Les mondes de la musique de Bullerengue et de Gaita : le travail des musicien·ne·s des Caraïbes colombiennes à la scène de la World Music en Suisse
Les musiques dites « traditionnelles » de Gaita et de Bullerengue originaires de Colombie sont passées, au cours des quarante dernières années, d'une situation d'invisibilité, à leur marginalisation, pour ensuite devenir un produit culturel destiné à l'exportation, et un discours de fierté nationale, ainsi qu’une source d'influence pour le travail des musicien·ne·s colombien·ne·s sur les scènes musicales internationales (García Orozco, 2016). L’enjeu principal de cette recherche doctorale sera justement de s’intéresser aux dynamiques et pratiques qui interagissent au sein du « monde de l’art » (Becker, 1988) de la musique de Gaita et du Bullerengue dans différents contextes locaux et transnationaux.
Avec l’ambition d’explorer le travail des musicien·ne·s dans ces contextes, cette recherche placera l’analyse au niveau des acteurs et de leurs interactions, grâce à une ethnographique multi-située et itinérante menée dans la région Caraïbe en Colombie, berceau de la Gaita et du Bullerengue; à la capitale Bogotá, épicentre de l'industrie musicale nationale et lieu central au développement des carrières musicales; finalement, sur la scène internationale de la World Music, plus précisément en Suisse.
Partant d’une approche interactionniste proposée par Howard S. Becker (1982) pour analyser le travail artistique comme une activité collective, la thèse explorera les faisceaux d’activités autour desquels se constitue, s’organise et se développe le « monde de l’art » de la Gaita et du Bullerengue. Cette recherche explorera divers questionnements relevant de la sociologie du travail ainsi que l'ethnomusicologie afin d’enquêter le fait musical, les différents espaces sociaux investis par les acteurs, ainsi que les productions discursives et les pratiques symboliques associées mobilisées par les musicien·ne·s en vue de justifier et définir leurs pratiques musicales.