le nombre de glaciers rocheux est important. La distribution de ces formes est cependant fortement dépendante du taux d’englacement des vallées. Dans les régions les plus élevées (région de Zermatt par exemple) ou les plus humides (rive droite de la vallée du Rhône), la tranche d’altitude favorable aux glaciers rocheux est plus réduite du fait de la présence des glaciers. Ce sont donc dans les vallées présentant des altitudes modérées et un climat relativement sec que les glaciers rocheux sont les plus nombreux, comme dans le Turtmantal ou le Val d’Entremont par exemple. Notons aussi la présence de grands glaciers rocheux fossiles qui témoignent des forts taux d’érosion qui ont prévalu durant le Tardiglaciaire.

Les conditions froides qui prévalent dans la région sont également favorables à la météorisation des parois rocheuses, phénomène qui se traduit par l’abondance des éboulis. Ceux-ci sont particulièrement développés là où dominent les hautes parois cristallines ou calcaires. Les éboulis schisteux quant à eux sont particulièrement favorables à la solifluxion, phénomène actif principalement au-dessus de 2500 m.

Tant dans la vallée du Rhône que dans les vallées latérales, de grands cônes de déjection témoignent d’une intense activité torrentielle, le système le plus emblématique étant celui de l’Illgraben. De nombreux systèmes beaucoup plus petits sont également présents dans toutes les vallées latérales, à témoin les cônes torrentiels qui reposent sur les dépôts alluviaux présents le long des vallées.

Rédigé par Christophe Lambiel, Institut des dynamiques de la surface terrestre, FGSE

Hydrologie

A l’exception de la vallée de la Doveria, qui s’écoule vers l’Italie depuis le col du Simplon, et des versants nord des cols du Sanetsch (Sarine) et de la Gemmi, l’ensemble du canton du Valais est compris dans le bassin versant du Rhône alpin, qui couvre une surface de 5244 km2, du glacier du Rhône (compris entre 3600 m et 2208 m) au lac Léman (372 m). Actuellement, le Rhône prend sa source dans un lac formé au front du glacier et barré par un verrou glaciaire. Du glacier au Léman, le Rhône parcourt 164 km, pour une pente moyenne de 0.89%, avec de grosses variations selon les secteurs. Le bassin versant a une altitude moyenne de 2127 m.

Plusieurs stations hydrométriques existent dans le bassin versant du Rhône. La plus ancienne est celle de la Porte-du-Scex, à proximité de l’embouchure dans le Léman, où les niveaux d’eau sont observés depuis 1863 et un limnigraphe a été installé en 1891. En 2015, 16 stations hydrométriques étaient en service dans le bassin du Rhône alpin, sept sur le Rhône et neuf sur des affluents. Les données sont publiées par l’Office fédéral de l’environnement dans l’Annuaire hydrologique de la Suisse.

Le bassin versant du Rhône présente un taux d’englacement élevé de 11% et compte parmi les plus grands glaciers des Alpes (Grosser Aletschgletscher, Fieschergletscher, Gorner, Corbassière). Le régime hydrologique naturel du Rhône est de type glacio-nival (à l’amont) à nivo-glaciaire (à l’aval) ; il est caractérisé par des débits importants en été et des débits faibles en hiver. Le débit annuel moyen à la Porte-du-Scex est de 180 m3/s (période 1905-2018). Le débit moyen estival et hivernal est respectivement de 263 m3/s et 97 m3/s. La mise en service des grands aménagements hydroélectriques (Grande Dixence, Mauvoisin) à la fin des années 1950 a sensiblement modifié la répartition annuelle des débits. A la Porte-du-Scex, le débit hivernal moyen était ainsi de 72 m3/s avant 1958 et de 120 m3/s après cette date. Cette augmentation des écoulements hivernaux est encore renforcée par le réchauffement actuel du climat (moins de précipitations sous forme de neige). Le volume stocké dans les lacs de barrage est évalué à 1195 millions de m3, ce qui correspond à 21% des écoulements annuels à la Porte-du-Scex. Le débit journalier maximal mesuré à la Porte-du-Scex est de 1363 m3/s le 15 octobre 2000.

