Descriptif et programme du colloque
Université de Lausanne, 16 décembre 2011, Unithèque 4215
A l’instar de la phonographie et de la téléphonie au tournant du XXe siècle, certaines technologies numériques de communication qui se sont généralisées entre la fin du XXe siècle et le début du XXIe semblent avoir passablement modifié l’expérience quotidienne du temps et de l’espace. Ayant pour objectif de proposer une réflexion sur les implications des « nouvelles » technologies (téléphonie mobile, télésurveillance par satellite, chat…), ce colloque entend examiner certains principes qui sous-tendent les cadres de référence dans lesquels ces technologies ont été pensées ainsi que la manière dont leurs usages sont représentés au sein de divers types de films. Quelles valeurs leur sont associées (y compris dans leur portée idéologique), quelles fonctions leur sont conférées, dans quel contexte (politique, social, culturel,…) s’inscrivent-ils ? On se demandera en particulier si (et dans quelle mesure) cet ensemble de référents affecte en propre le discours audiovisuel en termes de structure narrative, d’assignation d’une place au spectateur, d’organisation spatiotemporelle, de « montage » (au sens large), voire sur le plan des modalités d’utilisation de ces mêmes technologies dans le processus de fabrication du film ou dans le dispositif de projection. Ces phénomènes seront appréhendés en fonction de deux axes qui nous paraissent se dessiner dans le cinéma contemporain: d’une part, lorsque les technologies de télécommunication postulent un point d’émission unique et une communication unilatérale, elles tendent à être construites par les discours filmiques comme l’instrument d’un contrôle social, notamment en raison de la massification de la diffusion qu’elles supposent ; d’autre part, dans un contexte où l’interactivité favorise le développement d’une « oralité médiatisée » (au sens de Paul Zumthor), elles font généralement l’objet d’une appropriation individuelle.
Au gré d’allers-retours entre les films et diverses formations discursives, ce colloque se propose notamment de souligner combien les technologies numériques, loin de constituer d’absolues nouveautés, convoquent fréquemment des paradigmes plus anciens qu’elles reformulent (ou simplement reconduisent) en fonction d’enjeux ou de contextes actuels. Ainsi, certaines recherches portant sur l’archéologie ou l’histoire culturelle des médias de communication (entre autres les travaux de Friedrich Kittler, Jan Olsson ou William Uricchio) offrent des pistes de recherche stimulantes en vue d’appréhender les médias digitaux à l’aune de leur inscription dans des filiations qui demeurent encore à construire sur le plan épistémologique.
L’un des objectifs du colloque consiste à souligner toute la variété des types de productions concernées par cette problématique : les films considérés peuvent appartenir à diverses productions nationales et à des genres filmiques comme la comédie, le film d’action, le film policier, le drame, l’horreur ou le fantastique, sans oublier le documentaire ou le film-essai.