Besozzi Roberta

Les personnes formatrices d'apprenti·e·s en entreprise : parcours professionnels et rapports à la fonction en Suisse romande

La formation professionnelle est la filière post-obligatoire la plus fréquentée en Suisse : deux tiers des jeunes optent pour la formation professionnelle à la suite de l’école obligatoire, parmi lesquel·le·s environ 80 % choisissent le système dual (SEFRI, 2016). Dans ce système, géré conjointement par la Confédération, les cantons et les organisations du monde du travail, les entreprises occupent une place importante. La formation se déroule en effet en alternance entre des cours théoriques en école professionnelle et une formation pratique effectuée sous la responsabilité des formateurs et formatrices en entreprise. Le rôle de ces personnes formatrices est fondamental. Cependant, leur rapport subjectif à la fonction a rarement fait l’objet d’études.

Réalisée dans le cadre de la recherche « Les formateurs et les formatrices en entreprise, personnes-clefs de la socialisation professionnelle », soutenue par le FNS et dirigée par Baumeler, Lamamra et Schweri (FNS100017_153323), cette thèse vise à combler ce vide au travers de l’appréhension des différentes trajectoires qui ont amené ces personnes à occuper cette fonction, mais aussi des multiples manières qu’elles ont de l’investir et du rapport qu’elles entretiennent avec celle-ci.

Le dispositif méthodologique à la fois qualitatif et compréhensif (Schnapper, 2012) a donné lieu à huitante entretiens semi-directifs menés auprès de personnes formatrices en entreprise en Suisse romande, afin de recueillir leur parcours professionnel subjectif. En complément, 35 observations du quotidien de ces personnes ont été effectuées sur le modèle du shadowing, ainsi que quatre focus groups avec 28 autres personnes formatrices. Enfin, le cadre législatif fédéral et cantonal qui entoure l’activité de la population d’enquête, mais aussi les règlements d’entreprise et les données statistiques cantonales, ont été récoltés afin de définir le contexte institutionnel et organisationnel d’exercice de la fonction.

Ces données ont ensuite fait l’objet d’une analyse typologique des rapports que les personnes formatrices entretiennent à leur fonction (Demazière, 2013). Cette démarche analytique a fait émerger quatre idéaux-types : les « entrepreneur·e·s de soi », les « garant·e·s du métier », les « reconverti·e·s » et les « résigné·e·s ». Au travers de l’analyse comparée de ces quatre types idéaux, cette thèse met en lumière divers modèles de formation en entreprise et éclaire certains enjeux majeurs du système suisse de formation professionnelle.

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