Le régime hydrologique des affluents du Rhône est principalement déterminé par l’altitude moyenne des bassins versants. Le stockage sous forme solide (neige, glace) est en effet essentiel et provoque une diminution des écoulements en hiver et un pic d’écoulement durant la saison de fonte. Le type de régime est également influencé par le taux d’englacement. Les grands bassins versants englacés de la rive gauche (Vispa, Navisence, Borgne, Dranse de Bagnes) présentent des régimes de type glaciaire, tout comme la Massa (Aletsch) et le Rhône à l’amont de Gletsch, alors que les vallées de la rive droite, du Chablais et les petits bassins versants de la rive gauche (Printse, vallon de Réchy) ont des régimes à tendance nivale. Quelques petits bassins versants (Illbach) ont un régime torrentiel. La plupart des rivières ayant été aménagées pour la production hydroélectrique, le régime est influencé et nombreux sont les tronçons de rivières à débits résiduels (surtout dans les vallées latérales) ou à régime d’éclusées (surtout le Rhône).

Rédigé par Emmanuel Reynard, Institut de géographie et durabilité, FGSE

 

Végétation

Compte tenu du relief important et de leur étendue, les Alpes valaisannes présentent une très grande diversité de milieux (Delarze et al. 2015) et d'espèces. En effet, les Alpes valaisannes s'étendent de 372 m (rives du Léman) à 4631 m (Dufourspitze), couvrant ainsi la totalité des étages de végétation. De plus, elles recoupent trois régions biogéographiques.

Alpes internes occidentales : Cette région comprend la Vallée du Rhône et les vallées latérales. Elle est caractérisée par un climat à tendance subcontinentale, avec des températures élevées en été, froides en hiver et de faibles précipitations. A l'étage collinéen, les chênaies buissonnantes ont largement été remplacées par le vignoble. Dans les sites les plus secs (zones rocheuses), mais aussi en situation secondaire, les pelouses steppiques présentent une composition floristique proche des steppes d'Europe centrale (entre la Hongrie et la Mongolie). A l'étage montagnard, les pinèdes xérophiles sont naturelles, profitant des conditions trop sèches pour le hêtre. L'agriculture reste importante, avec de grandes surfaces de prairies et de pâturages, localement des cultures de plantes médicinales. Les pinèdes sont remplacées à l'étage subalpin par les pessières, puis par les forêts de mélèzes et d'aroles, qui forment la limite de la forêt. Mais ces forêts ont souvent été remplacées par des pâturages ou des landes à rhododendron. Au-dessus, l'étage alpin est essentiellement occupé par des pelouses alpines entrecoupées de larges surfaces d'éboulis et de rochers. La diversité géologique des Alpes permet la présence de tous les milieux alpins présents en Suisse (pelouses calcaires sèches, pelouses calcaires fraiches, gazons des crêtes ventées, pelouses rocheuses acides, pelouses acides de l'étage alpin supérieur, combes à neige, ...). Finalement, l'étage nival est très présent, avec une végétation limitée à des plantes isolées, dans les situations les plus favorables, avec un record à 4507 m (Saxifraga oppositifolia sur le Dom).

Versant nord des Alpes : Cette région comprend le Chablais, entre St-Gingolph et le col du Grand St-Bernard, et elle est caractérisée par des températures plus fraiches et d'importantes précipitations. A l'étage collinéen, les forêts sont dominées par les hêtraies, qui côtoient les milieux anthropisés (prairies, champs), avec des tillaies ou des érablaies dans les pentes raides. A l'étage montagnard, le hêtre et le sapin prennent la place, mais ils sont souvent dominés par l'épicéa, préféré par les forestiers. L'exploitation agricole reste localement importante avec des prairies et pâturages. Les pessières dominent l'étage subalpin, formant la limite de la forêt, bien qu'elles aient été souvent remplacées par des pâturages, des aulnaies vertes ou des landes à rhododendron. Les étages alpin et nival sont comparables aux Alpes internes, avec une dominance des roches calcaires au nord de Martigny et des roches siliceuses au sud.

Versant sud des Alpes : Cette région est très réduite, couvrant uniquement le versant sud du Simplon (Simplon-Dorf, Gondo). Les températures sont douces mais les précipitations très importantes toute l'année. Toute la région est dominée par les roches siliceuses. L'étage montagnard est couvert de hêtraies acidophiles, qui font place aux pessières à l'étage subalpin, l'épicéa étant accompagné du mélèze à la limite supérieure des forêts. L'agriculture est maintenant très marginale dans cette région. Les étages alpin et nival sont comparables aux Alpes internes, mais seuls les milieux acidophiles sont représentés.

Rédigé par Pascal Vittoz, Institut des dynamiques de la surface terrestre, FGSE

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