« Devenir, être et avoir été » un footballeur camerounais
La médiatisation grandissante des rencontres de football des meilleures équipes européennes, au sein desquelles s’illustrent des joueurs africains, fait rêver une multitude de jeunes qui voient dans ce sport un moyen efficace d’atteindre l’Europe. La réussite d’une minorité masque néanmoins le fait qu’une carrière de footballeur professionnel soit courte et nécessite une re-conversion, en plus d’être très sélective. Ce travail de doctorat porte précisément sur l’après-carrière de ces footballeurs, en focalisant l’intérêt sur le Cameroun. Je cherche à comprendre comment ces footballeurs construisent leur devenir, sur le plan professionnel, mais aussi de manière plus large sur le plan social, que cela soit en Europe, en Afrique ou entre les deux.
Jusqu’à présent, la thématique de l’après-carrière des sportifs d’élite a essentiellement été étudiée sous l’angle de la psychologie sociale. Les rares travaux en sociologie se sont avant tout centrés sur des sportifs européens et nord-américains. Par conséquent, peu de recherches ont pris en compte les éléments socio-culturels qui permettent de comprendre l’après-carrière des sportifs. Basé sur des entretiens semi-directifs et de l’observation, ce présent travail s’inspire de la sociologie des carrières, et s’articule avec les concepts de socialisation et de conversion et tient compte des caractéristiques socio-anthropologiques des milieux dans lesquels les joueurs grandissent, évoluent professionnellement et enfin dans lesquels ils cherchent à se construire une nouvelle vie.
Mes premiers résultats ont montré que la question de l’après-carrière était perçue par les joueurs comme un déclassement. L’embarras suscité par mes questions m’a permis d’identifier un « déni » des difficultés de « retraite sportive ». La découverte de toute une série de constructions d'espoirs à la fois individuels mais aussi collectifs vient expliquer la difficulté de sortir d'une carrière de football et les stratégies mises en place par les joueurs pour continuer de faire valoir leur grandeur « en interne ».
