Venise et la France. Similitudes, spécificités, interrelations (1300-1800)
Lundi 30 et mardi 31 mai 2022
UNIL, Château de Dorigny, salle 106.
Journées d'études organisée par la FDi (resp.: Alberto Roncaccia). Comité doctoral: Enrico Castro (Section d'italien), Aris Della Fontana (Section d'histoire) et Enea Pezzini (Section d'italien).
Problématique
À partir de la fin du Moyen Âge et tout au long de l’époque moderne, Venise et la France – deux entités particulières de la constellation européenne – entretiennent des relations constantes et multiples. D’un point de vue linguistique, il suffit de penser à la langue franco-vénitienne, une véritable Mischsprache qui a caractérisé le nord de l’Italie entre le XIIIe et le XVe siècle. D’ailleurs, la littérature vénitienne naît loin de Venise, comme le démontre le troubadour vénitien en langue d’oc Bertolomè Zorzi, le Livre des merveilles du monde de Marco Polo écrit dans la langue d’oïl, ou encore la chronique de Venise écrite en français par Martin Canal. De plus, la dimension de la diplomatie révèle elle aussi que les contacts franco-vénitiens, fluctuants et de nature diverse, ont été extrêmement importants au cours des siècles. On peut également se rappeler qu’il y a eu entre Paris et Venise des échanges intellectuelles denses et prolongés, à l’exemple des écrivains et des poètes français, mais aussi des experts de l’art et de l’imprimerie, attirés à Venise par la culture humaniste florissante entre la seconde moitié du XVe siècle et le milieu du XVIe siècle. Pendant le XVIIIe siècle les rapports deviennent encore plus fréquents et étroits, comme le démontrent par exemple le nombre très élevé de gallicismes qui entrent dans la langue vénitienne au cours du siècle; mais également la déclinaison particulière que la réception de la physiocratie et plus généralement des idées des Lumières assume à Venise ; ou encore l’importance de la mode française à Venise (la poupée de France – la piavola – devient le prototype auquel les femmes vénitiennes doivent se conformer).
L’objectif d’une rencontre des spécialistes de différents domaines d’études – histoire, histoire de l’art, littérature, linguistique, etc. – vise à documenter la singularité des relations franco‑vénitiennes avec des approches interdisciplinaires qui peuvent saisir, en termes comparatifs et croisés, la logique et le sens profond de cette agglomération multiforme d’expériences, à savoir ses moments forts et ses aspects récurrents.
Dans cette perspective, le comité d’organisation de la journée d’étude sollicite (indications non limitatives):
- Des analyses d’une ou plusieurs sources (écrites, iconographiques, matérielles) à travers lesquelles s’articulaient concrètement les relations franco-vénitiennes.
- Des éclairages sur les biographies des personnages (voyageurs, diplomates, exilés, écrivains, artistes, etc.) qui ont contribué à animer et à tisser ce dialogue.
- Des relations qui traitent de certains événements et/ou dynamiques capables de représenter de manière significative un chapitre de cette aventure transalpine.
- Des méthodes d’investigation du système-langue issu de la relation entre les deux communautés, avec des approches synchroniques ou diachroniques, afin de mettre en évidence de nouvelles pistes d’analyse en termes d’histoire linguistique interne ou externe.
Parmi les nombreuses pistes d’investigation figurent par exemple (indications extensibles):
(a) L’expérience parisienne de Carlo Goldoni; (b) les Vénitiens écrivant en français; (c) les manuscrits français à Venise; (d) l’efficacité ou non des outils d’analyse linguistique franco-vénitienne; (e) les temps et les formes de contact linguistique (du Franco-Vénitien à la gallomanie du XVIIIe siècle); (f) les contacts linguistiques entre le français et le vénitien dans l’Orient latin; (g) les modes et les coutumes françaises à Venise; (h) les diplomates vénitiens à Paris et les diplomates français à Venise; (i) la circulation des idées au XVIIIe siècle; (l) le marché de l’art entre Venise et Paris; (m) la réception française des peintres vénitiens; (n) Venise et la France dans les guerres d’Italie; (o) Les musiciens vénitiens à Paris au XVIIe siècle; (p) le rôle et la place de Venise dans le Grand Tour des jeunes européens; (q) les similitudes et les différences sur la relation avec l’Église de Rome (religiosité, culte des saints, débats théologiques); etc.
Nous avons le plaisir d’annoncer que la journée d’études sera introduite par une lectio magistralis donnée par Mario Infelise, professeur ordinaire d’histoire moderne à l’Université Ca’ Foscari de Venise.
Les communications peuvent être tenues en français, anglais ou italien et dureront 20 minutes environ, avec une dizaine de minutes de discussion commune. Ensuite, ces interventions pourront être soumises par écrit en vue de la publication d’un volume collectif.
Agenda
Les propositions (fra / eng / ita) sont à envoyer par des doctorant·e·s et des jeunes chercheur·e·s avant le 10 février 2022 à: venisefrance.unil@gmail.com, avec copie à fdi@unil.ch. Nous vous remercions d’y indiquer votre Université, unité de rattachement, ainsi qu’un titre, un descriptif d’env. 1500 caractères espaces compris, et une bibliographie sélective.